Selon Anna Carrino, repentie, collaboratrice de la police et ancienne compagne - pendant 30 ans - du mafieux Francesco Bidognetti, Roberto Saviano s'est retrouvé dans le collimateur de la Camorra « parce qu'il a dit beaucoup de mal d'eux » et parce que ses articles ont fait venir « beaucoup de policiers et de carabiniers à Casal di Principe*, et ils n'étaient plus tranquilles sur leur territoire ».
Michele Santonastaso, l’avocat de Bidognetti, mis en cause pour le même délit que son client, car il avait lu les déclarations menaçantes dans la salle d'audience, a été, lui, condamné à un an et deux mois de prison pour «intimidation». Ces deux décisions sont similaires à celles déjà prononcées en première instance en 2021.
Depuis 2006 et la parution de son livre Gomorra, dans lequel est dépeinte la mafia napolitaine de la Camorra, le Napolitain Roberto Saviano vit sous escorte policière 24 heures sur 24.
De ce grand citoyen européen, et pour définir son travail herculéen, de livre d'enquête en livre d'enquête, comme par ses prises de position publique au sujet du "grand mensonge" sur l'immigration en Europe et sur la montée de l'extrême droite, il me semble que l'on ne peut que le rapprocher d'une phrase de l'un de ses tout aussi illustres compatriotes, le Sicilien et écrivain Leonardo Sciascia (1921-1989) : « La vérité est au fond d'un puits : si l'on regarde dans un puits, on voit le soleil ou la lune ; mais si l'on descend, il n'y a ni soleil ni lune, il y a la vérité. »
-------------
(*) Casal di Principe est une commune de la province de Caserta. La ville est connue pour ses liens avec le crime organisé, notamment pour être le fief du clan des Casalesi.
--------------
ÉCOUTER, aussi
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/a-voix-nue/le-ragazzo-de-naples-3896937