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Billet de blog 13 décembre 2015

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Régionales - Notre devoir de réenchantement

Le résultat du 2eme tour des régionales n'offre pour l'instant qu'un répit face aux Front national. Le barrage organisé par les forces de gauche a fonctionné. Le FN n'a pas remporté les trois régions espérées. Mais les échéances de 2017 ne pourront se gagner que sur des votes de barrage. Réenchanter la politique ou voir la démocratie se consumer peu à peu. Relever ce défi s'impose à nous.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le résultat du 2eme tour des régionales n'offre pour l'instant qu'un répit face aux Front national. Nous ressentons ce soir, à gauche, un soulagement réel même si les inquiétudes de fond demeurent face à la colère et la stigmatisation des autres qui s'incarnent dans le parti Mariniste.

Le barrage organisé par les forces de gauche a certes clairement fonctionné. Au prix de lourds sacrifices pour la gauche en PACA et dans le Nord Pas de Calais. Le FN n'a pas remporté les trois régions sur lesquelles il espérait faire main basse.

Le hold up a été évité, mais les bandits  courrent toujours et ils sont armés de démagogie et xénophobie.

Nous nous sommes rassemblés, à gauche, dos au mur, sous la pression des évènements.

L'électorat s'est mobilisé sous l'électrochoc du premier tour, provoquant un bond très net de participation qui a été salutaire.

Nous sommes donc capables d'agir en rassemblant la gauche contre un ennemi commun qui menace la République et la cohésion du pays et l'existence même de l'Europe.

C'est le rassemblement au son du tocsin. Quand l'incendie fait râge.

Mais serons nous capable de rebatir ensemble un projet durable pour réconcilier les Français avec eux mêmes et éteindre le feu qui consumme le contrat social sur lequel s'est bati ce pays ?

Je veux le croire et l'espérer.

Le réenchantement de la politique est nécessaire. Réenchanter ce n'est pas seulement penser nos plaies sociales. Se contenter de victoires à la pyrhus. Ou de défaites honorables. Réenchanter c'est se remettre à rêver ensemble à des jours meilleurs, et à agir pour faire de nos rêves des réalités.

Le réenchantement de la politique ne pourra se batir que sur la lisibilité des projets politiques : La gauche ce n'est pas la droite. La gauche, depuis la Révolution française, porte l'espoir égalitaire et de justice sociale pour tous. L'émancipation de tous passe par l'accès à l'éducation et à la culture. Notre priorité à l'éducation doit donc se poursuivre et s'amplifier. Le pacte de sécurité l'emporte sur le pacte de stabilité. Mais seul le pacte éducatif est créateur de sécurité sociale et de stabilité durable.

Il ne pourra y avoir d'égalité réelle sans victoire gagnée contre le chômage, ce fléau de masse qui agit comme un laminoir social et qui ouvre des brèches entre tous les Français.

Sur le front de cette lutte économique, nous devons explorer toutes les solutions nouvelles pendant la fin du mandat présidentielle.

La République retrouvera du souffle, au delà des mesures de sécurité justifiées par la menaces terroriste, qu'en restaurant l'idéal d'une "chose publique" accessible à tous :

Le mandat unique limité dans le temps, le vote obligatoire, la poursuite de l'accès des femmes aux responsabilités, la promotion d'une diversité des origines des candidats aux élections, sont autant de mesures simples et nécessaires pour restaurer la confiance dans une démocratie qui a besoin de simplicité et de lisibilité. 

Les partis de gauche doivent continuer à s'ouvrir, à être inventifs dans leurs fonctionnements, inclusifs, retrouver leur vocation de laboratoire d'idées. La démocratie sociale doit se régénérer, irriguer plus nettement la démocratie politique, le paysage syndical doit poursuivre sa modernisation et sa mue.

La réussite de la COP21, l'espoir que suscite dans le monde l'accord de Paris, montrent que nous pouvons réconcilier le réel et l'idéal en étant ambitieux sur les missions confiées à la politique, exigeants sur les moyens de les atteindre, et solidaires à une échelle planétaire, en oubliant les égoismes nationaux et en pensant ensemble des solutions de manière responsable. C'est la victoire d'un certain internationalisme que nous avons célébré hier à Paris.

Partir du réel pour aller à l'idéal, jamais la phrase de Jaurès n'aura été si actuelle. Réenchanter la politique. Ou la voir périr peu à peu.

A nous de nous montrer digne de ce rendez vous de l'Histoire.

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