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Billet de blog 17 janvier 2014

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Poker chez les bookmarkers : quels enjeux ?

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

PMU, Betclic, Bwin, Unibet : autant de noms de bookmakers évoquant tout sauf le poker. Pourtant, l’internaute novice en paris sportifs désireux de placer quelques mises sera surpris, en se rendant sur la page d’accueil de chacun des sites, de voir mis en avant les derniers tournois de poker (Unibet, Bwin, Betclic), ou la récente application de poker pour iPhone (PMU).

Après tout, ces deux domaines n’ont-ils pas a priori rien à voir ? Qu’un géant du turf devienne un site incontournable des paris sportifs, soit ; mais pourquoi empiéter sur le terrain de Winamax et PokerStars, les leaders du poker en ligne en France selon PokerScout ?

Outre la question de la légitimité, qui se pose naturellement, celle de l’impact sur les joueurs, moins évidente, demeure centrale.

Du foot au poker

On pourrait par exemple se demander pourquoi choisir de se diversifier dans le poker au lieu de se concentrer d’abord sur l’offre de paris sportifs, qui pourrait s’étoffer notamment en ciblant la niche des sports marginaux, encore largement sous-représentés. La réponse est très simple : malgré une baisse tendancielle des mises en cash-game ces dernières années, il n’empêche que ce jeu reste très populaire et que le potentiel du marché est bien au rendez-vous.

PMU l’a bien compris et en à peine 2 ans, à grands renforts de mise en avant sur son site auprès des turfistes et des parieurs, il est devenu le 3ème plus grand acteur du poker en ligne en France. Certes, une présence sur le réseau Bwin-Party aura été indispensable au développement de la room, qui n’aurait pu parvenir qu’avec de très grandes difficultés à un tel résultat si elle avait développé un logiciel en propre comme Winamax ou PokerStars. La FDJ avec Barrière Poker l’avait tenté, avant de devoir finalement fermer boutique…

Betclic s’est lui appuyé en toute logique sur l’expertise d’Everest, les deux marques appartenant à Betclic Everest Group. Avant la régulation du marché de 2010, elle passait pour être la salle préférée des Français. Si tel n’est plus le cas aujourd’hui, elle recèle néanmoins un réel potentiel et des parieurs sportifs venus de Betclic voulant s’essayer aux tapis verts ne peuvent qu’accentuer son développement ; sans compter l’attrait que peut revêtir pour eux un code promo Betclic Poker pour toucher un bonus…

C’est que le sport et le jeu de cartes ne sont pas si éloignés qu’ils en ont l’air. D’ailleurs, c’est le célèbre Tony Parker, ambassadeur de la room de Betclic, qui y accueille les mordus de sport. Nombreux sont de manière générale les sportifs à s’adonner à ce jeu, par exemple Dhorasoo ou Barthez. Adrénaline, gestion du stress, analyse et gestion de bankroll sont autant de qualités qui devraient être communes aux parieurs comme aux joueurs de poker. En faisant appel à celles-ci, un bookmaker peut tout à fait séduire un parieur régulier, surtout s’il lui propose un bonus de bienvenue attractif et quelques freerolls (tournois de poker gratuits) pour se faire la main.

Les conséquences pour les joueurs

Deux cas de figure se présentent :

  • Les débutants au poker qui profitent d’un passage chez leur bookmaker pour taquiner les tapis verts
  • Les joueurs de poker avertis qui s’inscrivent sur une nouvelle room

Dans les 2 cas, que se passe-t-il ? Le niveau moyen des joueurs sur une salle de poker d’un site comme Bwin est généralement faible, et pour tout dire «un vivier de fishs » (joueurs débutants que les chevronnés prennent un malin plaisir à plumer). Celui qui parie sur son équipe de foot et qui vient accessoirement faire un ou deux tournois est à peu près sûr d’y perdre son argent. Cela vaut notamment sur les réseaux mêlant pures rooms de poker et sites de paris. Par exemple, un joueur de Betclic pratique le poker avec ses pairs mais aussi avec ceux venus d’Everest, théoriquement plus aguerris.

Une grande masse commune de joueurs pourrait tendre à diluer la chose, de sorte que la proportion de « grinders » (bon joueurs) pourrait être la même que sur Winamax par exemple. Mais en réalité, elle demeure plus faible en quantité mais bien plus agressive : la majorité des joueurs sont des parieurs, et les grinders le savent pertinemment  et peuvent s’acharner sur eux. Mieux aurait valu s’investir dans les stratégies de poker au lieu de se lancer entre deux paris en jouant sagement sur PokerStars…

En outre, le poker reste dans l’esprit de nombreuses personnes la promesse de grosses sommes d’argent, à l’image des bonus de bienvenue 5 fois plus importants que pour le pari sportif ou hippique (500€, contre 100€ en moyenne). Un tournoi de poker promet généralement plusieurs milliers voire dizaines de milliers d’euros, bien plus qu’un pari sportif habituel. Le joueur non averti se lançant dans le poker par opportunité, ayant vu que son bookmaker lui propose un beau bonus et un tournoi du dimanche soir à 60 000€ garantis, ne risque-t-il pas de s’illusionner en vain ?

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