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Billet de blog 16 avril 2015

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Le réseau culturel extérieur en quête de réformes

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le réseau culturel français est il à l'heure des grandes manœuvres ?  

Vente annoncée du palais Clam Gallas en Autriche. De la maison Descartes d'Amsterdam. Déplacement de l'Institut français du Portugal.  Sauvetage in extremis du site historique de l'institut français de Berlin. 

Autant de dossiers qui suscitent aujourd'hui interrogations et  mobilisations de  nos élus et militants au nom  de l'attachement de nos compatriotes et partenaires européens aux instituts français, ces "vitrines culturelles" de la France à l'étranger.

La France connue et reconnue internationalement, c'est celle des écrivains, des comédiens, des danseurs, des  créateurs, des amoureux de la langue de Molière.  

Le site du ministère des affaires étrangères annonce d'ailleurs pour 2015 le chiffre considérable de 26 000 manifestations culturelles par an à l'étranger. 

Malgré les titres régulièrement provocateurs de la presse sur "la mort" (titre fracassant du Times en 2007) ou le "déclin" de la culture française ("Maronniers" de la presse hexagonale), le réseau des alliances françaises et des instituts reste donc bel et bien vivant.

Les Ambassadeurs ne s'y trompent pas : Ils trouvent généralement dans ce réseau un instrument considérable d'influence culturelle  auprès de  nos partenaires étrangers. 

Les usagers du réseau non plus : Qu'ils viennent aux spectacles, suivent des cours de français, ou fréquentent les médiathèques, leur appréciation globale est positive quant à une offre culturelle qui évolue avec son temps et mise de plus en plus sur le numérique, les musiques actuelles et les co-productions locales.

Notre ambition culturelle est duale : Séduire le public et l'attirer vers des évènements culturels de qualité. Eduquer et éveiller les esprits grâce à la promotion d'une culture "intelligente". Cette double mission étant le propre de la France et des nations européennes animées par l'idéal émancipateur des Lumières.

Dans ce contexte, pourquoi a t on parfois l'impression d'une utilisation imparfaite du potentiel de ce réseau ?

Car il manque encore une grande réforme pour un meilleur pilotage du réseau culturel extérieur. 

Notre fédération a porté dans le projet "la France au long de la vie" l'ambition d'une politique culturelle organisée à l'étranger autour d'une grande agence culturelle. Or, le choix contraire a été fait par le ministre des affaires étrangères en 2014. Choix de ne pas "déléguer" la gestion du réseau à l'Institut Français, pourtant créé en 2011 pour devenir le pivot de son animation. 

Crainte des diplomates de se voir privés d'un moyen d'action diplomatique et de débouchés de carrière ? Indécision du politique qui a préféré le statu quo à la réforme ? 

Les agents du réseau ont en tout cas perdu là une occasion d'être gérés selon une logique de ressource humaine propre, par un Institut français de Paris davantage sensible à la diversité des parcours et profils culturels pour le recrutement des personnels et animé par un idéal de "découvreur de tendances et de talents" lui conférant une grande capacité d'adaptation. 

La "marque France" à l'étranger reste également le fruit d'une complexité institutionnelle qui se traduit par le match "Alliances Vs instituts". 

Entre d'un côté des structures associatives, animées très largement par des personnalités étrangères qui les président, les Alliances, et les "bras culturels armés" des Ambassadeurs, les instituts culturels. 

A la différence des Britanniques, avec le réseau du British Council ou des Espagnols, avec le réseau des Instituts Cervantès, la France malgré sa puissance culturelle, continue donc à avancer en ordre dispersé.

Une logique de rationalisation des postes et des emprises culturelles est en oeuvre depuis maintenant plus de 10 ans. Elle se traduit par des suppressions d'emplois dans le réseau culturel, par un redéploiement progressif des moyens budgétaires vers l'Asie, par la rationalisation des emprises immobilières.

En période de "sérieux budgétaire", difficile de critiquer l'objectif d'une meilleure utilisation des moyens humains et budgétaires à l'étranger pour la modernisation de notre action culturelle. 

Mais difficile de se satisfaire de l'absence d'une réforme d'ampleur que la gauche devrait porter comme socle de l'ambition culturelle française à l'international.

Amitiés socialistes

Boris Faure

Ex Premier secrétaire fédéral 

Fédération des français de l'étranger du 

Parti socialiste

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