Je n'aime pas qu'on me touche.
En dehors des amis intimes et de la famille, j'érige entre les autres et moi une barrière qui dit tenez-vous à distance. A chaque fois qu'une personne franchit cette limite pour me témoigner physiquement de l'amitié ou de la sympathie, je me sens mal et je n'ai, pendant tout le temps que dure l'étreinte, qu'une seule pensée, qu'une seule envie : que ça se termine.
Voir Emmanuel Macron, lors de manifestations sportives, s'emparer du corps des athlètes réveille en moi le même malaise que celui que je perçois quand une personne m'étreint alors que je n'ai donné aucune information, laissé poindre aucun signal, témoigné aucun désir, que l'intonation de ma voix n'a pas fléchi, que mon corps n'a pris part à aucun mouvement, à aucune réaction, qui aurait pu laisser penser qu'une étreinte était possible.
Emmanuel Macron ne semble avoir aucune limite corporelle, il accède à l'espace intime de ses interlocuteurs avec l'aisance de celui qui se croit en être légitime, il empoigne et embrasse avec l'intensité d'un amant, et finit par verrouiller, pour celui qui est pris au piège, toute possibilité de se libérer. Il est le mâle alpha par excellence : dans l'espace public, tout lui est dû.

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Dans sa dernière apparition, Emmanuel Macron est l'autre parent sur la photo. Il tient la fille de Teddy Riner par les épaules et la pousse, affectueusement, comme le ferait une maman aimante, vers les bras de son père sur le podium. L'exaltation est totale.
Emmanuel Macron vient de violer l'espace habituellement intime d'une famille. Il est entré par effraction, s'est servi et reparti.
Si les concerné.e.s peuvent être à l'aise avec l'attitude du Président et ne pas partager le sentiment que je viens de décrire, on peut légitimement se demander si c'est son le rôle de prendre, au moment de la photo, la place de la mère.