En route dans le Thalys qui, depuis Bruxelles, m'amène à la convention d'investiture de Benoît Hamon.
Combien serons nous aujourd'hui à la Mutualité ? Plusieurs milliers a applaudir, conscients de vivre un moment historique. Tous unis en un même coeur qui battra plus vite et plus fort, quand le candidat à la présidentielle montera à la tribune.
Benoît Hamon a toujours entretenu un lien émotionnel avec les militant(e)s. Qui a déjà croisé sa route peut témoigner de sa chaleur humaine, de sa disponibilité et de ses traits d'humour ravageurs. Il n'est pas étonnant que sa campagne des primaires ait réhabilité les mots "desir", "plaisir", loin de tout registre hypercerebralisé ou technique.
On aime Hamon. On ne l'aime pas. Mais il est difficile de le détester.
Sans doute un héritage de celui qui a dirigé le premier un Mouvement des Jeunes Socialistes dégagé d'une partie de la tutelle des aînés, Benoît est un émancipé qui entretient avec ses camarades un même rapport d'émancipation. Pas de regard surplombant. Mais des echanges directs et francs. A hauteur d'Homme.
Benoît c'est sans doute, des dirigeants du PS, celui avec qui l'on prendrait le plus de plaisir à partager une bière et à refaire le monde.
Dresser une statue dorée dédiée au vainqueur des primaires serait cependant déplacé. Presque risible. La 5ème République est déjà suffisamment monarchique pour ne pas en rajouter dans le culte de la personnalité et la flagornerie courtisane.
Je me contenterai de livrer rapidement quelques souvenirs qui me reviennent à l'esprit car, du haut de mes 43 ans et de mes 23 ans de militantisme, j'appartiens à cette "Génération Hamon" qui a fait ses armes dans les organisations de jeunesse et a partagé quelques combats communs, comme les grèves de décembre 1995, qui furent le premier mouvement social auquel j'allais participer alors étudiant à Sc Po à Aix en Provence.
Si nous sommes encore présents aujourd'hui, en tant que militants, à tous les niveaux du Parti Socialiste, c'est grâce à cette formation que nous avons reçu, sur le terrain, à l'unef ID ou au MJS, comme élus à la fac, au CROUS, dans les mutuelles étudiantes, à nous occuper de sujets concrets du quotidien de la jeunesse. On parlait déjà dans les années 90 de l'allocation d'autonomie étudiante. Le revenu universel pour les 18-25 ans en est aujourd'hui la dernière mouture. La "Génération Hamon" c'est donc avant tout un creuset idéologique commun autour de combats menés ensemble comme celui contre le racisme et les discriminations, toujours si nécessaire quand la candidate FN et son programme raciste culmine dans les sondages.
Ma première rencontre avec Benoît fut lointaine. Et reste encore un mystère. Ai je réellement croisé Benoît au congrès de Toulon des MJS en 1998 ? Je me rappelle clairement avoir applaudi ce jour là à l'élection de Gwenegan Buy, qui allait devenir bien plus tard un copain, et dans les limbes du souvenir il me semble avoir salué en coulisse celui qui travaillait alors dans le cabinet de Martine Aubry et qui était auréolé de son mandat de 1er président d'un MJS autonome.
Plus sûrement, c'est en janvier 2007, à la Mutualité, à l'occasion du traditionnel rassemblement des secrétaires de section que, tout droit venu de Varsovie, j'eu l'occasion de bavarder rapidement avec Benoît en compagnie de plusieurs militant(e)s de ma fede. Benoît avait son casque de moto à la main, un blouson en cuir, et était déjà assailli par de nombreux militant(e)s qui voulaient leur photo avec lui. Une sorte de Mike Jagger socialo.
En 1998, élu au congrès de Reims sur la motion de Benoît comme conseiller fédéral à la FFE, je pu apprécier son talent d'organisateur en m'engageant dans son courant "unmonded'avance" et en rencontrant certains de ses proches,comme Roberto Roméro, alors collaborateur parlementaire d'Henri Emmanuelli.
Avant que ce billet ne se transforme en article nostalgique et condescendant, je me dois d'accélérer la projection des souvenirs personnels. Saut dans le temps :
Avril 2014, à l'issue d'un conseil national du PS Benoît m'invite à sa table rue de grenelle (merci Ali Rabeh, efficace chef de cabinet) au ministère de l'éducation nationale, ministère de Jules Ferry. Je postule alors comme conseiller diplomatique du ministre et, près plusieurs semaines à attendre le verdict, je ne suis finalement pas choisi.
Le CDD aurait été cependant fort court s'il avait dû être conclu.
Car quand en Août de la même année je prends la parole à la tribune de l'Assemblée générale du courant lors de l'université du PS à la Rochelle, Benoit n'est déjà plus ministre ! Je me rappelle des larmes de Razzy Hamadi annonçant son départ du courant et d'une salle effervescente. Le lendemain, nouvelle AG en ebullition quand Aubrystes, Hamonistes, amis de Christiane Taubira se retrouvent pour "unir" l'aile gauche apres l'eviction de Hamon et Montebourg du gouvernement.
L'ami Pouria Amirshahi , dont j'avais codirigé la campagne des législatives en 2012 avec Mehdi Tanani, m'impressionne ce jour là par sa capacité à "tenir" une salle qui gronde et tremble. Lui aussi un sacré talent.
En 2015, au congres de Poitiers, je suis réelu 1er fédéral. Si je n'ai pas le soutien collectif de la motion B, quelques amis hamonistes me font cependant l'honneur de soutenir ma candidature comme 1er federal conscients que les partages "par motion" ont parfois un caractère artificiel. Et que ce qui compte ce sont les idées que l'on porte et les valeurs que l'on incarne.
Mon engagement pro-européen et fédéraliste passe avant tout et j'espère que le candidat Hamon montera en puissance sur ce sujet, comme semble le dessiner la reprise à son compte du "New deal européen" cher à Vincent Peillon.
Tant de combats partagés depuis 20 ans avec Benoît et au fond un peu de nostalgie de nos 20 ans passés, 20 ans, l'âge de tous les possibles et de tous les rêves éveillés :
La transition ecologogique.Le partage du temps de travail. La dépénalisation du Canabis, sujet qui me mobilisait déjà quand, à 20 ans, je fréquentais les clubs "Forum", cercles de reflexion rocardiens et pouponnière militante socialiste.
Dans quelques minutes j'applaudirai à tout rompre le candidat à la présidentielle de la Belle Alliance Populaire.
Populaire, il est certain que Benoît l'est et le restera. Car on sent une véritable dynamique de campagne monter en puissance.
Benoît, de battre notre coeur ne va pas s'arrêter !