Simple slogan lancé aux quatre vents ou slogan simplet ridicule ? Formule racoleuse ou aspiration légitime ? Nostalgie, quand tu nous tiens…
Nous admettons qu’un feu de la circulation est une nécessité et nous plions au bon vouloir de sa minuterie mais serait-ce notre caractère latin qui nous amène à y trouver toutes sortes d’inconvénients lorsque nous sommes à pied ou en vélo ? Pluie, absence de danger ou de gendarme, tout est bon pour le narguer. Je dis nous, mais peut-être cher lecteur/lectrice votre fibre civique se révolte-t-elle face à tant de hardiesse libertaire auquel cas je vous présente mes excuses. Il n’en reste pas moins que le bien-fondé de l’interdit sera soupesé lorsque l’adversité nous y conduira : imaginez une grêle drue et un bar-tabac accueillant sur le trottoir d’en face sans aucun véhicule de près ni de loin.
Et le hijab ? Oui, bien sûr, soumission indigne de la femme au dictat religieux. Au fait… qui nous martèle cette assertion ? Ceux-là mêmes qui n’ont de cesse de diaboliser l’autre, l’intrus, le migrant qui soumet la femme à son vilain machisme. Républicain de circonstance et laïque par-dessus tout, il recherche dans l’interdiction du voile l’affirmation de son pouvoir de patriote maître en son pays. Bon, le voile est autorisé et seule sa version hard, la burqa, est frappée par l’oukase. Il est en effet admis une fois pour toutes que la volonté de celle qui le porte est aliénée par un homme et l’on balaiera tout argument visant à plaider en faveur d’un désir personnel de se soustraire au regard du monde. In-ter-di-sons.
Enfin vient votre tour de franchir le redouté portillon : ceinture, montre et clefs dans le baquet de plastique sale, mains en l’air pour le passage au détecteur et sourire de complaisance paravent de votre dignité bafouée (par le règlement et non l’agent de sécurité, entendons-nous). Le terrorisme. Vigipirate. Et mon tube de dentifrice qui n’en avait plus que pour une dizaine de brossages part à la poubelle : interdit de me laver les dents pendant 13 heures (en classe touriste la brosse et le dentifrice ne sont pas fournis sur AF). Remettre en question le règlement ? Ce serait faire le jeu des terroristes. Plaider le discernement et la souplesse ? Ce serait ouvrir la porte au laxisme. Soumettons-nous donc dans l’intérêt général.
Certes, il est permis de nos jours de parler breton dans les transports en commun et cracher reste interdit par mesure d’hygiène. Mais interdire implique une démission : celle de la société qui n’a pas su éduquer correctement, celle du législateur qui restreint les libertés qu’il est censé assurer, celle de la raison face à la transgression