La "querelle du collège" est exemplaire d'un vieux débat fondamental; celui de l'équilibre entre le besoin de compétences et le besoin de démocratie, entre l'élite et le peuple.
La démocratie étant le pouvoir du peuple de participer directement aux décisions concernant la vie de la cité, alors, théoriquement, c’est la démocratie qui rend compétent et non la compétence qui permet d’être démocrate et décideur public.
Tout citoyen a le droit de se présenter aux élections et de représenter le peuple, indépendamment de ses compétences techniques.
Il existe donc deux risques centrifuges:
- que sans élite suffisante, le collectif ne progresse ni techniquement, ni intellectuellement,
- a contrario, que l’élitisme mine la démocratie, en créant une classe sourde aux attentes des citoyens.
Mais, le peuple peut-il se passer d'une certaine élite, dans le gouvernement de la société et son progrès ?
La réponse est "non". Dès lors, tout l'équilibre démocratique repose sur le contrôle.
Or la montée des idées extrémistes s'appuie sur la certitude, qu'une élite privilégiée échappe à tout contrôle.
La solution n'est donc pas dans une volonté infantile de détruire ce qui apparait, par exemple dans l'enseignement, comme des "signes extérieurs d'élitisme", mais, au contraire, de favoriser l'accès démocratique à une élite indispensable au progrès et d'en réorganiser le contrôle démocratique, par une réforme des institutions.
Gérard Bouquet