Il faut l'avouer, les fédéralistes européens seront nécessairement déçus par les propositions du président français concernant l'Europe.
Cécile Barbière, dans son article d'Euractiv, a le mérite de planter le décor dès le début :
« La refondation de l’Europe promise par Macron lors de son discours de la Sorbonne en septembre 2017 n’a pas eu lieu. Le programme d’Emmanuel Macron pour les Européennes, dévoilé dans une tribune publiée dans toutes les langues de l’Union européenne s’est donc recentré sur le thème de la protection. »
Terminé le souffle ambitieux des discours de la Sorbonne et d'Athènes, avec leurs élans quasi-fédéralistes !
« La souveraineté véritable.......doit se construire dans et par l'Europe ! » disait-il alors.
Aujourd'hui, exit la convergence fiscale en Europe, la réforme en profondeur de la zone euro, la mise en place d’une taxe sur les transactions financières à 28 pays, ou encore la réforme en profondeur de la Politique agricole commune.
Depuis, les nationalistes ont multiplié les victoires électorales et les réformes rêvées à la Sorbonne et à au pied de l'Acropole se sont heurtées à la règle mortifère de l'unanimité, sans parler des réticences d'une Angela Merkel trop diminuée politiquement.
Le président nous propose aujourd'hui un resserrement autour du thème des frontières et du protectionnisme.
Quant au volet de la protection sociale, le président reste trop vague et dans une approche beaucoup trop libérale pour convaincre.
Enfin, la grande ambition « d’une Europe souveraine, unie et démocratique » prononcée à la Sorbonne, qui laissait imaginer un saut fédéraliste, a disparue. Désormais, les propositions les plus marquantes sont de nature encore encore plus intergouvernementale.
En fait, le président qui se voyait en leader de l'Europe, a plié devant une dure réalité. Est-ce un moyen de la contourner ? Cela s'apparente plus à un recul, car l'intergouvernementalité ne peut en aucun cas être la solution. C'est au contraire la cause principale de l'échec de l'Union Européenne.
Emmanuel Macron ne deviendra pas le leader de l'Europe qu'il veut être, en renforçant le poids des États-Nations dans l'Union.
Son appel est non seulement décevant. Il est un appel à l'immobilisme. Le combat fédéraliste doit se poursuivre plus que jamais !
Gérard BOUQUET
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