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Billet de blog 16 mai 2025

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Les Brésiliennes et les Brésiliens: l'étude d'ADNs révèle des métissages insoupçonnés

Une nouvelle étude, la plus complète jamais réalisée sur l'ADN des Brésiliens, par des chercheurs de la réputée université publique brésilienne USP, indique que la population est porteuse d'un nombre plus important de gènes et couvre une grande partie de la diversité génétique humaine, y compris des variantes jamais identifiées auparavant. L'héritage génétique indigène serait d'au moins 13%.

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L'ADN des Brésiliens pourrait fournir des indices sans précédent sur la génomique des populations de leurs ancêtres en Afrique centrale ou dans la péninsule ibérique, par exemple.
 
La masse de données obtenue par une équipe, dirigée par des chercheurs de l'USP, a une dimension qui aurait été presque impensable il y a quelques décennies. Les scientifiques ont obtenu des « lectures » de haute qualité des génomes complets de 2.723 personnes de toutes les régions du Brésil, couvrant les États de l'Amazonas (AM) jusqu'à celui du Rio Grande do Sul (RS).
 
L'analyse ("Massive DNA sequencing effort reveals how colonization shaped Brazil’s genetic diversity") montre que les siècles de métissage depuis 1500 ont laissé des traces profondes dans l'ADN de la population actuelle. « Ce qui me réjouit dans ce travail, c'est que nous pouvons voir les conséquences biologiques des processus de formation de la population brésilienne que nous connaissons par les livres d'histoire », déclare la généticienne Lygia da Veiga Pereira, l'un des principaux auteurs de l'étude, publiée jeudi 15 mai 2025 dans la revue américaine spécialisée Science, hebdomadaire. 
 
« Si nous pensons que la population brésilienne est un grand réservoir de variabilité de diverses populations peu représentées dans les études génomiques, comme les peuples indigènes, les Africains et les Européens du Sud, nous avons des résultats qui pourraient être utiles à divers groupes », explique Tábita Hünemeier, qui a également coordonné les travaux avec la généticienne Lygia da Veiga Pereira.
 

Confirmant ce que plusieurs études antérieures avaient déjà indiqué, le mélange complexe de populations qui a donné naissance aux Brésiliens modernes était très inégal. On estime, par exemple, qu'avant l'invasion européenne, il y avait au moins 10 millions d'indigènes sur le territoire qui allait devenir l'État brésilien.

À partir du XVIe, environ 5 millions d'Européens ont traversé l'Atlantique pour arriver au Brésil, la grande majorité d'entre eux arrivant à partir du XVIIIe. Un nombre similaire d'Africains ont été amenés ici par le biais de la traite des esclaves. Enfin, des groupes d'Asie orientale (notamment les Japonais) et du Proche-Orient (les Syro-Libanais, que l'on a tendance à regrouper avec les Européens) ont également apporté des contributions minoritaires mais significatives.

Illustration 1
La région NORD du Brésil (7 Etats: Acre, Amapá, Amazonas, Pará, Rondônia, Roraima, Tocantins) © wikipedia

Dans la population actuelle, cependant, près de 60 % du patrimoine génétique est en moyenne européen, suivi par des apports africains (27 %) et indigènes (13 %). Des études antérieures avaient suggéré que l'héritage génétique amérindien dans la population du pays était, en moyenne, inférieur à 10 %. Selon les auteurs de la nouvelle recherche, ce chiffre - 13% - a augmenté grâce à une plus grande participation du génome des habitants de la région Nord ("Norte") du Brésil à l'échantillon, étant donné que cette région a connu une plus grande présence indigène et moins d'Africains réduits en esclavage depuis l'époque coloniale. 
 
L'asymétrie entre les sexes, compte tenu des origines différentes de chaque population, est également frappante. La prédominance européenne est encore plus nette lorsque l'on utilise le chromosome Y, marqueur génétique de la masculinité, pour estimer les lignées paternelles des Brésiliens (plus de 70 % sont originaires d'Europe), tandis que les lignées maternelles sont principalement africaines (42 %) et indigènes (35 %). 

Aujourd'hui, seuls 2 % des hommes brésiliens ont un ancêtre masculin ayant appartenu aux peuples d'origine. En bref, les hommes d'origine européenne avaient beaucoup plus de chances de trouver des partenaires d'autres origines ethniques et d'avoir des enfants avec elles. 
 

Selon Madame Hünemeier, il est très difficile d'expliquer cette tendance sans tenir compte des effets de la violence sexuelle pendant la colonisation : « tout autre facteur est très improbable, tant le tableau est disparate ». L'argument selon lequel les femmes d'origine non européenne préféraient simplement avoir des enfants avec des hommes européens n'est pas crédible non plus, selon la chercheuse, car « de plus, il faudrait que cela se produise à une échelle absurde, où pratiquement toutes les femmes indigènes préféreraient un homme européen, étant donné que le chromosome Y indigène disparaît pratiquement dans la population métisse. »


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Note : Ces travaux ont également fourni des indices sur la relation entre les variations génétiques et la santé de la population brésilienne. Les chercheurs ont identifié environ 8 millions de variantes d'ADN inconnues jusqu'alors, dont plus de 36.000 pourraient être nocives pour l'organisme biologique des êtres humains. 

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