Sous-titre : « sûreté nucléaire en phase terminale ?»
Le portail de l’ASN , l’Autorité de Sûreté Nucléaire française ressemble à l’eau (lourde) qui dort :
« L’ASN assure, au nom de l’Etat, la réglementation et le contrôle du nucléaire pour protéger le public, les patients, les travailleurs et l’environnement. Elle informe les citoyens. » ainsi que « Son ambition est d'assurer un contrôle du nucléaire performant, impartial, légitime et crédible, reconnu par les citoyens et qui constitue une référence internationale.»
Présentant ses vœux à court terme à la presse, ce 18 janvier, le président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire française (ASN) Pierre-Franck Chevet a déclaré :
« Concernant les installations nucléaires, il y a un an, le contexte était préoccupant à moyen terme.
Si je devais résumer ma pensée aujourd'hui, je dirais que le contexte est préoccupant. J’enlève ‘‘à moyen terme’’ ».
Pour qu’un responsable de la sécurité nucléaire française tienne ce discours devant le monde entier, il faut vraiment que la situation soit en phase terminale, en ne craignant plus la décrédibilisation de la filière d’exportation mondiale.
Et c’est ainsi toute une collection de dysfonctionnements qu’a détaillées M. Chevet :
« Tout d’abord, nous sommes entrés dans une période d’enjeux sans précédent en matière de sûreté »
La notion d’enjeux recouvre certes « La prolongation des réacteurs nucléaires qui arrivent vers leurs 40 ans »
mais aussi « les installations du cycle du combustible [extraction, etc. ]ou de recherche qui sont en majorité anciennes »
complétée par « Tous les chantiers de construction de grandes installations sont confrontés à des difficultés ou retards (RJH, ITER, EPR, etc.). »
Mais l’on apprend que nombreux sont les dysfonctionnements survenus en 2016 :
« des difficultés industrielles, sans enjeu de sûreté, à l’exception du problème rencontré sur la cuve de l’EPR »
« Les anomalies techniques similaires à celle de la cuve de l’EPR ont été détectées sur certains générateurs de vapeur des réacteurs d’EDF. »
Les médias nous ont certes appris que 12 réacteurs sur 58 ont été arrêtés au début de l’hiver !
L'analyse du Président de l'ASN est hallucinante, c’est-à-dire tellement improbable que j’ai vérifié l’authenticité du site :
https://www.asn.fr/Informer/Actualites/La-situation-en-matiere-de-surete-nucleaire-et-de-radioprotection-est-preoccupante , site pourtant « sécurisé »:
« C’est probablement la trace d’une perte de pratique et d’expérience dans le domaine.» dit-il.
Son analyse porte également sur les plans financier, économique et sociétal qui concernent l’État au premier chef :
« Les industriels sont toujours dans une situation financière, économique et budgétaire extrêmement difficile, alors qu’ils sont confrontés à des enjeux très significatifs. »
75 000 000 000 € de chiffre d’affaires, 78 % de nucléaire pour EDF.
La loi prévoit un seuil minimum détenu par l'État de 70 % pour EDF : alors que l'entreprise était un établissement public national à caractère industriel et commercial (EPNIC) depuis 1946, elle est devenue une société anonyme le 9 août 2004 et a encore changé de statut le 19 novembre 2004, devenant une société anonyme à capitaux publics, avant d’introduire 15 % de son capital à la Bourse de Paris le 21 novembre 2005.
En décembre 2015, le groupe détenait une dette de pratiquement un milliard d’euros (994 000 000 €) alors que le résultat net était de 1,401 milliards, en recul de 63% par rapport aux quatre précédentes années au moins (ce site ne publie pas plus antérieurement).
Quant à AREVA, le bilan est encore plus catastrophique :
2012 2013 2014 2015
-74 000 000 -423 000 000 -4 845 000 000 -2 036 000 000
http://www.boursorama.com/bourse/profil/profil_finance.phtml?symbole=1rPEDF
Mais là où cela devient monstrueux et révoltant, ce sont les fraudes de long terme que dénonce M. Chevet pour l’ASN (et l’État) :
« Concernant les irrégularités constatées au Creusot, M. Chevet a souligné que « certaines irrégularités sont des écarts mineurs, d’autres peuvent s’apparenter à des « falsifications » (sic) ». « L’ASN a demandé à Areva que la revue de toutes les pièces fabriquées par le passé au sein de Creusot Forge soit menée à son terme.» « Ce sujet est absolument majeur. A noter, en avril 2016, la mise en évidence de la pratique dite des ‘‘ dossiers barrés ’’ qui datent du début des années 1960. »
Et il faut bien sentir l’urgence du propos de M. Chevet - au collège duquel a été attachée Mme Sylvie Cadet-Mercier, par décret du Président de la République daté du 21 décembre 2016, laquelle exerçait les fonctions de « directrice des Systèmes, des nouveaux réacteurs et des démarches de sûreté au sein de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) depuis 2012. »
Cela fait suite aussi à un incident / accident (le saura-t-on précisément un jour ?) qui s’est produit le 19 octobre 2016, que M. Chevet ne mentionne pas spécifiquement,
« Le 24 octobre 2016, EDF fait état d’un rejet incontrôlé de produits radioactifs à l’atmosphère. La fuite concerne l’unité n°1 de la centrale nucléaire de Golfech. Elle aurait duré 2 mn et provoqué le dépassement du seuil d’alerte (4 millions de becquerels par mètre cube) . […] EDF attend 48h pour déclarer le rejet à l’ASN et 5 jours pour informer le public. » http://criirad.org/installations-nucl/golfech/CP-CRIIRAD-2016-10-26-Golfech-rejetsradioactifs.pdf
« Des éléments de réponse nous sont enfin parvenus au bout d’un mois, le 25 novembre 2016, par courrier recommandé avec accusé de réception. Ne pouvant se soustraite à l’obligation de transmettre ces informations, EDF a cependant assorti sa communication de restrictions totalement abusives. Le courrier adressé à la CRIIRAD se termine ainsi :“ Les informations transmises dans le présent courrier restent la propriété exclusive d’EDF. Leur transmission, sous quelque forme que ce soit, en tout ou partie, est soumise à notre autorisation préalable. Leur réutilisation est interdite.” »
http://criirad.org/installations-nucl/golfech/CP-CRIIRAD-2016-12-01-Golfech-rejetsradioactifs.pdf
Si les statuts de l’ASN prévoient une… information du citoyen, EDF semble être plutôt soucieux de confidentialité !
Pour que ces analyses engagent une politique pratique, l’ASN publie ainsi, dans son numéro 201 du 5 janvier dernier :
« Les enjeux auxquels l’ASN doit faire face sont sans précédent. Pour y répondre, l’ASN adapte ses modes d’actions en les proportionnant aux risques associés. Dans ce contexte complexe, la gestion des situations d’urgence constitue un axe majeur de réflexion pour tous les acteurs.
En 2016, une campagne d’information et de distribution de comprimés d’iode aux riverains des centrales nucléaires a mobilisé de nombreux acteurs. Il conviendra dans les années à venir de préparer les prochaines étapes de cette campagne d’information dans le périmètre nouvellement défini de 20 km autour de ces installations. C’est une mesure majeure pour les années à venir. »
Déjà, le 23 décembre 2016, des envois postaux aux frais d’EDF étaient adressés « aux particuliers ne les ayant pas retirés » (après recensement)
https://www.asn.fr/Informer/Actualites/Comprimes-d-iode-Bilan-au-20-decembre-2016
« Depuis janvier 2016, si vous habitez près d'une centrale nucléaire, vous avez dû recevoir un bon pour retirer des comprimés d'iode en pharmacie. Ces distributions ont lieu tous les sept ans, soit la durée de validité de l'iode. Ainsi, 400.000 foyers situés dans un rayon de 10 kilomètres autour des centrales sont concernés. »
15 février 2016 http://www.francetvinfo.fr/sante/prevention/risque-nucleaire-nouvelle-campagne-d-information-et-distribution-de-comprimes-d-iode_1242578.html
Et comme si la coupe n’était pas pleine, la veille : le 19/01/2017, l’ASN informait qu'elle « a adopté le 6 décembre 2016 la décision n° 2016-DC-0578 relative à la prévention des risques résultant de la dispersion de micro-organismes pathogènes (légionelles et amibes) par les installations de refroidissement du circuit secondaire des réacteurs nucléaires.
[Car] du fait des débits et volumes d’eau importants mis en jeu dans les tours aéroréfrigérantes des centrales nucléaires, certaines exigences applicables aux autres industries conduiraient à un impact environnemental des traitements biocides trop important. Aussi, certaines dispositions ont été adaptées.»
https://www.asn.fr/Informer/Actualites/Prevention-des-risques-resultant-de-la-dispersion-de-microorganismes-pathogenes
A propos, j’ai titré aussi pilules d’anti-dépresseurs… je blaguais : les Français en prennent déjà trop !
Mais vous pouvez vérifier sur cette carte, sans compas : rien qu’avec le code postal, (c’est gratuit… réglé par un robot logiciel) si vous avez quelque raison de consulter votre médecin :
http://www.distribution-iode.com/
Billet de blog 22 janvier 2017
Prendre la pilule … d'iode ou des anti-dépresseurs ? selon le président de l'ASN
Présentant ses vœux à court terme à la presse, ce 18 janvier, le président de l'Agence de Sécurité Nucléaire française (ASN) Pierre- Franck Chevet a déclaré : « Concernant les installations nucléaires, il y a un an, le contexte était préoccupant à moyen terme. Si je devais résumer ma pensée aujourd'hui, je dirais que le contexte est préoccupant. J’enlève ‘‘à moyen terme’’ ».
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