
Bernardo Montet et Thomas Ferrand au Théâtre National de Chaillot jusqu'au 10 octobre 2009
Ecrit à partir d'une présentation du travail en cour de réalisation.
Par quel bout prendre etreprendre la phrase quand celle-ci s'achemine à partir d'une ébauchequi ne serait que la vision secrète d'un mouvement en cours.
Je vais tenter depoursuivre ce dans quoi mon regard s'est pris et suivre le dessin decette archéologie mentale de la mémoire qui s'offre et se retire.Et de cette absence blanc de la feuille et de l'écran préfigurerquelques sillons.
C'est ainsi alors que jeviens ouvrir, de cette phrase qui vient du plus lointain, se perded'abord dans les mots de l'autre et faire ainsi le deuil de ce que lamémoire n'a pas restitué et de ce que les mots altèrentirréversiblement :
« ... c'est-à-direqu'une humanité veille sur celle qui dort, et celle qui dort rêvede celle qui ne dort pas. »
Pierre Guyotat, Comas
Même dans la nuit laplus obscure, ce que le rêve porte encore, cauchemar aussi, c'est lalumière qui découvre au regard mental des corps et des objets quele jour dans sa propre lumière a laissé passer sans que le regard –extérieur jour – s'y attarde vraiment, laissant ces corps et cesobjets sans nom et en reste.
La lumière est l'animalvivant qui articule notre présence au sein de ce monde, animal quinous accouche sur le bord du visible et nous expose à l'ensemble duvivant, nous voilà bordé entre la lumière et le regard.

C'est à partir de cetteimage que le croisement des traverses s'effectue entre BernardoMontet et Thomas Ferrand. C'est à partir de cette image quel'accroche s'est décidé, et que les geste vont reconstituer tout enl'inventant l'Histoire de cet homme et de cette lumière. Le geste etles trajectoires sont comme l'élongation de cette image que ledanseur lève, couche, tremble. Chacun devient le fantôme de l'autreet l'on ne sait plus qui vient bouleverser la quiétude de l'autre.C'est tout le reste du monde qui s'en trouvera inquiété.
Switch me off,injonction.
"Demandez-vous pourquoi vous avez inventé le nègre ? "
Une sur-expositionsoudaine dans laquelle le corps ne pourrait plus se maintenir sansêtre brûlé par la lumière et disparaître. Eteints moi c'esttrouver une issue, une façon de paraître à partir de ce quijusqu'à lors était l'invisible du monde.
Le regard est alorsprojeté dans une nuit profonde dans laquelle il s'abîme, touche cequi ne voit pas et se voit ne plus voir.
Une possibilité de semaintenir dans ce monde, de retrouver des lignés fabuleuses et àvenir. C'est sur un plateauconstitué de terre que les pieds chercheront la trace et labourentencore et encore, creusent cavités souterraines.
La trace alors porteused'Histoires, de prières, de luttes, des chants de la mère, dusouffle effondré du père, du fouet du maître, de la révolte duputain.
C'est donc sur cetteterre meuble que les pas entraînent un corps en devenir. Un corpsqui s'offre et se refuse entre nuit et lumière pour unedanse des sous sols qui irrigue notre champ de perception pour nousconduire vers cette présence de l'homme noir.
Terre meuble danslaquelle nous, vivants, portons les morts. Terre meuble qui est notresurface de partage entre morts et vivants, entre le minéral et levégétal.
à suivre...
En attendant vous pouvezvous rendre à Chaillot ce soir et samedi soir...
Si vous manquez aurendez-vous :