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Billet de blog 16 février 2025

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Au Pará (Brésil), les violences agraires létales perdurent

Au 20e "anniversaire" du meurtre de la missionnaire Dorothy Stang, le Défenseur public du Pará publie le rapport "Suivi des cas de violence, motivés par des raisons foncières et agraires, en la municipalité d'Anapu - 2015 à 2024". En cette période, 23 personnes ont été victimes d'homicides, de tentatives d'homicide, de menaces et de disparitions dans la ville où Stang a été exécutée.

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Illustration 1
En rouge, l'Etat du Pará. © DR

Il y a vingt ans, le 12 février 2005, la missionnaire Dorothy Stang, 73 ans, militante de la réforme agraire et des droits des travailleurs ruraux, était assassinée de sept balles sur une route - en terre battue - de la municipalité d'Anapu, un crime commandité par les propriétaires terriens de la région. Avant d'être tuée, Irmã Dorothy, comme on l'appelait, avait reçu de nombreuses menaces de mort. La visibilité générée par cette affaire a attiré l'attention sur le climat de tension engendré par les conflits fonciers dans cet Etat du Pará (grand comme deux fois la France métropolitaine). Deux décennies plus tard, la situation perdure, tout comme la résistance des communautés concernées.
 

Le rapport publié le 12 février 2025 (qui sera disponible ICI en PDF, dès son accessiblité publique par internet) par le Défenseur public* du Pará (DPE-PA) fait état d'un total de 23 cas de violence agraire et foncière recensés entre 2015 et 2024 à Anapu, notamment des meurtres, des tentatives de meurtre, des menaces et des disparitions. Aucun de ces cas n'implique des communautés indigènes, quilombolas ou traditionnelles
Il convient de noter que le cabinet du médiateur n'a reçu aucun nouveau dossier en 2023 et 2024. Cependant, cela ne signifie pas nécessairement une réduction du nombre de cas, mais plutôt l'existence d'une situation de sous-déclaration, due à des facteurs tels que la difficulté d'accès à Internet et les grandes distances que les communautés doivent franchir pour pouvoir déposer une plainte.
 
 
 
La répartition des 23 cas de grande violence identifiés révèle d'autres informations importantes.
Parmi ces cas, huit n'ont pas été trouvés parce que le nom de la victime n'était pas enregistré.
En ce qui concerne les 15 affaires restantes, sept sont en cours : une est sous secret judiciaire, quatre sont au stade de l'instruction sans verdict (c'est-à-dire au stade de la défense de l'accusé), deux ont été déclarées coupables d'assassinat et une a été condamnée sans jugement définitif (au stade de l'appel).
Dans les huit autres cas, l'enquête de police a été clôturée parce qu'elle n'a pas permis d'atteindre les auteurs présumés des infractions de meurtre.
 

Illustration 2
© DR

Selon l'une des membres du cabinet du Défenseur public, le classement des affaires en raison de la non-identification de l'auteur est un aspect récurrent de la violence agraire et contribue à la perpétuation d'un scénario qui reste préoccupant à l'intérieur du Pará. « L'un des problèmes dans ces cas de violence se situe au début de l'enquête criminelle, car la plupart des affaires sont classées parce que l'auteur n'a pas été identifié. Selon notre analyse, cela crée un cycle d'impunité et de violence, parce qu'il n'y a pas de responsabilité de la personne qui a ordonné et exécuté l'acte », explique ainsi Andréia Macedo Barreto.
Cette dernière précise également que "ce rapport publié en février 2025 ne se concentre donc pas uniquement sur les homicides, mais tente également de prendre des mesures préventives pour protéger la vie et l'intégrité physique".
 
Il faut toutefois rappeler que dans la région d'Anapu, les deux plus grandes menaces pour les travailleurs ruraux restent la déforestation et l'accaparement des terres. La municipalité est située sur les rives de la Transamazonienne, dont la construction dans les années 1970 a entraîné une occupation désordonnée de la zone, qui concentre des populations traditionnelles, des migrants, des bûcherons, des accapareurs de terres et des grands propriétaires terriens. La situation a été aggravée par l'absence de planification et de politiques publiques appropriées.
 
Depuis 2019, c'est Helder Barbalho, le fils d'un ex-gouverneur de l'Etat, Jader Barbalho (1944), proche de toujours de Lula da Silva, qui est gouverneur du Pará. Il a été réélu, sous l'étiquette du MDB (droite opportuniste) en 2023 et a été, de 2016 à 2018, ministre du président de la République Michel Temer, auteur du putsch constitutionnel qui a démis la présidente Dilma Rousseff.
 
La mairie d'Anapu, depuis 2025, est occupée par Luiz Carlos do Posto (Republicanos, extrême droite) élu au 1er tour avec 40,77 % des votes. Il est à noter que le PT, le parti communiste (PcdoB) et le parti Vert (PV) faisaient partie officiellement de la coalition qui soutenait Luiz Carlos do Posto.

 
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Sources : divers et cartaamazonia.com.br
 
 
"Monitoramento dos casos de violência, por motivação agrária e fundiária, no município de Anapu – anos de 2015 a 2024"
 
(*) Le Défenseur public est une institution constitutionnellement conçue pour garantir une assistance juridique complète et gratuite, à l'intérieur et à l'extérieur des tribunaux, aux personnes légalement dans le besoin, en leur fournissant des conseils et une défense à tous les niveaux et dans toutes les instances, sur une base collective ou individuelle, en donnant la priorité à la conciliation et à la promotion des droits de l'homme et de la citoyenneté. 
 

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