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Billet de blog 12 juillet 2024

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" Je veux que vous, Blancs, écoutiez mes paroles et défendiez notre Forêt "

Dariza et Mozarildo Yanomami font partie du groupe des cinq auteurs indigènes de "Diários Yanomami: Testemunhos da destruição da floresta" qui avaient pour mission de lancer leur livre le 5 juillet 2024 à São Paulo - et de faire écho au cri du peuple Yanomami - lors de l'un des plus grands événements littéraires du pays, la Feira do Livro.

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Illustration 1
e Diários Yanomami: Testemunhos da destruição da floresta © Instituto Socioambiental (2024) (org.: Corrado Dalmonego)

Lettre de Darysa Yanomami aux non-indigènes 


C'est vrai, j'ai fait mes recherches parce que nous, les Yanomami, nous voulons vivre bien et en bonne santé.
 
Après avoir fait ces recherches et fait connaître ce que nous avons écrit, je veux que d'autres Yanomami soient informés à leur tour.
  
Mais je veux aussi que vous, les Blancs, écoutiez mes paroles et défendiez notre Forêt, c'est pourquoi j'ai fait cette recherche.
 
Nous, les Yanomami, nous ne voulons pas souffrir. Nous voulons vivre dans une belle Forêt, et pour cela je veux faire entendre ma voix.
  
J'ai écrit mes recherches, après les avoir notées dans mon carnet, je les ai tapées sur l'ordinateur, puis Corrado s'est chargé de la traduction.
 

Dans le cadre de mes recherches, j'ai interrogé les femmes Yanomami. Elles entendent dire que les orpailleurs illégaux dévastent notre forêt, elles voient que nos enfants souffrent de malnutrition et elles affirment haut et fort qu'elles ne veulent pas que les orpailleurs s'approchent. Lorsque les orpailleurs sont près, la forêt devient polluée, sale, les poissons s'épuisent, les enfants maigrissent, et c'est comme cela que les gens deviennent.
 
Cela a été, pour moi, une bonne chose de faire de la recherche, je suis donc satisfaite de ce travail.
 
Aujourd'hui, nos recherches sont devenues un livre, elles sont visibles, et je suis donc satisfaite.

Maintenant, vous, les non-autochtones, pouvez lire nos paroles. C'est une bonne chose pour moi.
  
Ce livre contient nos pensées, nous qui sommes des femmes Yanomami : comment, nous, pensons vraiment.
 
En lisant ces mots, vous penserez vous aussi comme il faut.
 
Vous allez connaître les souffrances des Yanomami et je veux que vous défendiez aussi notre forêt.
 
Voilà, c'est comme ça que je voulais vous parler, ici à São Paulo, moi qui ait fait cette recherche.

Illustration 2
Darysa Yanomami et Mozarildo Yanomami devant la peinture murale avec des motifs Yanomami, au Museu de Culturas Indígenas, à São Paulo © DR

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Lettre de Mozarildo Yanomami aux non-indigènes

 
Je suis un chercheur Yanomami et j'ai travaillé avec mes partenaires de l'Instituto Socioambiental, du Diocèse de l'Etat du Roraima et de l'association Hutukara Yanomami. Nous avons mené une recherche appelée Urihi Temi (pour nous, cela signifie "forêt vivante") et nous avons écrit sur la destruction que l'exploitation minière illégale provoque sur nos terres Yanomami.

Nous avons commencé à travailler sur cette recherche en 2021, mais j'étais déjà consciente de ce qui se passait auparavant. J'ai vécu dans deux zones de terres yanomami : l'une où les explorateurs miniers illégaux travaillent depuis longtemps et l'autre où ils n'ont fait que détruire un peu et sont partis. J'ai vu tout cela de mes propres yeux. 

Ces organisations nous ont aidés à faire nos recherches, et maintenant vous pouvez voir notre travail dans un livre.

Si j'avais travaillé seul, peu de gens auraient pu lire mes mots. L'Instituto socioambiental (ISA), le diocèse de l'Etat de  Roraima et l'association Hutukara nous ont soutenus. C'est pourquoi vous pouvez maintenant lire ce livre et apprendre ce que les orpailleurs illégaux font là où nous vivons, sur notre Terre Yanomami. Les mots écrits dans ce livre montrent la destruction causée par l'exploitation minière, alors écoutez ces mots !
 

Je ne l'ai pas écrit sans raison. Vous tous, les Blancs qui vivez dans des endroits différents et qui maintenant êtes ici à la Feira do Livro de São Paulo, jetez un coup d'œil à ce livre ! Une fois que vous aurez lu notre livre, vous aurez les idées claires ! Vous nous défendrez contre les orpailleurs, qui causent toute cette souffrance.
 

Je sais que vous, de loin, vous qui vivez ici à São Paulo, vous nous avez déjà défendus. Je sais que vous connaissez déjà les souffrances que les orpailleurs causent aux Yanomami. Je sais que vous savez que la forêt est en train d'être détruite. Certains d'entre vous veulent s'inspirer du livre que nous avons écrit.

Une fois que vous aurez lu ce livre, je serais heureux que vous puissiez faire pression sur les députés, les sénateurs et les autres hommes politiques qui prennent les décisions au Brésil.
  

Je sais... il y a des gens, parmi les Blancs, qui pensent que les orpailleurs peuvent rester sur les terres des Yanomami. Il y a des gens qui pensent cela. Nous, les indigènes, vivons ici au Brésil, les Yanomami et d'autres indigènes, ainsi que vous, les non-indigènes, mais certains Brésiliens nous haïssent, nous les Yanomami, et ne nous protègent pas contre l'agression des explorateurs miniers.
 
Je pense donc qu'avec nos recherches, tout le monde peut entendre nos paroles et nous protéger. C'est pourquoi je suis heureux que notre livre soit connu.

Nous avons commencé à travailler sur cette recherche en 2021, mais j'étais déjà consciente de ce qui se passait auparavant. J'ai vécu dans deux zones de terres yanomami : l'une où les explorateurs miniers travaillent depuis longtemps et l'autre où ils n'ont fait que détruire un peu et sont partis. J'ai vu tout cela de mes propres yeux. 

Ces organisations nous ont aidés à faire nos recherches, et maintenant vous pouvez voir notre travail dans un livre.

Si j'avais travaillé seule, peu de gens auraient pu lire mes mots. L'Instituto Socioambiental, le diocèse de Roraima et Hutukara nous ont soutenus. C'est pourquoi vous pouvez maintenant lire ce livre et apprendre ce que les orpailleurs et autres explorateurs miniers font là où nous vivons, sur notre terre yanomami. Les mots écrits dans ce livre montrent la destruction causée par l'exploitation minière, alors écoutez ces mots !
 
Nos pensées ne sont pas tranquilles. Nous sommes très inquiets ! Nous ne vivons plus dans le silence et la tranquillité de la forêt. C'est pourquoi je veux diffuser nos paroles.
  
Ainsi, je pense que, peut-être, notre forêt pourra devenir, nouvellement, belle. J'espère qu'en lisant nos paroles, vous aurez les idées claires.
  
Vous tous, les Blancs, vous savez déjà que les explorateurs miniers nous détruisent. Vous connaissez la souffrance de mon peuple, vous savez qu'ils détruisent la forêt, les rivières, les poissons et que le bruit de leurs machines fait fuir les animaux.
 
Cela me met en colère ! C'est pourquoi j'ai fait cette recherche qui est devenue un livre.
  
C'est ce que je voulais vous dire ici à São Paulo.
  
Nous lançons ce livre. Journal de la Forêt.
  
Vous, en langue portugaise, vous dites que c'est un "livre" et nous, les Yanomami, nous l'appelons "papel sipë", "peau de papier".
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La  Feira do Livro, qui en est à sa troisième édition, s'est déroulée du 29 juin au 7 juillet 2024, sur la place Charles Miller.

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