Le conseil constitutionnel a jugé que l'élection de Mme Samantha Cazebonne (député LREM de la 5ème circonscription des Français de l'étranger) devait être invalidée. Aucune inéligibilité n'a cependant été décidée. L'ex député pourra donc repartir à la conquête de cette circonscription, comme elle l'a déjà déclarée au Petit Journal.
Ironie de l'histoire, Mme Cazebonne, qui a été Proviseur de lycée à l'étranger avant d'entamer une carrière politique, venait tout juste de se voir confier une mission par le gouvernement pour réfléchir à l'avenir du réseau d'enseignement français à l'étranger qui scolarise plus de 350 000 élèves dans le monde..
Les députés LREM à l'étranger sont nombreux : 10 sur les 11 circonscriptions des Français de l'étranger.
Ils se sont illustrés, pour la plupart d'entre eux, par des déclarations "punitives" contre l'opérateur public qui pilote un réseau de presque 500 établissements à l'étranger. "Mauvaise gestion" a décrété la député Anne Génetet (Français d'Asie, Russie et Océanie). Quant au député Frédéric Petit (Français d'Allemagne et Europe Centrale) il est convaincu que cet opérateur pourrait être beaucoup mieux géré.
Au fond, ces députés issus "de la société civile" (sic), et c'est le cas de Mme Cazebonne, ont le sentiment que ce réseau est en panne d'efficacité.
Et pourtant : Taux de réussite au Bac record (proche de 98%), nombre de mentions au bac extraordinaire, les performances éducatives de ce réseau sont comparables à celles des meilleurs lycées parisiens. La contrepartie de l'excellence : des tarifs d'inscriptions en hausse, les moyens publics de ce réseau allant diminuant.
En Juillet 2017, en décidant de la suppression brutale de 33 millions d'euros à l'opérateur, en impulsant un plan de plus de 500 suppressions de postes sur trois ans, le gouvernement Philippe a décidé de porter atteinte aux moyens de ce réseau pourtant déjà fragilisé et sous financé.
Une entorse est faite aux engagements de campagne d'Emmanuel Macron qui avait bien décidé de faire de ce réseau la figure de proue du rayonnement éducatif et diplomatique français.
Le moins que l'on puisse dire est qu'il ne s'en donne pas les moyens. Les parents d'élèves ne s'y trompent pas. Leur fédération, la FAPEE, a décidé de s'associer aux grèves décidées par les personnels de ce réseau à l'automne dernier. Un nouveau mot d'ordre de grève a été décidé pour le 6 février, par les principaux syndicats enseignants du réseau (FSU et UNSA).
Le climat scolaire est abrasif. Emmanuel Macron cherche à éviter l'obstacle et a sagement évité de rencontrer les parents d'élèves et représentants des personnels lors de son déplacement récent en Tunisie. Le secrétaire d'Etat auprès du ministre des affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne, un libéral ex-madeliniste , ne semble pas pressé de trouver des solutions au problème et semblait bien décidé jusque là à attendre les résultats de la mission confiée à Mme Cazebonne. Une mission désormais mort née à cause de l'invalidation.
la législative partielle, qui devrait être convoquée dans les trois mois, intervientalors que l'étoile jupiterienne apparaît pâlissante dans les communautés françaises qui commencent à douter du cap suivi par le nouveau président.
L'élection risque donc de se transformer en référendum pour ou contre la politique éducative impulsée par le gouvernement.
Avec de nouveaux postes d'enseignants résidents supprimés en Espagne et au Portugal (5 postes sont concernés au prochain Comité technique de l'AEFE du 7 février sur ces deux pays, suppressions qui s'ajoutent à celles du mois d'octobre), et alors que la grève de l'automne avait été particulièrement bien suivie à Madrid et Barcelone, ainsi que dans les autres établissements de la circonscription (Porto, Lisbonne), un espace apparaît pour les progressistes et militants de gauche qui ont trouvé là sans doute du grain à moudre dans la perspective de la campagne à venir.
Le(la) nouveau(lle) député(e) de la 5ème circonscription sera t-il l'avocat(e) du reseau et de l'AEFE à l'Assemblée ?