
Ce ne fut en rien une mince affaire, pour Nichelle Teles, Brésilienne née et éduquée à Salvador (Bahia) puis installée à São Paulo, de venir vivre et travailler dans le premier port français. Croisée lors de la 4e édition du Salon du livre africain de Paris en mars 2025, elle nous a rappelé combien son chemin avait été long depuis ... le restaurant, au Brésil où sa mère - célibataire et avec trois enfants - proposait la cuisine de Bahia aux classes sociales moyennes, dans la ville de Campinas (São Paulo). Quelques déclics lui ont permis d'être remarquée par un client régulier du restaurant, franco-sénégalais, qui s'est engagé à l'héberger en France. Sa mère et ses économies personnelles lui ont permis, à l'âge de 23 ans, d'effectuer son premier vol transatlantique, pour un séjour limité de trois mois, et l'arrivée dans la famille sénégalaise au Blanc-Mesnil, près de Paris. Ce n'était pas le Paris des lumières, plutôt une banlieue très colorée, mais elle voulait revenir, bien sûr, Nichelle. Sans possibilité pécunière via sa famille, c'est par le biais d'une cagnotte en ligne, montée en urgence, à peine rentrée de la région parisienne, qu'elle a eu les fonds pour acheter un autre billet d'avion pour venir faire ses études en France. Direction Marseille, cette fois-ci, suite à son admission à l'université publique d'Aix-Marseille.
Par la force de la nécessité, elle devient serveuse à la buvette du Parc du Palais Longchamp, en complément de quelques heures du même emploi dans un restaurant mexicain le soir, pendant plusieurs années, pour payer ses études à Aix-en-Provence. En l'occurence, des savoirs graphiques, avec à l'Université d'Aix-Marseille un DUT des métiers du livre. Obtenu, le diplôme. Avec un aller-retour en bus quotidien depuis Marseille, où un ami lui louait un petit appartement. Ainsi, sa vie de citoyenne marseillaise pouvait commencer, cahin-caha.
En décembre 2023, Nichelle, accompagnée de deux ami.es, Vincent Achour et Gayané Zavatto, a co-fondé l'association BR Marginalia.
Et son premier livre, Rouge Favela, est publié en juin 2024. La maison d'édition où elle travaille alors comme stagiaire lui avance alors la somme nécessaire à l'impression.
Ce premier livre, qu'elle a choisi méticuleusement, est l'oeuvre d'un auteur, noir, jeune, né dans une favela sise dans la grande ville d'Itapecerica da Serra (São Paulo) aux 160.000 habitants, qu'elle a découvert sur le réseau social instagram, alors qu'il avait déjà vendu un total de dix mille exemplaires d'une bonne demi-douzaine de ses ouvrages. Depuis ce remarqué succès d'édition, Wesley Barbosa a quitté la favela.
De ses goûts littéraires, Nichelle dit apprécier Leonora Miano, la Sénégalaise Mariama Bâ (1929/1981), Gael Faye (Petit pays), Elvis Ntambua (Makila) et beaucoup d'autrices, plus contemporaines, de langue française. Aujourd'hui, devenue chargée commerciale de la maison d'édition Wildproject, tournée vers l'écologie, Nichelle Teles prépare l'édition du deuxième livre de BR Marginalia.
Le traducteur de Rouge Favela, Alain François, également interprète, a vécu de nombreuses années à Campinas (São Paulo). Tandis que chaque couverture, inédite, des ouvrages de BR Marginalia est également conçue par de jeunes artistes afro-brésiliens. La couverture de Rouge Favela a été réalisée par l'artiste brésilien Francisco Mesquita, originaire d'Olinda (Pernambuco), dans le nord-est du Brésil.
Les manuscrits sont à envoyer à :
brmarginalia.manuscrito@gmail.com

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Editions
BR marginalia
Nichelle TELES
134, boulevard Queirel
13010 Marseille
33 0775804276
Instagram:
br_marginalia/
Une interview récente de l'éditrice Nichelle Teles est disponible sur YouTube :