Boris Carrier (avatar)

Boris Carrier

interculturel, langues

Abonné·e de Mediapart

99 Billets

13 Éditions

Billet de blog 27 décembre 2010

Boris Carrier (avatar)

Boris Carrier

interculturel, langues

Abonné·e de Mediapart

Nationalisme : éléments apportés à la réflexion ouverte par hommelibre

Le nationalisme aurait donc une légitimité : le désir d'un peuple de se constituer en nation et de perdurer en tant que telle autour de valeurs communes. Soit. Le hic, c'est que ces mêmes nations sont traversées par des forces antagoniques qui tendent à constituer des entités englobantes ou morcelantes selon le cas, remettant de ce fait leur essence en question.

Boris Carrier (avatar)

Boris Carrier

interculturel, langues

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le nationalisme aurait donc une légitimité : le désir d'un peuple de se constituer en nation et de perdurer en tant que telle autour de valeurs communes. Soit. Le hic, c'est que ces mêmes nations sont traversées par des forces antagoniques qui tendent à constituer des entités englobantes ou morcelantes selon le cas, remettant de ce fait leur essence en question.

A l'heure de la fin de l'histoire ou du grand chamboulement qui nous guette, les valeurs sont prises dans le tourbillon de la grande remise en question et le nationalisme n'y échappe pas : anachronisme xénophobe pour les mondialistes ou aurore identitaire pour les altermondialistes, ce concept est devenu un fourre-tout que l'on peut mettre à toutes les sauces. En Espagne, la gauche s'en est emparée pour en faire le porte-flambeau des régions autonomes : Catalogne, Pays Basque et Galice, au point que les partis indépendantistes ne voient aucun inconvénient à se qualifier de « nationaliste »(partido nacionalista vasco mais aussi Pàrtaidh Nàiseanta na h-Alba, parti national écossais).Ce pays s'est d'ailleurs distingué en refusant de reconnaître l'indépendance du Kosovo perçue comme une menace sur l'intégrité des nations. L'« Europe des nations » d'orientation souverainiste quant à elle tenta de freiner les forces centrifuges d'élargissement de l'Europe perçue comme supranationale et la Turquie y fait figure d'épouvantail.

Tito et Staline l'avaient bien compris, l'unité et la puissance de leur pays passait par l'exacerbation des sentiments nationaux associée à la répression sans états d'âme des forces centrifuges régionales. De même le Canada et la Belgique sont-ils à la recherche de repères pour souder la cohabitation forcée de leurs collectivités linguistiques différentes sans aller jusqu'au Pérou ou au Mexique dont les nationalismes sans complexes permettent l'étouffement des revendications culturelles et économiques indigènes : la question est complexe et présente de multiples facettes. Mais que signifie le culte à un drapeau, la revendication d'un hymne national aux paroles guerrières dans un monde changeant qui voit les pays se défaire et se refaire (URSS, Yougoslavie, Tchécoslovaquie,...), les bourses se relayer jour et nuit pour coter la valeur de compagnies pour lesquelles les frontières n'importent guère, les populations se mélanger au gré des migrations de toutes natures ?

Hommelibre considère avec l'immense majorité de l'opinion publique que l' «on ne peut envisager le déplacement non régulé de la population d'un pays vers un autre » en se référant à la subsistance et aux coutumes. Se pose alors la question géographique : une migration du Liechtenstein en Autriche ne poserait pas les mêmes problèmes que l'inverse. Ni que celui qui nous préoccupe, à savoir l' « invasion » du monde riche par les hordes barbares. Car derrière la problématique du nationalisme c'est bien de cela qu'il s'agit : préserver un niveau de vie et un système de valeurs de la menace étrangère. Le riche émir du golfe persique se verra cependant pardonner son harem dans sa résidence luxueuse de la Côte d'Azur alors que le voile de la voisine représente un danger pour la République une et laïque. Et les partis de droite incluant l'adjectif national dans leur sigle usent et abusent de cette ficelle usée mais increvable de la peur de l'invasion et de perte de l'identité.

Obama avait fait la bonne analyse en se référant à un monde multipolaire qui demandait une réorientation de sa politique étrangère vers le multilatéralisme. Mais hélas il n'a pas été suivi par les autres gouvernements obsédés par le démantèlement de son empire dans leur intérêt propre ni par sa secrétaire d'Etat Hillary Clinton qui applique les schémas éculés de l'impérialisme. On ne tire pas un trait sur des siècles de confrontations nationalistes même si elles tendent à devenir de plus en plus anachroniques.

URL du billet d'hommelibre : http://www.mediapart.frhttp://blogs.mediapart.fr/blog/hommelibre/261210/liberation-ou-domination-les-deux-nationalismes-3

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.