Dans toute bonne série, il faut un épisode final réussi. Qui maintient un suspense insoutenable, afin que le lecteur attende impatiemment la saison suivante.
Pour ce dernier article d'une série qui en aura compté une bonne dizaine, j'ai choisi de donner la parole à Corinne Narassiguin, porte parole du PS.
Je ne me voyais pas commenter le vote de confiance obtenu par Manuel Valls hier alors que la presse écrite ou audiovisuelle ne cesse de commenter "la chose" en continue et que ce vote ressemble de plus en plus à un non évènement;
Et parce que ce blog est décidemment et obstinément décalé, il m'a semblé opportun de tendre le micro à Corinne Narassinguin, porte parole du PS, pour nous donner le mot de la fin sur la session 2014 de l'Université d'été de la Rochelle deux semaines après sa clotûre.
Boris : Bon, Corinne, c’est ton tour de passer sur le grill. tu étais à la Rochelle et tu as du être frappée par le nombre de journalistes présents, il faut bien avouer que c'était impressionnant de voir comment ils entouraient certaines personnalités. Tu es porte parole du PS, alors, de ton point de vue "c’est des méchants les journaleux" ?
Corinne : Bien sûr que non, ce sont des professionnels qui font leur travail. Même si c'est vrai que par les temps qui courent, être porte-parole du PS c'est accepter de faire souvent face à des tirs de barrage peu réjouissants. Je le savais en acceptant cette fonction, je l'assume. Le problème ce n'est pas la méchanceté ou la gentillesse des journalistes dont le travail est d'exposer des faits, de faire des analyses et d'exiger des réponses honnêtes de leurs interlocuteurs. Le problème c'est plutôt lorsqu'on (journalistes, politiciens et commentateurs) se laisse aller à la tentation de réduire les explications politiques à de petites phrases de moins de 140 caractères. C'est l'ère du buzz en temps réel dans laquelle nous vivons. Ce n'est pas très bon ni pour le journalisme ni pour la politique, mais nous en sommes tous coupables, hélas.
Boris : Tu as assisté à l'université à la Rochelle; C'était une édition “Olives Cahouettes” ou une édition “Albatros” (Cf les deux premiers épisodes de la Rochelle Inside; En clair, une édition où il ne se passe rien ou une édition où on s’élève)
Corinne: édition Albatros! on pouvait s'en douter après une semaine du 25 Aout qui avait été fracassante ! Et même bien avant ce remaniement imprévu, le 1er secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadelis avait déjà voulu faire de cette université d'été le lancement de la "réinvention" du PS. Après les municipales, les fondements du socialisme local ont été ébranlés. Le résultat des européennes a confirmé que la ligne politique du PS n'est plus entendue par son électorat naturel. Cette édition de l'université d'été de La Rochelle a permis déja de redynamiser le parti par la parole donnée au militants, c'est le sens des Etats Généraux qui se dérouleront jusqu'au 6 décembre, ce sera le rôle du congrès de 2015.
Boris : Tu as participé à un atelier avec Hélène Conway. Partir et revenir à l’étranger. La blonde. La brune. C’est un peu “deux drôles de dames” non ? Vous avez besoin d’un Bosley ?
Corinne: tu as été un excellent Bosley en tant qu'animateur de l'Atelier ! L'année dernière Hélène et moi avions déjà animé un atelier consacré aux Français de l'étranger qui avait connu un grand succès. Les participants avaient beaucoup apprécié la grande interactivité et la qualité des discussions. Cette année nous avons fait encore mieux avec Pouria Amirshahi et Hélène. 60 participants, de nombreuses interventions et questions à retrouver en suivant ce lien
http://www.parti-socialiste.fr/node/11551
Lamobilité internationale des Français est un sujet majeur dans la mondialisation telle que nous la connaissons aujourd'hui.
Boris : Jean Christophe Cambadélis a lancé les états généraux et tous les militants sont appelés à apporter leur contribution. Tu mets quoi en première ligne des cahiers de doléance ?
Corinne : sur le fonctionnement du parti, il faut une réflexion sérieuse sur la démocratie participative permanente au sein du parti, qui puisse attirer de nouveaux militants et donner aux anciens comme aux nouveaux l'envie de rester et de s'impliquer en se sentant entendus et connectés à ce qui se passe à Solférino, tout en étant clair sur les échelons de décision. Je n'ai pas la réponse, c'est un défi auquel nous essayons de répondre depuis longtemps, et qui se pose à tout grand parti républicain et démocratique. C'est la seule façon de répondre à la défiance qui s'est installée dans la société française vis à vis du politique. C'est aussi le moment où jamais pour le parti de transformer la déroute du socialisme municipal en opportunité pour inventer le militantisme socialiste du 21ème siècle. Sur la ligne politique, il est évident que nous avons besoin d'une clarification sur ce qu'est une politique économique sociale-démocrate pour la France et l'Europe aujourd'hui. La ligne majoritaire doit non seulement être réaffirmée, elle doit être comprise par tous, même et surtout par ceux qui continueront à choisir d'être dans la minorité du parti.
Boris : Jean Christophe cest un gros calibre non ? Il a la taille patron, c’est lui le boss. Vous fonctionnez comment au porte parolat ?
Corinne: Jean-Christophe Cambadelis a effectivement une forte personnalité, et c'est tant mieux. Il a eu la tâche difficile de reprendre le parti en main juste après une défaite électorale historique pour nous, et il a su très vite redonner au PS une voix forte, ce qui est très difficile dans le système institutionnel de la 5eme république lorsqu'on est le parti du Président. Il a fallu trouver la place du parti comme interlocuteur du gouvernement et des parlementaires, stimulant un débat interne productif tout en réaffirmant le soutien au Président et au gouvernement dans ce que Camba appelle une "loyauté exigeante". C'est dans cet esprit là que j'ai accepté de devenir une des 4 porte-parole. Nous nous entendons très bien, nous sommes en contact régulier, comme toute équipe digne de ce nom. Nous avons chacun nos tempéraments et nos sujets de prédilection, nous sommes très complémentaires. Nous participons chaque semaine aux réunions du Bureau National et du Secrétariat National afin d'être en phase avec ce qui est discuté et décidé par la direction du parti. Nous avons en plus notre propre réunion hebdomadaire pour nous coordonner sur les points importants de l'actualité politique. Nous pouvons aussi nous appuyer sur une équipe de collaborateurs très efficace au service de presse du PS.
Boris : Et tu a pris l'apéro avec qui ? Les hollandistes, les aubrystes ou les frondeurs ?
Corinne : j'ai participé au grand apéro ouvert à tous les militants le samedi, organisé par le 1er secrétaire.
Il est bien évident que je ne me reconnais pas dans les frondeurs, sinon je ne serais pas porte-parole du PS! J'ai voté Hollande aux primaires en 2011, et je n'ai pas changé d'avis. Je reste convaincue que la ligne politique qu'il a fixée est la bonne pour la France et pour les Français sur le moyen et long terme, quitte à braver l'impopularité. Mais faire de la politique sans avoir le courage de ses convictions, ça ne sert à rien!
La bise Corinne
Alors que vous pensiez cette série achevée, et qu'elle n'est que suspendue au vol des mouettes qui vont venir caquetter à nouveau dans un an du Côté de la Rochelle, je vous annonce en exclusivité, Oh lecteurs, que les #inside continuent de plus belle.
#InsideSolfé #InsidePaname ou les coulisses de la vie du pouvoir au temps de la démocratie sceptico-médiatique.
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