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Billet de blog 12 décembre 2013

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Prêt à porter, impasse sur l’esclavage.

        Oui bien sûr, c’est du masochisme que de regarder le JT de David Pujadas, mais il n’y a pas d’autres options vu que « la chaîne francophone » (TV5 monde) lui offre l’exclusivité. Cela permet tout de même de s’informer sur le buzz officiel afin de savoir où souffle le vent. Donc après les exercices imposés sur la cérémonie Mandela avec  l’incontournable « événement » du bavardage d’Obama avec la première danoise, l’ « enquête sur la déferlante de la mode pas cher » titré « le prêt à porter : comment font les géants ? » rien de moins qu’en ouverture de journal avant même les opérations en Centrafrique.

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        Oui bien sûr, c’est du masochisme que de regarder le JT de David Pujadas, mais il n’y a pas d’autres options vu que « la chaîne francophone » (TV5 monde) lui offre l’exclusivité. Cela permet tout de même de s’informer sur le buzz officiel afin de savoir où souffle le vent. Donc après les exercices imposés sur la cérémonie Mandela avec  l’incontournable « événement » du bavardage d’Obama avec la première danoise, l’ « enquête sur la déferlante de la mode pas cher » titré « le prêt à porter : comment font les géants ? » rien de moins qu’en ouverture de journal avant même les opérations en Centrafrique.

        Quel est le propos de cette enquête ? Détrompez-vous, il ne s’agit nullement d’un retour sur les conditions de production en Asie projetées de manière éphémère au devant de l’actualité en avril dernier lors du désastre du Rana Plaza. But annoncé de cet exposé :  dans un contexte de vitalité commerciale, « pourquoi aucun groupe français n’a-t-il réussi à s’imposer ? » Et de citer les chiffres d’affaire mirobolants de la concurrence : seize milliards chez H&M et chez Zara, le nain français Naf-Naf La halle plafonnant lamentablement à trois milliards. Explication : les concurrents sont plus « réactifs », ils savent « capter les tendances, interpréter la rue » et de nous interviewer une cliente allemande qui se félicite de la modicité des prix car ce qui fait la différence, c’est « le prix et le style »

        Secret du succès : le réassortiment cité en jargon mode, le « réassort ». Pourtant rien de bien nouveau sous le soleil, Emile Zola nous décrivait avec une minutie de chirurgien le phénomène dans le Bonheur des dames à savoir comme le volume des ventes permet d’amplifier les profits. Certes, il n’avait pas pensé au laboratoire de tendances dont s’enorgueillit Kiabi, « les rois du secteur pour la mode à petits prix » et encore moins aux conditions de travail dans les pays d’Asie, pays cités dans l’enquête juste pour rappeler sans plus la provenance des habits (Bangladesh, Inde et Turquie). Cerise sur le gâteau, la conclusion qui annonce sans équivoque la couleur : les entreprises françaises s’exportent pour profiter d’ «un développement international devenu indispensable pour rester dans la course, car la croissance est plus élevée à l’étranger avec à la clef des bénéfices plus élevés »

        … tout est dit : le vêtement doit être bon marché pour se vendre et produire du bénéfice ; les morts dans les sordides usines asiatiques sont occultées (plus de 1200 l’an dernier rien qu’au Bangladesh) et le scandaleux enrichissement des boutiquiers est érigé en but à poursuivre. Bien sûr les emplois de vendeurs dépendent aussi de ce circuit, mais se vêtir étant un besoin fondamental il y aura toujours de la vente, non ?

Le JT : http://www.francetvinfo.fr/replay-jt/france-2/20-heures/jt-de-20h-du-mercredi-11-decembre-2013_474712.html (à la dixième minute)

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