Les Français sont depuis l’été la risée du monde avec leurs débats sur le burkini, qui cessent à l’approche du froid. L’on n’a pas encore imaginé des lois saisonnières, mais cela viendra. Bientôt Noël, ce sont les crèches qui préoccupent les politiciens et les médias. L’on veut nous forcer à admettre que les crèches ne sont pas des représentations religieuses, qu’elles ont leur place dans des édifices publics civils et que, de toutes façons, « nos racines sont judéo-chrétiennes ».
Eh bien, non. Je suis français et je ne me sens pas des racines judéo-chrétiennes, ni musulmanes d’ailleurs. Entendez-moi, je ne suis pas un adversaire acharné des religions, surtout lorsqu’elles prêchent la paix, mais je ne laisserai pas d’autres dire à ma place que mes racines sont chrétiennes. L’un, défenseur des curés instructeurs, parle de « nos ancêtres les Gaulois », mais les Gaulois n’étaient pas chrétiens, que je sache. Nos lointains ancêtres étaient africains de religion inconnue. Un autre veut retrouver ses racines musulmanes. C’est toujours la même chose. On chosifie son identité, comme si elle résidait dans le camembert, les frontières nationales, le steack hallal, la religion chrétienne ou musulmane. On part faire le jihad pour retrouver ses racines, on manifeste contre le mariage pour tous. Cela évite de penser.
Jamais on n’a autant parlé d’identité en France, mais jamais on n’en a moins eu. La vérité est que les habitants de ce pays n’ont plus confiance en eux-mêmes ni en leur langue, leur littérature, leur culture. Pétrifiés devant la réalité et les inévitables difficultés du monde, ils veulent baisser le rideau, s’enfermer dans un impossible cocon, et attendre quoi ?
J’aime la France, Montaigne, Bach, Lao Tseu, Martin Luther King et le fromage. Mais qu’on ne me dicte pas qui je dois être ni quelles doivent être mes racines.
Allons, Français, un peu d’audace et de courage. Ce ne sont pas les politiciens qui vous transformeront, mais vous-mêmes.