Cette série continue. Les militants parlent. Et la caravane du PS passe.
Aujourd'hui c'est une militante qui prend la parole. Jeune. Femme. Socialiste. Cela fait JFS. Nous aimons les acronymes (MJS, UNED, PS, etc...) Mais cet acronyme n'existe pas. Alors, contentons nous d'appeler cette militante Philomène. Car Philomène a souhaité garder son anonymat. Sous le masque l'intelligence vive. La parole affutée. La critique avec tout ce qu'il y a d'irrévérence pour interpeller, avec tout ce qu'il y a de respect pour être écouté. On est pas sérieux quand on a 17 ans ? Quel est le con qui a dit ça ? C'est l'âge où on peut prendre sa carte aux MJS. Anonymous, sous le masque les idées.
Philomène, c'est à toi, je déclenche le magnéto...
Boris : Philomène, racontes moi ta première fois à la Rochelle :
Les organisations de jeunesse sont très attachées à ce que leurs membres du bureau national respectifs assistent aux fameuses universités du parti, "pour voir où en est notre famille politique dans ses débats": La Rochelle, ou tout ce qui ne se dit pas dans la presse. Les amitiés affichées, les réconciliations politiques, les divergences montrées, mais toujours, la camaraderie, et le rassemblement de tous les camarades. Ça compte, à l'heure où le PS bashing est à la mode! Donc, c'est très important de venir, de participer et d'observer les méandres de la politique et de la vie du parti de l'intérieur. Une place privilégiée, en somme! Fortes de cette position, les dites organisations s'organisent donc pour que les jeunes camarades puissent y assister. La Rochelle, c'est forcément cher pour des étudiants, c'est donc le week-end de la débrouille: camping, bus, sandwiches, pot des fédés... Les jeunes ont leur place entière dans ce week-end, ils entendent bien organiser la solidarité pour participer aux débats (et tous les à-côtés qui font en réalité La Rochelle). La Rochelle est facile à pratiquer: de la gare à l'espace Encan, le parvis (haut lieu de sociabilité politique et du bal des à-côtés), le port, puis Chez Ernest (le fameux glacier ouvert tard dans la nuit) à défaut d'aller chez André (le resto des grandes figures du parti), on va au bar cubain pour un samedi soir endiablé. Et retour en plénière le dimanche matin à 9h30! Impossible de s'y perdre.
Boris : Et pendant l'UEPS, tu glandouilles comme tous les jeunes qui ont trop dansé et trop bu la veille ? ou tu bosses en H24 comme tout MJS qui se respecte ?
La politique, c'est comme la diplomatie. Ça se passe principalement dans les couloirs. En l'occurrence, sur le parvis, ou sur les terrasses du port. C'est là que c'est intéressant de voir qui parle avec qui, d'observer les alliances, conjoncturelles ou plus durables, de discuter de l'actualité (après tout, à La Rochelle, ça s'y prête bien: on peut être en désaccord, choisir son "camp" tout en étant très heureux de passer du temps avec les camarades et de ne pas être d'accord avec eux), et inévitablement, de siroter son café en regardant les plénières retransmises sur les écrans du parvis, en promettant que "la prochaine, c'est sûr, je suis dans la salle et je prends des notes". C'est là qu'on suit le mieux les débats, souvent intéressants au demeurant. La place stratégique, c'est au fond: on peut écouter et commenter en même temps avec ses voisins, sans oublier de faire une intervention, quand même: rien de tel pour sortir très heureux de son atelier avec le sentiment du devoir accompli et celui d'être fier d'être socialiste! Pas toujours d'accord, mais toujours camarades.
Boris : tu rêves un jour d'avoir des plumes ? Ton regard sur les grands chefs à plume:
Le respect irrévérencieux, c'est la diplomatie de la jeunesse. Surtout quand elle est socialiste. Forcément, elle n'a pas la même expérience des motions, ni la même vision du parti que ses aînés. On discute du prochain congrès, les débats s'enflamment toujours sur ce que les jeunes attendent de leur parti, sous le regard amusé mais en général bienveillant des plus expérimentés (l'air de dire "Vous verrez, vous verrez..."). Rendez-vous est pris pour la prochaine section! A la Rochelle, on peut lancer toutes les idées aux grands chefs croisés sur le parvis (enfin, si on arrive à ne pas mourir écrasé par la meute des journalistes, à laquelle se mêle inévitablement tel ou telle camarade de longue date..), l'interpellation et l'insolence politique polie font partie du jeu!
Merci Philomène...
Et maintenant une fin de conversation apocryphe :
Boris : Philomène, bon, ça a été rapide. On a le temps de prendre un café?
Philomène : Je peux pas. J'ai rendez vous avec Deleuze. Là.
Boris : Tu déconnes. Tu révises encore ta philo ? Mais t'arrêtes donc jamais d'étudier ? A quoi ça sert d'etre jeune si tu peux pas glander un peu ?
Philomène :Non. Non. J'ai rendez vous avec Paul Deleuze.
Boris : Paul Deleuze ? Trop drôle. Je croyais que tu me parlais de Gilles Deleuze...C'est moi qui ait fumé sur ce coup là...
Philomène : Ben.... C'est son petit fils. On s'est rencontré à Nanterre.... A la Fac.... C'est mon mec. On vient de s'installer dans le 18ème...On défait les cartons là si tu veux tout savoir.
Boris : Mais tu déconnes ? Mais c'est énorme !!!!! Respect pour toi et les tiens. Militante. De Gauche. Philosophe Deleuzienne. Et amoureuse d'un Deleuze junior.
La conviction jusqu'au bout de l'amour quoi...
A suivre...
Dans le prochain épisode de cette série, vous entendrez encore jacasser des militants; Vous commencerez à vous dire qu'il y en a marre de les entendre jacter. Et qu'il est temps que Boris fasse son boulot de premier fédéral. Au lieu de jouer au journaliste des inrocks qu'il n'est pas...euh pardon. Je voulais dire jouer au journaliste de mediapart qu'il n'est pas. Alors, pour tous ceux qui liront le prochain épisode, à paraitre samedi, il y aura une surprise et une invitation à la clé....pour une visite convivialité de Solférino...le lundi 25 :)
A retrouver sur ce blog jusqu’au Dimanche 30 Aout : L’université d’été de la Rochelle comme on ne vous l’a jamais racontée par un « observateur engagé », premier secrétaire de la fédération des français de l’étranger du Parti Socialiste. Amateur d’apéro et de belles idées.