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Billet de blog 5 novembre 2024

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L'extrême droite, fil rouge des conseillers municipaux les mieux élus de São Paulo

Un influenceur sur YouTube, bolsonariste, transphobe, de 26 ans. Une employée de banque dont la fille de 5 ans a été tuée. Un vétérinaire d'extrême droite de 34 ans. Un policier militaire présumé ex-membre d'escadron de la mort. Ce sont les 4 conseillers municipaux, du total de cinquante-cinq, les mieux élus à São Paulo, ce New York de l'Amérique du Sud aux 11,5 millions d'habitants, le 6/10/2024.

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Illustration 1
Lucas Pavarato

Avec l'élection du gouverneur bolsonariste Tarcisio Freitas en octobre 2022, avec l'élection du maire bolsonariste Ricardo Nunes et celle massive de conseillers municipaux d'extrême droite en octobre 2024, c'est dorénavant une véritable gangue fasciste qui enserre toutes les structures politiques de São Paulo, 21e économie du monde et premier PIB du Brésil.
  
Le conseiller municipal qui a obtenu le plus de votes est le bolsonariste Lucas Pavanato (PL), 26 ans, qui a reçu 161.386 votes (2,78% des votes validés), soit le plus grand nombre de bulletins reçus de tout le Brésil. Influenceur sur YouTube. Transphobe, anti-avortement, il promet de présenter des programmes tels que ... l'interdiction ... pour les personnes transgenres d'utiliser les toilettes ou de pratiquer des sports en fonction de leur sexe. Je m'arrête là.
  
L'élu municipal qui a obtenu le deuxième plus grand nombre de votes est une femme, employée de banque. Ana Carolina Cunha de Oliveira, dite Ana Carolina Oliveira, avec la banderole électorale du combat contre la violence envers les enfants*. Sous l'étiquette du parti de droite Podemos. En 2022, ce parti hébergeait l'ex-juge Sergio Moro, ex-ministre de la justice de Jair Bolsonaro, et alors putatif candidat à l'élection présidentielle. Mais cette Oliveira n'est pas n'importe quelle femme, en quelque sorte, car son "affaire" avait eu un grand retentissement au Brésil. Dans la nuit du 29 mars 2008, à São Paulo, sa fille, Isabella Nardoni, âgée de 5 ans, a été assommée puis jetée du sixième étage d'un immeuble d'un quartier aisé, d'un appartement où étaient présents le propriétaire et père (âgé de 29 ans) de l'enfant, ex-mari de la nouvelle élue de 2024, et sa compagne. Les deux adultes ont été condamnés à 31 ans et 26 ans de prison, pour homicide, puis écroués. Les deux infanticides ont été libérés en juin 2023 et mai 2024. Le 6 octobre, la mère biologique, Ana Carolina Oliveira, a été élue avec 129.563 votes. Avec ce curriculum vitae et la banderole de la lutte contre la violence contre l'enfance, et rien d'autre. En 2023, la télévision sur abonnement Netflix a produit le documentaire "A Life Too Short: The Isabella Nardoni Case".
  

Illustration 2
Doutor Murillo Lima

Doutor Murillo Lima, de son vrai nom Murillo De Oliveira Lima, défenseur des animaux, a une affiche de campagne électorale qui suffira au lecteur de ce blog. Il a été élu sous l'étiquette du parti PP (droite dure), qui a participé aux gouvernements Bolsonaro.
 
 
 

Illustration 3
Sargento Nantes ROTA

"Sargento Nantes", de son vrai nom Israel Nantes Santos, sous l'étiquette du PP, a obtenu 1,94% des votes valides, soit 112.484 bulletins. Policier militaire depuis vingt ans, il a été le quatrième conseiller municipal le plus voté dans la ville, le 6 octobre 2024. Avec un discours extrémiste contre le communisme, l'avortement et la gauche, il occupera pour la première fois un siège au conseil municipal dès le 1er janvier 2025.
Mais les composants de la fiche noire de cet individu ne s'arrête là. Le quotidien Folha de Sao Paulo a révélé il y a quelque jours, qu'il avait été arrêté en 2015, et été écroué seize mois, soupçonné d'avoir tiré sur quatre collègues policiers militaires, en uniforme. Cette action avait été décrite par le ministère public (MP-RJ) comme « typique d'un groupe d'extermination ». Toutefois, ensuite, il a été acquitté par les tribunaux.
L'affaire qui a conduit à son arrestation s'est déroulée en juillet 2015, lorsque lui et trois policiers militaires, tous hors service, ont été arrêtés parce qu'ils étaient soupçonnés de tentative de meurtre dans la ville de Sumaré (SP) et d'avoir tiré sur quatre autres policiers militaires, alors en patrouille là, pendant leur fuite.
Malgré les soupçons, le sergent et les autres personnes impliquées sont restés dans la police militaire (PMESP) après avoir été acquittés.
Dans la nuit du 8 juillet 2015, des députés patrouillaient dans le quartier de Jardim Maria Luiza, une favela à la périphérie de Sumaré, lorsqu'ils ont entendu des coups de feu. Lorsqu'ils se sont approchés, ils ont trouvé quatre hommes armés qui ont commencé à tirer, deux d'entre eux portant des fusils, ce qui a conduit à une fusillade intense. Les policiers attaqués ont déclaré que « les suspects ont tiré pour tuer ». Au cours de la confrontation, les policiers ont tiré 51 coups de feu ; bien qu'ils n'aient pas été blessés, deux des suspects ont été touchés.
Les suspects ont pris la fuite à bord d'une voiture de la marque Chevrolet, modèle Celta de couleur argent, mais le véhicule a été localisé peu après dans une autre ville, voisine, Paulinia (110.000 hab.). Lorsqu'ils ont été approchés, les occupants ont été identifiés comme étant des policiers en civil. Selon une déclaration du policier militaire Moisés Rocha Santana, l'un des hommes a dit à plusieurs reprises qu'il était le « sergent Nantes de la Rota » [la Rota est le bataillon le plus létal de la police militaire de Sao Paulo, la PMESP] et a mentionné que deux d'entre eux étaient blessés.
Deux des suspects blessés ont été transportés à l'hôpital, tandis que "Sargento Nantes" et un autre policier ont été arrêtés et écroués. Au cours de l'incident, "Sargento Nantes" a choisi de garder le silence et n'a donné aucune explication sur le véhicule Celta dont les plaques d'immatriculation avaient été falsifiées.
Un lieutenant policier militaire, de la ville de Campinas, officier, supérieur de deux des suspects, a affirmé que les policiers « cherchaient des femmes » dans la région et que, lorsqu'ils sont tombés sur des criminels, ils ont été impliqués dans une fusillade et ont pris la fuite. L'arme du député prêtée à "Sargento Nantes"  a disparu cette nuit-là.
Selon l'enquête interne du bataillon Rota, « Israël Nantes Santos a déclaré qu'à la date des faits, il se trouvait à bord d'un véhicule Celta de couleur argent, dont il ne connaît pas les numéros de la plaque, [...] au moment où il s'est rendu compte qu'on leur tirait dessus, il a jeté l'arme vers le plancher du véhicule, sans savoir avec certitude si elle était tombée à l'intérieur ou à l'extérieur du véhicule ».
Les policiers attaqués ont déclaré qu'il n'y avait pas d'autre véhicule dans la zone et que les suspects à bord de la Celta étaient les mêmes que ceux qui leur avaient tiré dessus. Le procureur Gaspar Pereira da Silva Júnior a indiqué dans la plainte que les quatre policiers s'étaient rendus à Sumaré avec l'intention de commettre un homicide, qui n'a été déjoué que par l'arrivée des policiers militaires en service. " La tentative de meurtre a été réalisée dans le cadre d'une activité typique d'un groupe d'extermination." L'arrestation des suspects présentait toutefois des lacunes qui auraient pu entraver les enquêtes de la police civile (PCRJ). Par exemple, la police de Paulínia n'a pas fouillé les suspects et n'a pas inspecté leur  véhicule, alléguant qu'ils avaient donné la priorité à l'aide aux blessés. En conséquence, les armes prétendument utilisées lors de l'attaque n'ont pas été saisies, ce qui a été utilisé par la défense pour plaider en faveur de la libération des accusés.
La direction de la police militaire (PMESP) a expliqué que les suspects sont restés dans la corporation parce qu'ils ont été acquittés par le tribunal. Dans un communiqué, la corporation a expliqué que « les policiers cités ont répondu à une affaire criminelle dans la sphère ordinaire et ont été acquittés, avec une décision finale en février 2018. À la lumière de l'acquittement, le processus administratif initié par l'institution a été clôturé. »
En ce qui concerne la disparition de l'arme, l'enquête a conclu à une faute disciplinaire, dont le montant a été déduit du salaire de "Sargento Nantes", qui a également reçu une punition d'un jour de caserne. Nantes a déclaré dans un communiqué que les accusations "sont fausses (...)  J'ai été acquitté de toutes les accusations infondées relatives à l'incident de 2015. L'allégation d'un prétendu échange de tirs avec d'autres policiers est tellement absurde que le bureau du procureur n'a même pas vu de raison de déposer des accusations criminelles et a demandé que l'enquête soit clôturée. "
Courant octobre 2024, le sergent de la police militaire a souligné qu'il avait toujours agi dans les limites de la loi : « Ma carrière de plus de 20 ans, que ce soit dans la police militaire ou à la Rota, a toujours été guidée par l'éthique, la morale, le strict respect de la loi, la lutte contre la criminalité et la défense des bons citoyens ». Le nouvel élu s'est également interrogé sur le moment choisi pour lancer ces accusations : « Ce n'est pas une coïncidence si, après les résultats des élections, de vieilles accusations, qui ont déjà été rejetées et jugées avec force de chose jugée, sont déformées et remises à l'ordre du jour. Qui est intéressé par le sauvetage de ces mensonges qui ont déjà été annulés par les tribunaux ? ».
    

(*) Sous cette bannière marketing de "parent dont l'enfant a été tué", un autre candidat, Leniel Borel, a été élu également sous l'étiquette du parti de droite dure PP, étroit complice gouvernemental puis législatif du bolsonarisme depuis 2018. Il a obtenu 34.359 votes, soit 1,13% du total des bulletins valides.


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Lucas Pavanato (PL, bolsonariste) - 161.386 votes
Ana Carolina Oliveira (Podemos, droite) - 129.563 votes
Doutor Murillo Lima (PP, droite dure) - 113.820 votes
Sargento Nantes (PP)  - 112.484 votes
   


 
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A noter que ... Carlos Bolsonaro, réélu pour son septième mandat consécutif à Rio de Janeiro, a été le second conseiller municipal le plus voté du Brésil, avec 130.480 votes, ce qui constitue un nouveau record, par rapport aux votes reçus lors du mandat précédent. Malgré les dizaines d'enquêtes journalistiques, policières et judiciaires qui ont pesé ou pèsent sur lui, depuis 2018.

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