5 ans après l'agression à coups de casque

"Il y a 5 ans à peine, un casque..."

j'ai failli oublier le 30 août sanglant dont une amie me rappelle la date anniversaire enfoncée comme un clou dans le calendrier dechiré de l'année 2017.

Rue Broca, Bam et Boum, la tête qui fait mal, qu'il parait grand et enragé le copain de la veille son casque à la main. 

Puis camion de pompier, gyrophare, on peut mourir sans tintamarre comme une glissade sur une pente doucement mauvaise.

Et la justice vient à petits pas, elle ouvrage, bétonne, tâtonne et dit la peine. Oui toute la peine. Faite d'articles de loi et de mouchoir imbibé de larmes.

les mots viennent alors sous la plume, comme un compte goutte d'elixir de vie distillé. ils agencent la réalité d'un ressenti fait de violence reçue  et de violence mise à distance. Écrire guérit. aussi. 

Reste le bilan a faire de ce fatras pas encore fini puisqu'il y a encore l'appel judiciaire à gérer. 

Que deviennent les agressés ? 

Des condamnés à demeurer agressés  pour la vie ? Des victimes de la violence politique d'une époque pas tendre  ? Des simples témoins autour d'une date : 30 août tragique pour soi alors que ce jour-là, aussi, il y a ceux qui rentraient de la plage, ceux qui avaient une bière à finir en terrasse, il y avait ceux qui s'embrassaient goulûment, il y avait tous ceux qui ne faisaient que bailler face aux corneilles sous le vent.

le 30 août 2017 il ne s'est donc surtout rien passé pour une majorité.

Alors victime ? 

au fond, oui. Tout seul. mais avec vous qui m'entourez de votre affection. Alors victime ? oui mais pas seulement :

30 août 2022 : Ce matin l'air est doucement frais, la lumière timide caresse les toits, dans mon casque de la musique d'aujourd'hui qui ne dit rien de l'époque mais dit tout de moi : 

Avancer donc en musique. C'est l'éthique de l'agressé. Et son esthétique aussi. 

"car il faut toujours garder suffisamment de musique en soi pour faire danser la vie". Pour plagier Céline. Et differer encore l'heure du grand voyage vers la nuit auquel nous sommes de toute façon tous conviés.

Crédit Photo : Léa Claire avec mon amitié et mes remerciements pour la photo émouvante