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Billet de blog 14 avril 2025

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Dans la famille Zema, du gouverneur du Minas Gerais, je demande l'esclavagiste

À Araxá, à 330 km de la capitale du Minas Gerais, 22 chauffeurs brésiliens ont été trouvés dans une situation d'esclavage - jusqu'à 19 heures de conduite/jour - au "centre de distribution et de soutien" du Groupe Zema, qui appartient à la famille du gouverneur, le bolsonariste Romeu Zema, lors d'une inspection menée par le ministère du travail et de l'emploi (MTE) le 4/2/25.

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Illustration 1
© DR

À Araxá (110.000 hab.), à 330 kilomètres à l'ouest de la capitale du Minas Gerais, Belo Horizonte, 22 travailleurs, chauffeurs routiers, ont été trouvés dans une situation d'esclavage au centre de distribution et de soutien du Groupe Zema, qui appartient à la famille du gouverneur de Minas Gerais, le multi millionnaire, en dollars, et bolsonariste Romeu Zema, lors d'une inspection menée par le ministère du travail et de l'emploi (MTE) le 4 février 2025. Six inspecteurs du travail, deux procureurs du ministère public(MPMG) et six agents de la police fédérale des routes (PRF) ont participé à cette action.

Les travailleurs étaient des chauffeurs de l'entreprise Cidade das Águas Transportes, engagés pour transporter des meubles et des appareils électroménagers vers les magasins du Groupe Zema, un géant du secteur de l'ameublement dans l'État du Minas Gerais.

L'inspection a été effectuée dans le centre de distribution et d'assistance du Groupe Zema, dont Romeu Zema a été la tête de 1991 à 2016. Selon le rapport d'inspection du ministère public du travail (MTE), la situation des travailleurs a été qualifiée d'analogue à l'esclavage en raison de l'existence d'horaires de travail épuisants, qui atteignaient 19 heures par jour.

Le Groupe Zema a d'abord assuré le service ; après deux ou trois ans, il a décidé de mettre fin à cette activité et de la sous-traiter, allant même jusqu'à confier les camions à ces entreprises. "Il existe donc une situation d'amitié, de faveur, tant avec la compagnie [de transport] Cidade das Águas qu'avec les autres entrepreneurs qui effectuent les travaux", explique Rogério Lopes Costa Reis, l'inspecteur du travail responsable de l'action administrative au sein du SRT/MG.
 

Le gouverneur Romeu Zema est membre du conseil d'administration du Groupe Zema. Sur son site internet institutionnel, le gouvernement du Minas Gerais lui-même souligne la carrière du gouverneur à la tête de l'entreprise familiale. Il a repris Lojas Zema en 1991 et a été responsable de l'expansion de la chaîne, qui est passée de quatre unités dans le Minas Gerais à plus de 400 réparties dans six États du Brésil.

Actuellement, selon la courte biographie publiée sur la plateforme de l'État du Minas Gerais, le gouverneur Zema continue de prendre part aux décisions du groupe familial. Eletrozema, société citée par l'inspection du travail comme emprunteur de services externalisés dans lesquels des heures de travail épuisantes ont été identifiées, fait partie du conglomérat. Les données révélant les conditions de travail dégradées ont été consultées dans les formulaires et les itinéraires de transport disponibles au "Centre de Distribution et d'Appui" du Groupe Zema. Il y avait des rapports de temps et des feuilles de calcul avec les heures de travail des chauffeurs. 

Illustration 2
© DR

Selon les informations obtenues par les journalistes de Brasil de Fato, toute la documentation des employés, en particulier le contrôle des trajets, relevait de la responsabilité de la société de transport Cidade das Águas. Mais c'est la coordination des transports du Groupe Zema qui, selon le rapport des inspecteurs du travail, établissait les itinéraires des camions. 

En fonction de la distance et de la région où les produits devaient être livrés, les itinéraires étaient envoyés par courrier électronique à la société Cidade das Águas qui, après les avoir analysés, procédait à des ajustements afin d'éviter les tronçons de route en terre. L'entreprise de transport a ensuite programmé les chauffeurs pour chaque itinéraire. Les modifications apportées étaient alors renvoyées au bureau de coordination du Groupe Zema.

Selon le rapport des inspecteurs, les chauffeurs ne quittaient le centre de distribution et de soutien du Groupe Zema qu'après qu'un employé de l'entreprise d'ameublement ait signé le "Contrôle du Voyage". Les travailleurs ont également reçu le "Reconnaissance Electronique" (CTe), un document numérique obligatoire pour le transport de marchandises au Brésil.
 

A chaque point de déchargement des biens immobiliers et électroménagers, le responsable de chaque magasin du Groupe Zema note le jour, l'heure et le numéro du scellé de la malle. Après la livraison, sur le chemin du retour vers le CDA, l'employé du portail du Groupe Zema enregistre l'arrivée des chauffeurs. C'est à ce moment-là que le "Contrôle du Voyage" est conservé. 

Selon l'auditeur du travail cité plus haut, Costa Reis, le Groupe Zema avait un accès « indirect » aux horaires de travail des chauffeurs. "Le problème de la journée de travail, ce sont les temps de repos, qu'ils n'avaient pas. Il n'y a [dans le système du Groupe Zema] que l'enregistrement du départ et de l'arrivée, mais ils savent combien de temps le travailleur s'est arrêté parce qu'ils ont un système de surveillance GPS dans toutes les voitures", explique-t-il. Il a révélé que le service externalisé était exclusif à Eletrozema, qui fait partie du Groupe Zema, et qui imposait souvent une charge de travail excessive. Ils ont usé et abusé [des travailleurs], car Eletrozema leur a dit : « Vous devez livrer, je m'en fiche ». Ils ne se soucient même pas de savoir si le travailleur va faire une double journée de travail ou si le même travailleur va reprendre [la journée de travail] le lendemain... Ils s'en moquaient."

Sur la base des documents et des récits des travailleurs, l'inspecteur du travail a identifié les irrégularités suivantes dans les heures de travail des chauffeurs :
- Absence de 11 heures de repos au cours d'une période de 24 heures ;
- Absence d'une pause repas d'au moins une heure ;
- Prolongation de la durée quotidienne de travail des conducteurs professionnels et/ou des aides employés dans les opérations pour plus de deux heures supplémentaires ou, si une convention collective le prévoit, pour plus de quatre heures supplémentaires.
- Absence de roulement de relais pour les services requis le dimanche.

Le rapport d'inspection de l'inspection du travail comprend les témoignages de cinq des 22 chauffeurs soumis à des heures de travail excessives. Dans l'une des déclarations, le chauffeur a expliqué aux inspecteur, que, lors de la libération de l'entreprise, la journée de travail moyenne était de 16 heures par jour, enregistrées sur le chronomètre. Lors de certaines livraisons, il dit avoir travaillé jusqu'à 26 heures d'affilée. 
 
Le même travailleur a indiqué qu'il déjeunait à l'arrière du camion et qu'il n'était pas rare qu'il doive dormir dans le véhicule. Le voyage commençait généralement entre 3 et 4 heures du matin et se terminait à 20 heures. Père de cinq enfants, le travailleur affirme qu'il percevait un salaire de base de 2.664 R$, soir deux fois le salaire minimum national, et qu'avec les heures supplémentaires, il pouvait gagner jusqu'à 7.000 R$ (1.300 US$). Selon le récit du travailleur dans le rapport de l'inspection du travail, il n'avait pas reçu son FGTS depuis août 2024. Le fonds d'indemnités de licenciement (FGTS) est un fonds créé pour protéger les travailleurs qui sont licenciés sans motif valable. En ouvrant un compte lié au contrat de travail, les employeurs déposent le montant correspondant à 8 % du salaire brut de chaque employé sur des comptes ouverts à la Caisse d'épargne fédérale, publique, au plus tard le 20 de chaque mois, pour le compte des employés.
 

Un deuxième travailleur a déclaré à l'inspection qu'il travaillait « pour l'entreprise Cidade das Águas, prestataire de services pour le Groupe Zema, en tant que chauffeur de camion depuis environ sept ans ». Avant la sous-traitance de l'activité, il travaillait chez Eletrozema. Le coffre de son camion appartient même à l'ancienne Eletrozema, selon le rapport de l'inspection du travail. Le cheval, c'est-à-dire l'avant du camion, appartient à la compagnie de transport sous-traitante, Cidade das Águas. Le chauffeur décrit qu'il doit « conduire de nombreuses heures pour répondre à la demande de livraisons aux magasins ». Sur l'un des trajets, il conduit du mardi au samedi, faisant l'aller-retour avec le centre de distribution du Groupe Zema, conduisant de nuit pendant deux à trois heures.
 

Un autre travailleur a révélé qu'il souffre d'anxiété et qu'il ne peut pas se rendre chez le médecin à cause des heures de travail excessives. Il travaille en moyenne 19 heures par jour et s'arrête rarement pour déjeuner. Il dit dormir dans le camion sur les sièges, sous une planche et un matelas de 4 cm. Le récit du conducteur présente une série d'impacts des heures de travail excessives, tels qu'une mauvaise alimentation, l'absence de gymnastique et d'activités physiques, l'absence aux veillées mortuaires de ses oncles et de sa grand-mère, et son incapacité à comparaître à des dizaines de fêtes d'anniversaires.
 

L'entreprise nie les violations
Le 6 février 2025, la compagnie de transport Cidade das Águas a reçu un avis l'invitant à cesser immédiatement les activités des travailleurs soumis à des heures de travail exténuantes et à mettre fin à leurs contrats.  L'entreprise a réagi en déposant une demande de recours auprès des tribunaux, affirmant qu'elle n'avait pas formellement présenté les raisons de la mise en demeure pour travail forcé et autres illégalités. Dans sa demande de recours, l'entreprise affirme qu'elle a reçu la notification « arbitrairement » et qu'il ne sera pas possible de mettre fin aux contrats et de verser l'intégralité des indemnités de licenciement aux 22 travailleurs à la date suggérée par le MTE, à savoir le 11 février 2025. La demande de l'entreprise aux tribunaux a été acceptée par le biais d'une injonction préliminaire, qui ordonnait au MTE de s'abstenir de résilier les contrats de travail, d'imposer un embargo et/ou une interdiction sur les activités de l'entreprise, d'inscrire le plaignant sur la liste sale du travail forcé et de diffuser toute nouvelle relative à l'affaire. Ces ordonnances devaient s'appliquer jusqu'à ce que l'entreprise soit officiellement informée des motifs de l'amende. 

 
L'inspecteur du travail Rogério Reis a déclaré que la siociété Cidade das Águas avait « dissimulé des informations au juge » lors de l'audience. "Ils ont dit qu'ils ne savaient pas pourquoi ils étaient qualifiés de pratiquer un travail analogue à l'esclavage, ce qui est un mensonge parce que nous avons eu une réunion avec Cidade das Águas, avec le directeur et l'avocat de l'entreprise. Nous avons remis le document et expliqué tout ce qui le caractérise, ce que nous considérons comme les heures de travail, ce qui est dépassé".

Afin de clarifier la situation, selon le journal Brasil de Fato, le MTE a rencontré des représentants du ministère public du travail (MPT), du cabinet  du procureur général fédéral (AGU) et du bureau du défenseur public fédéral (DPU). « Après cette réunion, l'AGU a émis un avis indiquant que la condition résolutoire était explicite et que nous pouvions maintenant procéder aux actes administratifs liés à la notification », explique Costa Reis. À ce stade, comme l'injonction n'avait pas encore été révoquée, la compagnie de transport Cidade das Águas a de nouveau saisi le tribunal, demandant une injonction pour que la notification ne soit pas valide. « Nous avons donc procédé à une troisième notification », explique l'auditeur, pour prouver qu'il a riposté au nouveau refus de l'entreprise.

Travaillant dans le secteur depuis 13 ans, Rogério Lopes Costa Reis révèle que c'est la première fois qu'il voit ce genre de résistance dans le domaine judiciaire. "Nous espérons que cela ne deviendra pas une mode, car cela perturbe nos procédures administratives et cause un grand préjudice aux travailleurs.

L'injonction accordée par l'ordonnance a expiré le 27 mars, plus d'un mois après l'émission des avis d'infraction par le MTE. Par conséquent, la résiliation des contrats des travailleurs et le paiement des indemnités de licenciement et autres obligations sont prévus pour le 14 avril 2025.
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Source : divers et Brasil do Fato.

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