Vous rêviez de ramener le FN à moins de 10 pourcent ?
Les Français de l'étranger l'ont fait. Sur plus de 550 000 suffrages exprimés, Marine Le Pen ne recueille que 6,46% des suffrages.
Si le FN est à un niveau faible au niveau des Français de l'étranger, il est fort dans l'hexagone, et notre formation politique doit incarner le combat contre l'extrémisme et le populisme, sans ambiguïté : Car le FN est un danger pour la République.
Le discours de Premier tour d'Emmanuel Macron n'a pas été à la hauteur de cet enjeu : C'est la République qu'il s'agit de sauver dans 15 jours.
Les ambiguités de Jean-Luc Mélenchon ont légitimement inquiété, lui qui nous avait pourtant habitué à lutter contre le Front National avec vaillance. La droite ne suivra pas, hélas, d'un seul bloc pour voter Macron. Bref, le péril est là.
En tant que militant et dirigeant du Parti socialiste, je voterai pour Emmanuel Macron le 7 Mai.
Ce vote ne sera ni un chèque en blanc, ni une adhésion à la politique Macroniste.
Il faudra assumer demain une opposition claire à un projet libéral qui n'est pas le nôtre, mais le faire sans sectarisme :
La relance européenne peut être un point de rencontre possible entre les socialistes et les Marcheurs, sous certaines conditions. Il y aura aussi surement, des réformes sociétales qui amèneront des parlementaires socialistes à soutenir des projets de loi proposés par le futur Président.
En revanche, les lignes rouges devront être tracées clairement, pour éviter l'affaiblissement des services publics, les atteintes au droit syndical, la progression des inégalités.
Entre le ministre d'un gouvernement socialiste qu'a été Emmanuel Macron, et le Président Libéral que pourrait être demain un Macron coincé dans ses alliances avec le centre droit et devant composer avec une droite forte à l'assemblée, il faut craindre rapidement l'effacement du social devant le rouleau compresseur d'un libéralisme échevelé.
Je suis convaincu que nous n'avons rien à gagner dans une dissolution au sein d'un rassemblement aux contours idéologiques vagues, et que nous devrons peser pour éviter la cure libérale qui pourrait advenir. Il faut certes prendre en compte une réalité : Si un tiers des français continuent à se sentir "de gauche", un gros tiers "de droite", beaucoup adhèrent au dépassement du clivage droite gauche : il y a donc un nouveau combat culturel à mener, contre "l'indifférenciation politique", pour redonner un sens autour d'un projet de société de gauche, tout en le faisant avec responsabilité :
Avec un FN aux portes du pouvoir, avec l'Europe en danger, avec le terrorisme toujours vivace, avec des facteurs de division d'un pays déboussolé, nous devrons mener cette opposition de manière claire et responsable, comme une formation qui aura vocation un jour à re-gouverner.
Nous avons trop souvent déserté le terrain des luttes sociales, nous nous sommes parfois coupés du monde intellectuel et universitaire, et nous devrons "réenchanter la gauche" en menant nos combats aux côtés des autres forces de gauche, politiques et syndicales, tout en assumant notre identité, social-démocrate, pro-européenne, réformiste, mais tournée vers la construction d'un projet de société novateur : C'est en ce sens que nous ferons reculer le sentiment, cultivé par le FN, que "nous sommes tous les mêmes", que seul le FN représente la véritable alternative pour demain.
Nous ne pourrons donc pas nous contenter de rénover, il nous faudra refonder profondément ce que nous sommes : La transition écologique, la transition européenne, la démocratie citoyenne, voilà sans doute les premiers éléments d'un projet à rebâtir pour demain. La société que l'on souhaite pour demain n'est pas libérale. Mais plus égalitaire, solidaire et tournée vers les autres.
Je suis intervenu hier soir, devant le Premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis et les membres du Bureau national présents en réunion à Solférino, pour rappeler tout l'intérêt qu'avait suscité le projet présidentiel de Benoît, qui a indiqué la bonne direction à prendre pour construire un monde meilleur et plus juste, une République plus bienveillante et fraternelle. Pour dire aussi ma fierté d'avoir mené ce combat au côté d'une équipe fédérale et militante renforcée par la venue de sympathisants de gauche qui ont étoffé notre dispositif de campagne et formé ça et là des groupes de soutien, au delà du cercle habituel des sections PS.
Il y a clairement une leçon à retenir de ce "dépassement" de nos structures d'appareils, même si nous avons depuis toujours l'habitude d'une double structuration associative et politique, au sein de l'association Français du Monde (une des deux associations reconnues d'utilité publique à l'étranger), qu'il faut renforcer plus que jamais et accentuer. Avoir un forum de toutes les gauches à l'étranger est déjà un atout capital dans la reconstruction de nos forces demain. C'est une singularité qui nous donne un temps d'avance.
Il faudra, pour les législatives, dégager un projet de campagne : Ne nous interdisons pas de valoriser la meilleure part du Quinquennat. Car trop souvent en 5 ans, nous n'avons su régler nos contradictions entre idéalisme et réalisme, autrement que par le conflit interne entre socialistes. Le spectacle de nos divisions nous aura affaibli.
La campagne des législatives peut nous ressouder, alors que le péril de la disparition/marginalisation des socialistes du paysage politique est réel. Le temps du congrès est des explications viendra, mais soyons conscients qu'il ne peut y avoir congrès, que s'il y a encore un parti, et donc des militants et des parlementaires socialistes. Il faudra savoir sortir de l'entre nous, sortir de nous même, et recréer un élan collectif à gauche.
La campagne des législatives sera lancée formellement le 9 mai à Paris, par un rassemblement des candidats socialistes à la Mutualité. Elle est déjà lancée dans bon nombre de fédérations.
Pour celles et ceux qui aiment les sports collectifs, et qui se sont déjà retrouvé en mauvaise posture sur un terrain de Foot ou de Rugby, Il est coutume de dire "on ne lâche rien", pour se remobiliser, se donner du cœur à l'ouvrage. Je crois donc que la formule est d'actualité : Sur le fond, ne lâchons rien dans notre lutte contre l'extrémisme et pour une République bienveillante, restons digne et droit et fidèles à ce que nous sommes : Les seuls combats perdus sont ceux que l'on ne mène pas.
Amitiés socialistes
Boris Faure
1er secrétaire fédéral FFE PS