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Billet de blog 11 juin 2015

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les allumeuses

Parmi les sujets sociétaux qui fâchent et qui mettent le politiquement correct à l'épreuve, le sexisme occupe une place de choix. En effet, comment occulter les siècles de répression machiste encore vivace et oser défier le discours convenu qui dénonce exploitation sexuelle, inégalité salariale, violence physique et harcèlement permanent ? 

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Parmi les sujets sociétaux qui fâchent et qui mettent le politiquement correct à l'épreuve, le sexisme occupe une place de choix. En effet, comment occulter les siècles de répression machiste encore vivace et oser défier le discours convenu qui dénonce exploitation sexuelle, inégalité salariale, violence physique et harcèlement permanent ?

Défions-le au risque de recevoir une mise en garde de la nouvelle modération pour cause de manque de modération et rébellion à l'autocensure: comme Julian Assange pourra le confirmer, la contrition dont font preuve certains pays pour surmonter ce sombre passé patriarcal comme ceux de Scandinavie les font verser dans l’excès inverse: tout faux-pas masculin se voit gravement pénalisé, conférant de la sorte aux femmes un pouvoir considérable. Si la prétendue théorie du genre a mauvaise presse à gauche, c'est qu'elle sert d'épouvantail aux conservateurs dont le discours tend à reproduire la domination masculine par l'argument des différences physiologiques observables. Fort bien, mais alors il faudrait écarter d'un revers de la main lesdites différences ?

L'homme est un monstre qui n'en fait que d’après sa queue. Moravia qui n'est certes pas une référence haut de gamme mais dont le récit peut être assimilé à un témoignage, décrivait le dialogue qui s'était établi entre le narrateur et son organe de domination: inutile d'entrer dans les détails. Certes, le taux de libido varie entre l'indifférence sacerdotale et la pulsion criminelle voire l'inverse, ainsi l'a voulu la nature de même que l'on trouve des mâles dominants et d'autres soumis, la première espèce ayant discrédité la condition masculine par ses excès. Aussi papa Freud estimait-il que le contrôle de la pulsion reproductrice se sublimait dans la création, les arts et peut-être aussi la guerre, le fusil étant un succédané de Tanatos à l'absence d'Eros. Nonobstant le tyran peut s'éveiller à tout instant, chacun et chacune en a fait l'expérience.

Venons-en au point délicat car dénoncer la domination masculine est une chose, se pencher sur l'art d'en jouer une autre comme dans le cas de la séduction que l'on n'a pas encore songé à proscrire du moins dans les pays latins. Il est vrai que la limite entre drague et harcèlement est aussi difficile à établir que celle que stipule la charte de cet espace convivial entre diffamation et altercation joviale. L'homme, balourd, chasse alors que la femme elle, plus subtile, allume mais gaffe: on entre dans les eaux troubles des stéréotypes. Inversons pour voir: la femme chasse et l'homme allume: possible mais étrange, un cas de nymphomanie dans le climax de son cycle et un autre de séducteur congénital, les discothèques sont utiles dans ces cas.

 Allumer au propre, c'est le rite de la cigarette dépourvue de feu servant de prétexte à engager la conversation, actuellement on se replie sur le toutou puisqu'il est mal vu de fumer mais cela présente des inconvénients: morsures, déjections.... Au figuré cela donne un espoir éveillé qui aboutira ou pas et inutile de fumer ou de faire mumuse avec le toutou, le jeu de regards et de postures que vient compléter la voix avec ses intonations phéromonales suffit. Ce rituel de la nuit des temps vise en général l'échange amoureux bien que sa mise en œuvre dans une finalité lucrative soit une pratique assez courante: promotion, vente ou mutation avantageuse, pour certain(e)s, tous les moyens sont bons à prendre et après tout, c'est de bonne guerre de la part du/de la subordonné(e) ou du/de la partenaire commercial(e).

Fort bien. La subtilité réside dans la manipulation aussi bien des egos que des libidos, l'un n'allant pas sans l'autre. Vient la reculade et l'inévitable déni de la promesse: comment un regard appuyé équivaudrait-il d'ailleurs à une promesse d'échanges amoureux ? Comment un geste amical, un effleurement pourrait-il être interprété comme une invitation ? Échaudée, la victime n'a alors que deux issues: la retraite piteuse en faisant passer par pertes et profits l'”investissement” (fleurs ou briquet, restau, promotion ou contrat défavorable) ou laisser libre cours à ses bas instincts avec issue illégale et incertaine.

 Mon pote Jojo, lui, ne va pas chercher midi à quatorze heures: il estime qu'une fois allumée, la fusée doit partir. Sinon, elle vous pète à la gueule. Homme ou femme, il y a alors des victimes collatérales.

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