Ecrit à 23H30, Dimanche 28 Juin 2017. Depuis Bruxelles :
Ce soir les résultats tombent les uns après les autres sur les circonscriptions de l'étranger et dans l'hexagone.
Dans la journée nous avions appris l'élection de Mme Forteza et de M Escure aux Amériques.
Le seul suspense qui demeure est l'ampleur des victoires des candidats En Marche. Il y aura 10 députés En Marche. Et un député UDI, Meyer Habib qui ne doit sa victoire qu'à un communautarisme honteux et virulent. Son message de victoire ce soir est fait la Kippa sur la tête, en Français et en Hébreu, en remerciant "le tout puissant". Le militant de la Laïcité que je suis a cru tomber de son fauteuil ...
Je n'étais pas au bout de mes peines puisque vers 23H, j'apprenais la victoire de M'jid El Guerrab sur la circonscription qui va de l'Afrique du Nord à l'Afrique de l'Ouest. Une élection dûe, en grande partie, à l'exacerbation des passions communautaires. El Guerrab a joué, depuis plusieurs semaines, "le Maroc contre l'Algérie"' sous fond de querelle sur la situation du Sahara occidental. Il a obtenu le soutien de ministre du gouvernement Marocain qui en ont fait leur champion.
Je suis atterré que le communautarisme s'étende ainsi dans les communautés françaises de l'étranger qui me semblaient relativement épargnées jusqu'en 2013, date de l'élection de Meyer Habib soutenu déjà par Benjamin Netanhayou, par ce poison corrosif pour la République.
Il faut savoir cependant être beau joueur : Saluer les députés En marche élus.
Leur souhaiter à tous bonne chance.
Leur victoire s'opère dans un contexte d'abstention inquiétante. Où l'élection législative apparaît, à tort, comme secondaire.
Notre République n'en finit plus de se presidentialiser. Le défenseur de la 6ème République que je suis, attaché à la séparation nette des pouvoirs ne peut se réjouir d'une assemblée qui serait trop domestiquée.
Je souhaite donc aux députés En marche de garder leur autonomie de pensée. De montrer qu'ils portent le renouvellement des comportements. Et qu'ils ne se laisseront pas caporaliser quand leur conscience leur dictera de ne pas s'associer à certains projets de loi gouvernementaux.
Une pensée pour Joachim Forget issu de nos rangs et élu député ce soir en écrivant cela. Comme aux autres députés progressistes qui devront montrer qu'ils sont autre chose que des députés pousse-boutton.
J'ai en tête le sort terriblement injuste des deux députés socialistes sortants Axelle Lemaire et Pierre-Yves Le Borgn' qualifiés pour le 2nd tour et ce soir battus. Ces défaites n'enlèvent rien au mandat efficace qu'ils ont réalisé et au talent qu'ils ont développé dans leurs actions de députés ou de ministre. Merci à vous deux. Bonne chance pour l'après.
Je pense aussi aux autres candidats de gauche, Sergio Coronado, Sophie Rauszer, François Ralle Andreoli qui sont battus également mais ont mené de belles campagnes de deuxième tour.
Des informations qui me parviennent, les reports de voix à gauche ont eu lieu de manière positive. Chaque fois que des candidats ds gauche etaient qualifiés face aux Marcheurs l'électorat de gauche semble, dans l'ensemble, avoir pour tout ou partie répondu présent. C'est la preuve que les Gauches peuvent oublier leurs divergences et se retrouver quand il le faut.
Le PS et la France Insoumise auront des groupes autonomes dans la nouvelle assemblée. Le PC ne devrait pas être loin non plus d'avoir un groupe.
Avec une gauche socialiste et insoumise réduite à une cinquantaine de députés. C'est bien sûr une situation tragique pour la gauche. Mais nous avons payé la facture des divisions du quinquennat, et nous sommes retrouvés face à un véritable phénomène, Emmanuel Macron, qui nous oblige, par son talent, à relever notre seuil d'exigence individuelle et collective pour réinventer la Gauche et le PS :
Dans ce contexte la refondation du PS n'est pas seulement un souhait. Une option. Mais une absolue nécessité. Sauf à vouloir se préparer au destin du PRG en étant un parti vivant mais secondaire, nostalgique d'un passé glorieux, mais incapable de changer.
Il faudra aussi que les forces de gauche sachent mener des combats communs et se rapprocher. Je n'ignore rien des griefs, des fractures qui ont eu lieu sous ce quinquennat entre socialistes, écologistes, communistes et insoumis.
Si la France doit réussir, elle ne peut cependant le faire au prix d'une explosion des inégalités ou de l'écrasement des plus faibles. Et ce constat est partagé à gauche. Cela appelle des résistances communes.
A titre personnel je me battrai donc de toutes mes forces, en socialiste, pour une authentique refondation de mon parti, et en militant de gauche, pour que des rapprochements dans les luttes s'opère chaque fois que ce sera possible.
Il n'y a pas d'autre avenir possible sauf à considérer que nous devons être une forte d'appoint minoritaire à une majorité En Marche qui n'a pas besoin des socialistes pour exister.
Je crois la refondation possible. Et je crois à la créativité de tous les militants de gauche et à leur sens du rassemblement dans ces temps difficiles pour la porter.
Amitiés socialistes
Boris Faure
1er secrétaire fédéral FFE PS