La coupure entre les classes populaires et le PS ne date pas (hélas) du quinquennat Hollande.
Robert Linhart, qui a écrit " l'etabli"portait encore l'espoir, vivace dans les années 60, de la jonction entre la classe ouvrière et les intellectuels.
68 marqua un premier coup d'arrêt à ce rêve marxiste français : la fin des grèves de Mai 68 ce fut l'acceptation par la CGT des accords de Grenelle et la reprise du travail. Les ouvriers prenaient les concessions faites par les tenants de l'ordre établi, pour l'amélioration de leur sort au travail, sans remise en cause de l'ordre établi. Les rêves de grands soirs attendraient encore...
La création du PS en 71 au congrès d'Épinay ce fut la jonction heureuse, 3 ans seulement après ces "évènements" qui avaient vu la gauche traditionnelle débordée par un mouvement qu'elle ne maitrisait pas, de "plusieurs gauches". Celle, sociale démocrate dirait on aujourd'hui, de la SFIO, mais aussi celle du CERES sans oublier celle des amis de Mitterrand réunis dans la Convention des Institutions Républicaines, ensemble de clubs assez disparates...
Il y avait des syndicalistes et des ouvriers à Épinay, notamment issus de la CFDT, mais très minoritaires.
Même au temps glorieux de la refondation du PS, c'est le PC qui restait le parti des travailleurs. Et de loin le principal défenseur des cols bleus avec sa courroie de transmission d'une redoutable efficacité par sa structuration et sa discipline, la CGT.
La coupure actuelle entre le PS et la classe ouvrière, vient de notre histoire politique avant tout, elle n'a fait que s'accentuer avec le repli sociologique du PS devenu le représentant de la classe moyenne et éduquée et de l'électorat urbain.
Le NPA, le Parti de Gauche, et même le PC ou ce qu'il en reste, n'arrivent plus réellement à mobiliser le monde ouvrier et employé. La CGT avec un peu de moins de 700 000 adhérents, ne représente plus qu'un quart des adhérents qu'elle possèdait dans les années 70. Son impact social est moins net.
Dans le champ politique française aujourd'hui, il faut donc combattre l'illusion d'une gauche à " l'état pur", celle qui serait encore en contact avec la classe ouvrière qu'elle représenterait dans le sens de son émancipation, et une gauche qui aurait trahi, celle présente au gouvernement.
La realité c'est que le PS n'a jamais été le parti de la classe ouvrière. Et que le PC ne l'est plus.
Et pourtant... Nous ne devons pas renoncer à parler aux classes populaires. Et nous devons en tout cas rénover notre manière d'être, de faire, de parler, de gouverner. Pour arriver à être audible de ces classes populaires qui nous boudent ou nous re
nient depuis trop longtemps. Pour trouver des terrains de rencontre. Dans des sociétés terriblement cloisonnées, nous n'avons que trop peu l'occasion de nous réunir, de débattre, de faire tomber les cloisons sociales qui nous isolent les uns des autres, de construire des terrains d'action et de lutte communs.
Les partis, les associations, les syndicats, autant de lieu de rencontres possibles pour reconstruire la gauche.
Amitiés
Boris Faure
1er secrétaire fédéral