Dans Le Monde, du samedi 18 juillet 2015, Donald Tusk, dans une très intéressante entrevue, dit penser que "l'atmosphère, aujourd'hui, est très similaire à 1968 en Europe".
Et, il ajoute, dans une très belle allusion aux Lumières, que le Vieux Continent a "trop de Rousseau et de Voltaire, pas assez de Montesquieu".
Qu'un libéral catholique n'ait pas de sympathie particulière pour Voltaire, admettons !
Pour Rousseau, il faut discuter. Car ce qu'il manque incontestablement à l'Union Européenne, c'est un "contrat social", qui permettrait d'entrainer l'adhésion des citoyens au projet, un projet à redéfinir.
Enfin, en faisant l'éloge de Montesquieu, le président du Conseil européen prend un risque.
Car c'est bien Montesquieu, qui dans "L'esprit des lois" a défini ce qui allait devenir le principe de séparation des pouvoirs.
Or dans la gouvernance actuelle de l'Union, c'est uniquement une addition des exécutifs nationaux, qui dirige.
La Révolution, même minime, comme celle de 1968, n'éclate que lorsque la réforme a échoué.
Alors, ne choisissons pas entre les trois philosophes !
Prenons Voltaire, pour la vigilance sarcastique, la tolérance et la liberté de penser.
Rousseau pour la nécessaire adhésion du peuple souverain.
Et Montesquieu, pour la mise en œuvre d'institutions sages et équilibrées.
Gérard BOUQUET