Une ligne de coke coûte son prix en vies humaines: la guerre du narcotrafic flirte officiellement avec les 40 000 morts depuis cinq ans au Mexique; les chiffres en Amérique centrale et en Colombie sont plus flous mais le cancer y est aussi en état avancé. Si la responsabilité de la prolifération des armes lourdes et de leur limitation est du ressort des Etats Unis, celle de la consommation finale du produit retombe sur les autorités sanitaires des pays riches dont l'Europe.
Les succès remportés dans les domaines de la sécurité routière ou de la lutte contre le tabagisme ont démontré l'efficacité de politiques volontaristes lorsque les objectifs sont clairs et qu'un consensus peut être dégagé. La droite si prompte à dénoncer le laxisme en matière d'immigration ou de respect des valeurs fait preuve d'une surprenante nonchalance au sujet de la drogue en se cantonnant dans un statu quo qui envenime de plus en plus le problème et cumule les victimes dont personne ne parle. Le débat sur la légalisation des drogues douces a acculé la réflexion dans une impasse en laissant de côté la grave question des drogues dures qui sont l'enjeu des luttes fratricides entre cartels rivaux et depuis c'est le silence.
Or qui consomme ces drogues en alimentant cette impressionnante économie parallèle qui gangrène la finance et les institutions publiques voire même religieuses et qui a accumulé une puissance de feu supérieure à celle des forces de l'ordre dans les pays d'Amérique centrale ? En l'absence de statistiques sur l'origine des toxicomanes décédés des suites de leur addiction on en est réduit à des suppositions : l'époque des métiers prestigieux sous pression où sniffer une ligne de coke entre collègues permettait de tenir le coup semble révolue et le public se serait rajeuni et élargi. Ces utilisateurs finaux ne sont pas conscients de l'horreur des drames qu'engendre ce trafic et encore moins des risques qu'ils prennent et font courir à leur entourage.
Impossible de définir un profil type du drogué, bien que souvent un rejet des normes et un manque affectif constituent l'engrenage infernal. La jeunesse est le capital de nos sociétés et nous ne cherchons pas à le préserver, livrant ces êtres fragiles à l'hydre maléfique du narcotrafic. La jeunesse cependant est le berceau de nos idéaux oubliés, la matrice de la générosité et de l'altruisme pour peu que l'on sache cultiver ces vraies valeurs et non le ressentiment. La France ne dispose pas d'un ministère consacré à la santé publique ni à la jeunesse en propre ni le Conseil de l'union européenne ce qui est un tort, mais un groupe d'action transversal pourrait se constituer qui aurait pour objectif d'élaborer des actions médiatiques de fort impact en relation avec la commission européenne qui gagnerait en prestige à s'impliquer dans ce genre de politiques.
« Une raie, une vie : la drogue ne tue pas que la tienne » ou « Jeune, la guerre de la drogue a fait plus de 40 000 victimes : ne mets pas ta vie et celle des autres en danger » ou « Andres a été décapité vivant pour avoir voulu abandonner le trafic de la drogue : serais-tu complice de ce crime ? » ou encore « héroïne et cocaïne tuent aussi sûrement ses consommateurs que ses soldats dans la narcoguerre, ne t'associe pas à ce génocide »... etc , un concours de slogans pourrait être réalisé à l'échelle européenne dans les lycées et diffusé ensuite avec force d'images scabreuses dont les actualités mexicaines rengorgent : elles n'ont rien à envier à celles des poumons goudronneux ou des pieds de fumeur. Mais se perdre en conjectures sur le sort de Florence Cassez semble médiatiquement plus rentable.