Depuis 2019, selon les propres données de la police fédérale (PF), révélées à la presse en ce début de janvier 2025, 5.406 enquêtes ont été ouvertes pour enquêter sur ce type de violations, environnementales, et seulement dans 1.385 cas, le processus a abouti à une mise en examen. En d'autres termes, dans 75 % des cas, il n'y a pas eu d'inculpation.
Après cette étape, il appartient encore au ministère public (MP) d'analyser la documentation envoyée par la police. S'il est d'accord, il propose un acte d'accusation aux tribunaux, qui peuvent alors, s'ils le jugent plausible, le recevoir et, alors seulement, commencer à juger l'affaire et éventuellement décider d'une condamnation.
En d'autres termes, l'acte d'accusation n'est que la première étape du long, très long, processus de responsabilisation.
Contactée, la PF a indiqué que ce taux n'est pas très éloigné du taux général de mise en examen : 28 % du nombre total d'enquêtes ouvertes pour enquêter sur tous les types de crimes. Mais la PF souligne que son taux de résolution est actuellement de 89,5 % pour les crimes environnementaux (pas exclusivement les incendies et la déforestation). Difficile de la croire. « Afin d'essayer d'augmenter le taux de résolution des crimes environnementaux liés aux incendies de forêt, il y a eu une intensification de la formation de la police, l'adoption de nouvelles technologies telles que les images satellites, la coopération avec d'autres agences et avec la police d'autres pays pour échanger l'expertise », a pourtant déclaré la PF dans un communiqué.
Les données compilées par la PF à la demande du quotidien Folha de Sao Paulo montrent que de 2019 à la fin 2024, 361 enquêtes ont été ouvertes sur des incendies, mais seulement 72 ont abouti à au moins une mise en accusation. En 2024, le Brésil a, de plus, été confronté à une grave crise des incendies de forêt, et tant le gouvernement Lula da Silva que le Tribunal suprême fédéral (STF) ont fait pression sur la police fédérale pour qu'elle mène des enquêtes plus approfondies.
En 2023, le nombre d'enquêtes ouvertes sur des incendies a augmenté : il y en a eu 119, alors qu'au cours des cinq années précédentes, ce nombre n'avait jamais été supérieur à 70. La PF a précisé que sur les enquêtes ouvertes en 2024, 101 sont toujours en cours, mais seulement 9 ont déjà abouti à des mises en examen.
Dans le Mato Grosso do Sul, au moins deux enquêtes moins importantes ont été ouvertes pour déterminer les responsables des incendies qui ont dévasté le Pantanal en 2024. L'une d'entre elles remonte au 20 septembre 2024, date du lancement de l'Operação Prometheus, lorsque les données recueillies ont montré que les zones étaient la cible d'accaparements de terres.
Dans cet État, selon la PF, l'occupation irrégulière totalisait 6.419,72 hectares, utilisés pour l'exploitation économique de l'élevage de bétail. Les recherches effectuées dans la région indiquent l'existence d'au moins 2.100 têtes de bétail sur des terres qui appartiennent à l'Etat fédéral, mais on estime que plus de 7.200 animaux ont été élevés là pendant toute la période couverte par l'enquête. L'expertise policière indique un préjudice de plus de 200 millions de R$ (36,3 millions US$) dans l'exploitation du groupe économique cible de l'enquête policière et judiciaire.
L'autre enquête remonte au 10 octobre 2024, dans le cadre de l'enquête déclenchée par l'Operação Arraial São João. Les expertises de la police fédérale ont permis d'établir qu'environ 30.000 hectares du biome du Pantanal avaient été brûlés par les parties visées par l'enquête. Cette catastrophe a eu un grand retentissement, car le pic des incendies s'est produit le week-end de la fête traditionnelle de la Saint-Jean à Corumbá, révélant des images saisissantes lorsque les rives du fleuve Paraguay se sont embrasées.
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Sources : Folhapress et autres.