L'effarement du journaliste anglais semble à son comble lorsqu'il rappelle, au début de son papier, que la hausse des meurtres commis par les polices à Bahia, a été de 313 % entre 2015 et 2022, durant les deux mandats de gouverneur de Bahia de Rui Costa, figure locale puis nationale du parti PT qui est devenu depuis janvier 2023 "premier" des ministres du Brésil et bras droit de Lula da Silva.
Et le journaliste Tiago Rogero de souligner que, bien que les données nationales fournies par les ONG ne détaillent le profil racial des victimes pour chacun des 27 États, une étude (PDF 40 p.) réalisée en 2022 et coordonnée par Pablo Nunes, un chercheur, noir, politiste et coordinateur du Centro de Estudos de Segurança e Cidadania (CESeC), a montré que 94,76% des victimes de la police militaire, adultes comme jeunes, étaient noires - un taux disproportionné par rapport à la population de Bahia, qui compte 80 % de noirs, ou métis de noirs.
« Il s'agit d'une force de police très meurtrière qui exacerbe la violence dans les quartiers pauvres, en ciblant particulièrement les garçons et les jeunes Noirs », précise Pablo Nunes. Avant de conclure que tous ces chiffres mortifères de Bahia "sont l'exemple le plus clair de la façon dont la gauche n'a aucun plan pour la sécurité publique ».
Mais l'analyse radicale et juste de l'article ne s'arrête pas là. « La race est un facteur déterminant dans l'issue d'un décès dans tous les groupes d'âge », souligne quant à elle Ana Carolina Fonseca, responsable de la protection à l'Unicef Brasil, notant qu'il y avait une disparité même parmi les membres les plus jeunes de la société. Parmi les victimes d'homicide, âgées de quatre ans et moins, 64,3 % étaient noires.
Et Pablo Nunes - qui conseille également le journal The Intercept Brasil et le site de journalisme Instituto Fogo Cruzado (ici et là) de conclure : « En fait, ce qui existe à Bahia est une politique de sécurité publique qui s'aligne sur toutes les expériences les plus néfastes que nous avons vues ces dernières années de la part des gouvernements dits d'extrême droite ».
En 2022, les polices de l'État de Bahia, mais surtout la police militaire, est devenue la plus violente du pays, reprenant une "position" qui appartenait historiquement à celui de Rio de Janeiro. En 2023, faut-il le rappeler, dans cet Etat, grand comme la France et peuplé de 14,2 millions de baianos, il y a eu, en 2023, 1.699 tués par les polices, une augmentation de 15,8% par rapport à 2022. Soit 4,6 tués par jour, par la police militaire et par la police civile.
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https://www.theguardian.com/world/article/2024/aug/14/bahia-brazil-police-killings-rate?CMP=Share_iOSApp_Other