Les quinze juges - 10 juges militaires des trois forces armées et 5 civils - qui composent le Tribunal supérieur militaire (TSM) ont conclu le verdict, le 18 décembre 2024 dans la soirée, à Brasilia, de l'affaire du musicien Evaldo Rosa, où des militaires ont tué, le 7 avril 2019 à Rio de Janeiro, de 62 tirs qui ont traversé sa voiture.
Au total, à cet instant-là, dans le quartier pauvre de Guadalupe, ils ont tiré 257 balles.
Le musicien Evaldo dos Santos Rosa, noir, se rendait à une fête prénatale avec quatre autres personnes, dont sa femme, noire, son beau-père et son fils de 7 ans. 8 soldats ont pris sa voiture pour celle de criminels et ont commencé à tirer. Selon la police scientifique, 62 coups de feu ont atteint le véhicule, dont neuf ont blessé le musicien, qui est mort sur place.
Le ramasseur de déchets Luciano Macedo, qui passait par là et tentait d'aider la famille, a également reçu une balle dans le dos alors qu'il essayait d'aider les victimes. Il a été transporté dans un hôpital local, mais n'a pas survécu.
Les huit militaires, ce 18/12/2024, n'ont été condamnés que pour la mort du ramasseur de déchets Luciano Macedo, qui a tenté d'aider Evaldo et a également été abattu.
Ils devront purger des peines en "regime aberto"* allant de 3 ans à 3 ans et 7 mois. Cette peine est dix fois inférieure à celle prononcée en première instance en 2021.
À l'époque, ils avaient été condamnés à des peines de 28 à 31 ans de prison en "régime fermé". Il n'y avait eu, alors, que trois voix dissidentes. Ítalo da Silva Nunes, qui avait commandé l'action homicidaire, avait écopé de 31 ans de prison.
La juge Maria Elizabeth Rocha, du Tribunal supérieur militaire (STM), seule femme parmi les 15 membres du jury, a exprimé son total et absolu désaccord dans le jugement du mercredi 18 décembre et a voté en faveur du maintien de la condamnation des huit soldats de l'armée impliqués dans les meurtres du musicien Evaldo Rosa dos Santos et du ramasseur d'ordures Luciano Macedo.
Citons ici quelques uns de ses mots : « Il n'y a lieu de parler de combat lorsque l'on se trouve face à douze soldats lourdement armés d'un côté et à un seul homme de l'autre, un humble ramasseur de déchets non armé qui, même s'il ne l'était pas, a été acculé par les troupes (...) Le terme utilisé ici, bien qu'il puisse déplaire à certains, est celui d'« exécution », étant donné qu'il existe de nombreuses preuves de la résistance des victimes, qui ont même reçu une balle dans le dos (...) Autoriser des tirs incessants jusqu'à la mort de simples suspects, en raison de la dangerosité d'un lieu et parce que les soldats auraient déjà risqué la mort dans une situation antérieure et différente de celle que nous vivons, c'est faire courir un risque imminent à la population, en particulier celle qui se trouve dans des lieux considérés comme dangereux, ce qui est inacceptable dans un État de droit démocratique. »
Le juge Carlos Augusto Amaral Oliveira a voté en faveur de l'acquittement des soldats pour la mort du musicien, au motif qu'ils ont agi en légitime défense de tiers, et pour la rétrogradation de l'homicide volontaire en homicide coupable dans le cas de la mort du ramasseur de déchets à recycler.
En conséquence, la peine du lieutenant Ítalo da Silva Nunes, qui a dirigé la tuerie de masse, sera réduite de 31 ans et six mois à trois ans et sept mois de prison. Les autres soldats, condamnés à 28 ans, verront leur peine réduite à trois ans de prison. Aucun, sans exception, répétons-le, ne sera incarcéré.
Mercredi soir, au cours de près de trois heures de vote, la juge Maria Elizabeth Rocha a réfuté (voir plus haut) les arguments du rapporteur et a souligné les approches racistes et discriminatoires des forces de police. Maria Elizabeth Rocha a été élue présidente du STM au début du mois de décembre 2024. Première femme à occuper ce poste, elle présidera le tribunal militaire pour l'exercice 2025-2027.
Ce qui s'est passé, en réalité, c'est un délit militaire, basé sur l'idée de « l'homme de la rue », et non sur celle de « l'homme de la rue ».
Bien que le verdict ait ordonné l'expulsion des soldats de l'armée, les accusés sont libres de rester à leur poste jusqu'à ce que l'appel soit jugé jeudi 19 décembre 2024.
Le cas d'Evaldo Rosa est le premier à faire l'objet d'une condamnation en première instance de la justice militaire. Il n'y a jamais eu de condamnation devant le Tribunal supérieur militaire (TSM).

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Dans la soirée, la veuve de Evaldo, Luciana (photographie ci-dessus), qui était venue avec son fils David, a déclaré à la presse : « Je vais parler à mes avocats, mais je préfère en finir ici. Nous savons que dans le Brésil où nous vivons, il n'y a pas de justice pour les pauvres et les noirs. Essayer de retarder, de souffrir, ne serait que maintenir en vie l'espoir de quelque chose qui n'arrivera pas. »
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(*) Le régime ouvert est l'une des modalités d'exécution de la peine prévues par le code pénal du Brésil. Il est généralement accordé aux condamnés qui ne sont pas récidivistes et qui remplissent des conditions spécifiques, telles que la bonne conduite pendant le régime précédent (fermé ou semi-ouvert). Dans le régime ouvert, le condamné n'est pas emprisonné, mais doit suivre des règles strictes pour conserver sa liberté.
Dans le régime ouvert, le condamné doit rester libre, mais sous la surveillance indirecte de l'Etat. Il doit remplir certaines conditions, comme travailler ou étudier pendant la journée et rentrer chez lui le soir. La fonction principale de ce régime est de permettre au condamné de reprendre ses activités sociales et professionnelles tout en purgeant le reste de sa peine.