Agrandissement : Illustration 1
Où le danseur d'un soir - pas n'importe quel soir, le dernier de l'année calendaire - est aux aguets d'une "fenêtre sur le dehors" dans l'espace sonore, souvent en langue anglaise, qui sature le lieu clos, mythique, sis dans la rue des Petites Ecuries, dans la pénombre sans cesse percée par des halos lamés ... Cette fenêtre, alors, s'apparenterait-elle, au milieu d'un flot de morceaux dynamiques, remixés à souhait, à un seul fruit musical de la passion brésilien, qui viendrait flotter sur d'improbables "alcools" forts et anglo-saxons, toujours électroniques, remixés et zig zaguants, cette nuit-là ? Et le passeur de ce joyau musical, sans coup férir, ne peut alors être que le DJ, là sur la scène du New Morning, pour ce Grand Réveillon, avec sa casquette et son casque audio, de biais, maître des montages... Voyagés et mouvants, entre fade out et fade in, au cordeau, ses enchaînements ne laisseront, pourtant, en rien, prévoir au danseur les premiers accords de Toda menina Baiana, totalement remixés, qui fusent alors, dans l'amont des aiguilles du temps qui marquent deux heures.
Agrandissement : Illustration 2
Cette fusée, brésilienne, signée Gilberto Gil*, une absolue surpresa, pour les plus effrénés de la salle, une transition dans le tempo sonore, où le refrain n'est plus la base, entre loops et reverbs, mais s'absente, remplacé par des montées en puissance successives, pour maintenir vive l'énergie du danseur, qui entonne, tantôt en chœur, les couplets ("Que Deus deu / que Deus dá"), tantôt isolément des ponts, lissés, du portugais.
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Toda menina baiana tem
Um jeito que Deus dá
Toda menina baiana tem
Defeitos também que Deus dá
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(*) « Toutes les jeunes filles de Bahia », a été écrite pour l'une de ses filles, Nara, en 1979, et a été incluse dans l'album "Realce".