Chers tous,
Il me semble important que toute la lumière soit faite sur l'élection de Jean-Pierre Bansard et de sa colistière Mme Evelyne Renaud-Garabedian à l'occasion de l'élection sénatoriale de septembre.
Les amalgames nauséabonds et l'anti-parlementarisme qui en découlent viennent de l'opacité des comportements, se nourrissent des collusions d'intérêts et des silences coupables.
La transparence est salutaire en politique à l'heure de la crise de la représentation politique et parce que la défiance envers "les politiques" est particulièrement préoccupante dans l'opinion.
Parce que le règne de l'argent en 2017 n'a jamais été aussi écrasant dans le monde et en France : "l’argent qui corrompt, l’argent qui achète, l’argent qui écrase, l’argent qui tue, l’argent qui ruine, et l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes !" comme le dénonçait déja François Mitterrand à la tribune du Congrès d'Epinay en 1971.
La représentation des Français de l'étranger est mal connue et fait l'objet de nombreux stéréotypes et fantasmes dans l'opinion. Nous sommes trois millions de français à l'étranger et nous ne sommes pas tous milliardaires et pas tous exilés fiscaux. Nous ne voyons pas le sénat comme une maison dorée pour notables pré-retraités. Nous ne concevons pas que l'argent puisse tout acheter même si nous savons que, tel le sel de mer, il a un effet corrosif sur bien des personnes...
Laissera-t-on-penser que le Sénat peut être un point de chute pour tous les milliardaires français qui ont les moyens de financer pendant une petite dizaine d'années une campagne électorale quasi-permanente ? Si on ne le pense pas il faut le dire clairement.
Il faut aussi respecter le travail de la justice en cours. La commission nationale des comptes de campagne a été saisie. Elle rendra son verdict. Le conseil constitutionnel se prononcera ensuite sur la validité de cette élection. Pas de populisme politique, évitons de pointer du doigt tel ou telle et restons sereins par rapport au travail qui sera opéré par les juges. Jusque là M Bansard bénéficie de la "présomption d'innocence" et continue à siéger au Sénat.
En tant que conseiller consulaire (depuis septembre 2016) et avant en tant que délégué consulaire (depuis l'élection consulaire au printemps2014), j'ai été destinataire, comme les autres membres du corps électoral des sénateurs français à l'étranger, des invitations à assister au 14 juillet aux premières loges sur les Champs Elysées, j'ai été appelé sur mon téléphone par les collaboratrices de M Bansard pour me proposer les services offerts par l'association solidaire des français de l'étranger (ASFE) et j'ai reçu à mon domicile les "goodies" adressés par l'association de M Bansard.
J'ai vu sur facebook les photos ou les posts relatant les dîners dans de bons restaurants à l'invitation du Milliardaire... Je connaissais certains des conseillers qui fréquentaient ces bonnes tables.
J'ai pensé alors, candidement, que les manoeuvres électorales de l'ASFE étaient tellement peu subtiles qu'elles ne convaincraient que très peu de délégués et conseillers de voter pour la liste Bansard.
L'idéalisme ne rend pas clairvoyant...
Au final M Bansard est élu et fait élire une de ses collaboratrices au Sénat. C'est un triomphe pour lui. 2 sièges sur 6 emportés. Avec une absence de soutien des partis politiques traditionnels. Avec simplement l'usage de moyens qui, eux, ne sont pas "traditionnels".
je ne suis pas juriste et je ne sais si ces pratiques tombent sous le coup de la loi ou pas. Mais je crois que tout le monde savait depuis longtemps que ces pratiques étaient problématiques au regard de l'éthique politique car elles étaient à visées électorales et s'appuyaient sur l'offre de "services" gratuits financés par l'ASFE aux conseillers de passage à Paris (bureau mis à disposition notamment) ou souhaitant passer un bon moment dans des lieux prestigieux de Paris aux frais de la princesse.
Le clientélisme est un fléau. Il faut le dénoncer comme il se doit. Qu'on soit dans l'hexagone ou à l'étranger.
Pour cela il faut un courage élémentaire. En décembre dernier, j'ai publié un article qui traitait de "l'opportunisme ordinaire". Et nous savons tous comme tout cela a fini. Mon crâne garde sur 20 cm la "cicatrice de la vérité".
"le courage c'est de chercher la vérité et de la dire. C'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe" (Jean Jaurès - discours à la jeunesse)
L'idéalisme ne rend pas toujours clairvoyant mais il rend courageux.
Boris Faure
Conseiller consulaire des Français de Belgique.