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Billet de blog 19 novembre 2025

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Île à Bahia: un milliardaire désiste, mais deux projets d'hôtels de luxe persistent

Un projet touristico-immobilier pharaonique, prédateur, dans le sud de l'île de Boipeba, à Bahia, autorisé en 2023 par le gouverneur de Bahia puis stoppé par le Parquet fédéral, va-t-il prendre une nouvelle tournure avec le départ de l'un des actionnaires (20%) de la société, le milliardaire José Roberto Marinho, vice-pdt du géant audiovisuel Globo ? Enquête du journaliste André Uzêda.

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Illustration 1
L'une des clôtures de la propriété de 1.651 hectares de la société Mangaba Cultivo de Coco LTDA.

L'île de Boipeba, située dans la région sud du littoral de Bahia, est convoitée par deux grands promoteurs immobiliers qui souhaitent occuper d'immenses bandes côtières pour les transformer en zones de luxe. Ces deux projets n'ont aucun lien direct entre eux. Le premier [relaté dans 10 articles dans nos colonnes] est mené par la société Mangaba Cultivo de Coco LTDA, qui comptait, jusqu'en septembre 2025 parmi ses associés José Roberto Marinho, héritier du groupe audiovisuel Rede Globo et vice-président du conseil d'administration du groupe.

Mangaba Cultivo de Coco prévoit d'occuper la Ponta dos Castelhanos, une propriété de 1.651 hectares, soit près de 20 % de la superficie totale de l'île. Le projet prévoit deux pousadas de 25 chambres, 25 autres maisons, une piste d'atterrissage et une marina de taille moyenne pour les bateaux à moteur et les jet-skis.

Illustration 2
La Ponta dos Castelhanos, à Boipeba


En septembre 2025, après des pressions des autorités fédérales et des répercussions dans la presse, José Roberto Marinho s'est retiré de l'entreprise, dont il détenait 20 % des parts. Armínio Fraga*, ancien président de la Banque centrale sous le gouvernement de Fernando Henrique Cardoso, reste dans l'entreprise. Il détient 12 % des parts.
 
Dans une note envoyée au site de journalisme indépendant ICL Notícias, la société Mangaba Cultivo de Coco a déclaré que le départ de José Roberto Marinho s'était déroulé « de manière amicale et consensuelle » et a réaffirmé « son engagement à collaborer avec les organismes publics, ses partenaires et la communauté ».

Le projet avait été initialement approuvé par l'Institut de l'environnement et des recours hydriques (Inema) en 2023.
 
Mais le ministère public fédéral de Bahia (MPF) a ensuite demandé la suspension des procédures, car il s'agit de zones fédérales où l'Inema ne pouvait accorder les premières licences qu'une fois la situation foncière résolue. En effet, la Constitution brésilienne considère les îles océaniques et côtières comme des biens de l'Etat brésilien ("União"), à l'exception de celles qui appartiennent à des particuliers ou qui sont le siège de municipalités. L'île de Boipeba est reliée administrativement à la municipalité de Cairu, mais n'abrite pas le siège de la mairie.
Dans de tels cas, l'Etat brésilien ("União") peut céder l'exploitation de certaines zones par le biais d'un bail emphytéotique, un instrument juridique qui garantit l'utilisation (et non la possession) de terrains fédéraux moyennant le paiement annuel d'une redevance sur la valeur du bien immobilier.

Le MPF a toutefois recommandé que le Secrétariat du patrimoine de l'Etat brésilien (SPU), l'organisme fédéral responsable de ces procédures, ne procède pas à l'atribution du lieu ["aforamento", acte par lequel l'Etat attribue à des tiers la jouissance d'un bien immobilier dont elle est propriétaire, sous réserve du respect des conditions légales, le fermier étant tenu de verser une rente annuelle correspondant à un pourcentage de la valeur du domaine franc du terrain] avant que les régularisations foncières des territoires des communautés quilombolas et traditionnelles ne soient achevées.

La Fondation Palmares - une fondation publique fédérale qui promeut la culture afro-brésilienne - reconnaît officiellement trois communautés quilombolas à Boipeba : Vila de Boipeba, Moreré et Monte Alegre. Mais elles dépendent encore de l'attribution des titres fonciers par l'Institut national de la colonisation et de la réforme agraire (Incra).

« Tous ces instruments nous aident à empêcher l'avancée des projets hôteliers, mais ce n'est pas encore une garantie définitive. Il existe des structures très puissantes qui font pression pour que des hôtels de luxe soient construits ici », explique l'activiste Raísa Geribello, de l'organisation communautaire Salve Boipeba.
 

Illustration 3
Le mercredi 13/11/25 à Brasilia, Jérônimo Rodrigues, gouverneur de Bahia, Hildécio Meireles maire de Cairu et Rui Costa, Premier ministre du gouvernement Lula da Silva.

C'est précisément le maire de Cairu, Hildécio Meireles (União Brasil, extrême droite), qui a exercé une forte pression publique en faveur de ce projet de tourisme de luxe, et d'un autre projet, d'une société nommée Perville, [que nous évoquerons demain dans ces colonnes]. Dans le cadre de son cinquième mandat à la tête de la municipalité, Hildécio Meireles s'est ouvertement prononcé contre ce qu'il appelle la « domination de l'Etat brésilien ».

Lors de l'événement célébrant les 415 ans de la fondation de la ville de Cairu, Hildécio Meireles est monté à la tribune du conseil muncipal pour appeler à la formation d'un large front afin de tenter de renverser la possession par le gouvernement fédéral des îles océaniques et côtières. «Nous devons, une fois pour toutes, mettre fin à ce concept de propriété de l'Etat brésilien. Cela a entravé le développement de notre municipalité, ainsi que celui d'Angra dos Reis [municipalité de Rio de Janeiro] et de tant d'autres municipalités formées par des archipels que nous avons sur la côte brésilienne », a déclaré le maire.
Et de rajouter : « Nous sommes en contact avec l'Avocat général du Brésil (AGU) et avec tous les députés fédéraux de Bahia. Nous allons former un large front de maires de tout le Brésil afin de pouvoir débloquer notre progrès ».
Sans présenter de données, le maire a déclaré que, sans les copropriétés de luxe, la municipalité avait perdu des recettes. « Au cours des 20 dernières années, nous avons peut-être perdu environ 50 millions R$ (9,2 millions US$) de recettes. Sur la côte sud de l'île de Boipeba, les entrepreneurs tentent depuis plus de 15 ans de réaliser ce projet », a déclaré le maire en référence au projet de l'ancienne entreprise de José Roberto Marinho.
  

Meireles était à Brasilia la semaine dernière, accompagné du gouverneur de Bahia, Jerônimo Rodrigues (PT), et du ministre de la Maison civile - équivalent au poste de Premier ministre - du gouvernement Lula da Silva, Rui Costa (PT), qui a dirigé l'État de Bahia pendant deux mandats, de 2015 à 2022.
Dans une interview accordée à ICL Notícias, le maire a confirmé que la réunion avait pour but de traiter des zones appartenant à l'Etat fédéral à Boipeba, mais a nié que ses efforts visaient à satisfaire les méga-entrepreneurs. « Je ne défends le camp de personne. Je défends le développement de la municipalité. Pour que la municipalité se développe, nous devons encourager les entrepreneurs. Et dans ce cas, il y a aussi le projet de la Ponta dos Castelhanos, qui, d'ailleurs, a fait l'objet de nombreuses fausses informations dans la presse. Ces types [les entrepreneurs] sont très prudents », a-t-il défendu.
 
Les habitants de Boipeba, eux, critiquent le fait que l'administration municipale de Hildécio Meireles ait déjà entamé un processus de gentrification dans certaines zones de l'île. L'une des zones touchées est Ponta dos Castelhanos, précisément là où la société Mangaba Cultivo de Coco a l'intention de s'installer.
 
Selon les marchands ambulants présents sur et autour des plages, la mairie les a obligés à abandonner leurs traditionnelles cabanes de paille et à les remplacer par des parasols et des chaises en plastique. « Il s'agit d'un mouvement coordonné, qui vise à "gastronomiser" les services ici. Et il est très clair que cet espace sera utilisé pour le grand capital, au détriment de la culture ancestrale de notre communauté », réfléchit le marchand ambulant Yago Cardoso, qui gère un profil sur les réseaux sociaux pour dénoncer les problèmes de l'île de Boipeba.
 
Hildécio Meireles, le maire, réplique: « J'ai reçu une plainte selon laquelle ces cabanes en paille s'étaient trop avancées sur le bord de la plage, empêchant la circulation des personnes. Je leur ai donné un délai pour les retirer. Ce que nous voulons, c'est organiser les choses. Quand on arrive là-bas, il n'y a pas de toilettes. Si vous allez dans la cuisine, vous verrez que les conditions sont déplorables. Ce que je défends, c'est qu'il y ait des équipements de qualité. Est-ce que faire cela, c'est "gastronomiser" ? »


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Source intégrale de cet article, qui est une traduction partielle:
https://iclnoticias.com.br/dono-globo-projeto-hoteis-ameacando-quilombolas/

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(*) Arminio Fraga, de double nationalité américaine (USA) et brésilienne, a été président du Banco Central do Brasil du 4 mars 1999 au 1er janvier 2003.

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