"Des économies colossales, en coût et en temps, pour les Français de l'étranger comme pour l'Etat sont possibles"
Alexandre Holroyd est donc le représentant des Français d'Europe du Nord à l'assemblée nationale.
Et il semble avoir plein d'idées pour faire des économies !
Il y a en chacun de nous un adepte de la bonne gestion publique, et je ne peux donc que me réjouir que M Holroyd, fort de son expérience dans une boîte de consulting américaine, du haut de ses 30 ans et après un mois passé à l'assemblée, puisse réussir à générer des "économies colossales" sur les programmes des français de l'étranger.
Il réussira là où des Ministres des Affaires étrangères aussi peu expérimentés que Alain Juppé et Laurent Fabius ont échoué.
Moi qui ne suis représentant des personnels auprès des affaires étrangères que depuis 12 ans (c'est bien peu je le sais et je m'incline devant l'auguste science de la réforme de M Holroyd) j'ai pu entendre ces ministres indiquer qu'à partir d'un seuil d'économie imposées au réseau consulaire c'est la question de l'universalité de notre présence consulaire qui serait posée.
Il est rare que les élus se réjouissent de fermetures de consulats. Car avec une population française à l'etranger en forte hausse annuelle (3% environ par an et jusqu'a 10% de croissance sur certains pays asiatiques) il y a un besoin fort d'appui consulaire à nos compatriotes.
La question du projet de consulats européens, si elle est intellectuellement séduisante, se heurte dans la réalité à l'absence d'harmonisation des procédures de délivrance de carte d'identité et de passeports. Pour voir la création un jour de consulats de ce type il faudrait d'abord renforcer le contenu de la citoyenneté européenne et aller vers des passeports européens délivrés par une autorité unique. On en est loin.
Derrière le terme de "colossal", il faut craindre en fait un simple projet de fermetures de nouveaux consulats...Bercy est généralement peu imaginatif quand il s'agit de rogner sur la dépense publique surtout quand les représentants à l'assemblée cautionne le fantasme de gisements d'économies considérables à réaliser.
Loin de tous les clichés populistes véhiculés sur les fonctionnaires je constate aussi que les agents des consulats sont en règle générale soumis à une forte pression et que la qualité du service rendu aux usagers est en général saluée par les élus de droite comme de gauche qui siègent en conseil consulaire.
N'a-t-on pas eu une magnifique illustration de la qualité du service consulaire lors des dernières élections qui, malgré des files parfois trop longues aux bureaux de vote, se sont déroulées sans accroc majeur ?
La numérisation des procédures, si elle doit être encouragée encore, ne génère pas, non plus, d' économies "considérables" car elle a elle même un coût... et que les logiques de substitution "remplacer l'agent de guichet par une machine" ont leur limite évidente devant la fracture numérique ou la nécessité d'un accueil humain pour certaines procédures (collecte de données, examen d'une demande de visa ...).
Je tiens à rassurer M Holroyd sur un point : Matthias Fekl, Hélène Conway ont oeuvré positivement en matière de montée en puissance de l'administration électronique ou de la réforme des procédures en tant que ministre des Français à l'étranger.
La fin de la double comparution pour les passeports est un chantier qui a pris par exemple 3 ans avant d'être mené à terme. Cela paraissait simple sur le papier, mais les normes existantes en matière de sécurité, contrôlées légitimement par le Ministère de l'intérieur, impliquaient que ce chantier soit porté en interministériel. Ce qui a ralenti le temps de mise en oeuvre naturellement.
Sauf à vouloir se prendre pour le Harry Potter de la dépense publique, qui générera des économies à coup de baguette magique, il me semblerait plus prudent d'éviter à l'avenir ce genre de déclarations fracassantes et démagogiques. Qui ne font que nourrir les stéréotypes sur un Etat qui serait mal géré et des administrations peuplées de ronds de cuirs inefficaces.
Ce qui est "colossal" parfois c'est l'arrogance de certains nouveaux élus qui seront bientôt confrontés au mur des réalités.