« Du côté de chez MOMO »
Jean-Baptiste Poquelin compte parmi les piliers de la culture française et nul élève ne saurait le méconnaître. Son œuvre est d’autant plus actuelle qu’elle entremêle l’expression spontanée, ancrée dans les relations humaines authentiques et une critique acérée du sous-bassement social, sociétal et politique. Toujours portés par l’expression théâtrale, ces regards décentrés et affûtés conservent aujourd’hui encore leur nécessité dans le monde qui est le nôtre, même à quatre siècles de distance.
Toutefois l’accès à l’écriture en alexandrins réclame l’attention, la vigilance et l’envie de connaître : la pensée y est vive, les rapports humains sont toujours complexes.
Tendre un pont de cordes temporel, et renouer les langages par-delà les époques, c’est le geste que porte Le Théâtre du Jeu, qui s’est attaché à inviter “Momo” du côté de chez nous et à déclarer tout de go :
« pour Momo, je kiffe ! »
Pour le coup, la surprise est au rendez-vous :
Valérie Pivert, Michel Gomez et Pierre Hossein prennent possession de la scène et des miroirs culturels à bras le corps, à corps perdu parfois – le rire fuse dans le parterre – et les personnages,Le Malade imaginaire hypocondriaque du XXIème siècle ouL’Avare, se campent avec fatuité devant nous ; Scapin tel un loubard de la zone, se rebiffe sous nos yeux, s’opposant à desintérêts égoïstes aux échos bien actuels.
Ainsi s’enchaînent les jeux de funambules, entreles dodécasyllabeset l’expression des quartiers, dans un même élan d’enthousiasme et de vitalité communicative.
La musique est aussi un personnage à part entière : la guitare électrique n’hésite pas à s’immiscer dansla musique baroque puis à convoquer Lully, en personne, sur scène ! Le courtisan du Roi-Soleil est alors emporté dans ce tourbillon superbe, ce grand écart intemporel.
L’humour est à tous les étages, et si la spontanéité du texte semble relever de l’improvisation, ne nous y trompons pas : Corinne Marsollier, par sa mise en scène, a su jouer de nos perceptions en vivifiant le texte bien ciselé de Michel Gomez, aux citations judicieuses.
Le plus : deux adolescents, sur les traces de Marty McFly, se sont introduits dans la faille spatio-temporelle de ce Retour vers le Futur et semblent côtoyer Momo avec délectation… mais détermination.
Pièce trop Kawaï à surkiffer dans tous les collèges de Bigorre et d’ailleurs. Lol !
Alain Bonneau
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La pièce a eu un franc succès au Théâtre des Nouveautés de Tarbes le samedi 17 décembre 2016
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Contact : Théâtre du Jeu 05 62 44 39 69