"L'altération c'est le mouvement de l'altérité radicale. L'altérité qui s'excède et par conséquent rend impossible la prise de l'altérité."
Boyan Manchev, L'altération du monde
Boyan Manchev est philosophe, il enseigne à la nouvelle université de Bulgarie à Sofia et assure la vice-présidence du Collège international de Philosophie. Il a publié L'altération du monde et dernièrement La métamorphose et l'instant. Il publie régulièrement des écrits critiques sur la danse.
La matière - cela même qu'il y a - essentiellement se modifie. Elle n'est pas une substance elle est l'extension et l'expansion des modes, ou bien pour le dire de la manière la plus exacte, elle est l'exposition de ce qu'il y a.
La véritable radicalité de la thèse sur l'altération, consiste avant tout dans le rapport qu'elle établie entre le concept de matière et l'idée de forces activent du processus de subjectivation. Le processus de subjectivation est pensé en tant que processus matériel, car il s'effectue par le biais de l'opération altérante : L'altération de la matière sensible. Le sujet processus est pensé non comme ce qui soustend la permanence et l'identité de la matière, lors du changement incessant et déchainé des formes, mais comme la métamorphose elle-même.
A partir de la notion d'altération qu'il trouve chez Georges Bataille, auteur dont il s'est infecté, Boyan Manchev tente de penser l'être à partir de son bord. Là où il est en friction avec le monde. Altéré et infecté par de l'autre. Avec le matérialisme révolutionnaire emprunté à Georges Bataille, Boyan Manchev veut croire en l'existence d'une force de persistance de la matière qui lui interdirait de s'actualiser totalement, c'est-à-dire de se figer dans une forme. Si nous le suivons, la forme ne serait pas un élément stable, mais un mode dynamique indissociable de l'informe. Boyan Manchev propose une philosophie du mouvement imaginant le corps comme une composition d'instants singuliers, un conglomérat de greffes. Un corps sans puissance pure, c'est-à-dire porteur d'une énergie composite qui ne peut-être réductible à sa captation. Une puissance indomptable, échappant à son exploitation. Ses écrits nous donnent des outils pour penser un monde non fini et un corps non immunisé à la puissance transformatrice de l'expérience sensible.
La vie, c'est l'excès permanent de la vie. La vie - ce qui ne peut jamais être organisé jusqu'au bout : la dés-organisation de la vie.
Boyan Manchev, La métamorphose et l'instant.
Source, podcast : revue radiophonique A Bout de Souffle
Durée : 125 minutes
Musique : Otomo Yoshihide & Biosphère Deathprod