Un dessinateur de presse brésilien détonne Charlie Hebdo

Carlos Latuff : « Le rôle du caricaturiste, que ce soit en démocratie ou en dictature, est un rôle de combat. Le dessinateur est un artiste de combat, un artiste de tranchée. Mais il faut être très responsable. Sinon, une mauvaise caricature peut contribuer à criminaliser un segment, comme les caricatures avec des attaques racistes, xénophobes et islamophobes, comme Charlie Hebdo l'a fait en France. (...) Je ne suis pas un fan de leur travail [Charlie Hebdo]. Un journal qui se veut progressiste a adopté une pensée anti-immigrés et anti-musulmans. Dès qu'il a décidé de ne pas critiquer la manipulation de la religion par certains dirigeants islamiques, mais de s'attaquer gratuitement et lâchement à la foi islamique (...) Charlie Hebdo a enlacé ["abraçou"] l'agenda de l'extrême droite. Ceci ne signifie pas que la réponse à ces attaques, à ces offenses ait été juste. Bien sûr que non. Toute personne de bon sens ne peut approuver que des dessinateurs de presse ou quelque personne que ce soit soit fusillé pour ses opinions. Cette attaque doit être regrettée et condamnée, mais il est nécessaire de comprendre que Charlie Hebdo a choisi d'enlacer ["abraçar"] cette pensée d'extrême droite (...) Charlie Hebdo n'a pas traité la question palestinienne et Israël avec autant de véhémence ou de virulence, par exemple. Quiconque critique le génocide qui se déroule aujourd'hui à Gaza est immédiatement taxé d'antisémitisme. En Europe, à l'époque [de l'attentat] et aujourd'hui, il est très facile d'attaquer les musulmans et les immigrés. C'est un coup bas et c'est facile. »
 
Latuff à l'époque, n'avait pas adhéré au slogan "Je suis Charlie". Et rappelle, en ce début de janvier 2025, pourquoi.
« Dire "Je suis Charlie" signifiait pour moi, à l'époque, que j'approuvais l'attitude du journal qui avait publié ces caricatures offensantes contre Mahomet et les musulmans. Je regrettais et condamnais l'attentat. Mais c'est tout. Ils ont perdu la vie au nom de la cause de l'extrême droite, qui est encore aujourd'hui contre l'Islam, les Arabes et les immigrés, ce qui est regrettable pour un journal qui se veut progressiste.»
 
Et le dessinateur de presse d'enfoncer le clou : « Si l'intention était simplement d'offenser, comme ils l'ont fait en représentant Mahomet d'une manière offensante, c'est puéril et irresponsable ».
 
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Les dessins de presse de Carlos Latuff - né en 1968 à Rio de Janeiro, dont un grand-père, qu'il n'a jamais connu, était libanais - qui ont déjà été publiés dans ce blog sont visibles ICI.