
« Sans le Moratoire du Soja, considéré comme l'un des accords multisectoriels les plus efficaces au monde, la voie est ouverte pour que le soja redevienne un facteur majeur de déforestation en Amazonie, ce qui anéantira toute chance pour le Brésil d'atteindre ses objectifs climatiques ». Celle qui s'exprimait ainsi le 19 août est Cristiane Mazzetti, coordinatrice forestière de Greenpeace Brasil, qui ajoutait que cette décision « punit ceux qui protègent les forêts et favorise ceux qui tirent le plus profit de la destruction de l'Amazonie ».
Tandis que la CADE affirme, via un communiqué de sa direction générale, que "cette décision permettra d'enquêter concrètement sur les cartels d'achat mis en place par les grandes sociétés commerciales internationales (sociétés intermédiaires)." Parallèlement à cette suspension, une enquête administrative pour comportement anticoncurrentiel a donc été ouverte afin d'enquêter sur trente (30) gigantesques sociétés* du secteur soja - multinationales et brésiliennes - membres du Groupe de travail sur le soja. Les entreprises faisant l'objet de l'enquête ont également été interdites de collecter, stocker, partager ou diffuser des informations commerciales ou relatives au moratoire sur le soja, tout comme les membres ne peuvent partager des rapports, listes et documents sur le sujet.
Seuls les ingénus ne peuvent craindre le pire. Car ce Moratoire du Soja faisait déjà l'objet de projets de loi et de décisions prises par les assemblées législatives d'États tels que le Mato Grosso (Amazonie), le Maranhão (Nordeste), Rondônia (Amazonie) avec des restrictions sur les incitations fiscales et autres avantages accordés à ceux qui avaient adhéré au Moratoire. Le 12 décembre 2024, les attaques contre le Moratoire ont motivé la publication d'un Manifeste** de 66 organisations de la société civile en faveur du Moratoire.
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(*) Louis Dreyfus, Cargill, ADM, Bunge, Cofco, Amaggi, Viterra, Associação Brasileira das Indústrias de Óleos Vegetais (Abiove), Associação Nacional dos Exportadores de Cereais (Anec), Caramuru, Olam, General Mills, Minerva Foods, Coamo, Gavilon do Brasil, Cocamar, Agraria, etc.
(**) Traduction automatique (revue et relue du Manifeste des 66)
« Les franges les plus rétrogrades de l'agro-industrie exercent une forte pression pour éliminer toute restriction à l'agriculture prédatrice. La moratoire sur le soja est la cible du moment et les attaques ne cesseront pas. Nous exigeons que les entreprises participantes ne cèdent pas à ces pressions et ne jettent pas aux orties les résultats obtenus depuis 18 ans grâce à la moratoire, qu'elles ont contribué à mettre en place », affirme Cristiane Mazzetti, coordinatrice du front Forêts de Greenpeace Brésil.
Les institutions critiquent les initiatives visant à faire pression pour mettre fin à la moratoire. Ce mercredi 11 décembre, l'Aprosoja-MT a présenté au Conseil administratif de défense économique (Cade) une demande formelle d'enquête sur les pratiques commerciales des entreprises signataires de la moratoire sur le soja.
« Grâce au moratoire, la superficie consacrée à la culture du soja dans la végétation native a diminué de 30 % à 1 % rien que dans l'État du Mato Grosso. Nous devons défendre cet important instrument d'incitation au développement durable », déclare Edilene Fernandes, conseillère juridique d'Observa-MT.
« La préservation de l'Amazonie devrait être la priorité absolue des producteurs ruraux, qui ressentent déjà les effets du changement climatique et de la modification du régime des pluies provoqués par la déforestation du biome. La science a déjà prouvé l'importance de l'Amazonie pour le climat mondial et pour le régime des précipitations dans le centre-sud de l'Amérique du Sud, dont dépendent la sécurité électrique et hydrique des millions de personnes qui vivent dans la région », observe Mauricio Voivodic, directeur exécutif du WWF-Brésil.
« Il y a peu, notre préoccupation environnementale ici dans l'État de l'Acre concernait la déforestation visant à transformer la forêt en pâturages pour le bétail, mais ces dernières années, le soja a envahi le paysage, en particulier dans la vallée de l'Acre, de Rio Branco à Assis Brasil. Le soja concentre la terre et accélère encore davantage l'augmentation des inégalités sociales et la violence contre les populations environnantes », affirme Angela Mendes, présidente exécutive du Comité Chico Mendes. Elle cite également l'utilisation excessive de pesticides comme un autre risque pour la région.
Dans leur manifeste, les organisations affirment que les producteurs et les législateurs ignorent la réalité des crises climatiques et de la biodiversité en agissant contre le moratoire sur le soja, et déposent des demandes d'enquête auprès du Cade contre les entreprises signataires de l'accord. Elles mentionnent également les lois créées dans les États du Mato Grosso et du Rondônia, ainsi que les projets de loi dans d'autres États visant à supprimer les incitations fiscales pour les entreprises qui adoptent des critères d'achat supplémentaires au Codigo Florestal.
Les organisations affirment également que le moratoire établit un système de contrôle de l'origine qui empêche l'entrée de soja issu de la déforestation dans la chaîne. « Si cette barrière à l'expansion désordonnée et à la spéculation foncière en Amazonie est supprimée, nous assisterons à un rétablissement de l'incitation à la déforestation », affirment les entités.
Le Moratoire sur le Soja est un accord signé en 2006 par les industries, la société civile, le gouvernement, les banques, les ONG et les sociétés commerciales, dans lequel ils s'engagent à ne plus commercialiser le soja produit dans des exploitations agricoles ayant déboisé des zones du biome amazonien après le 22 juillet 2008.
Dans leur Manifeste, les entités soulignent que l'accord s'est avéré décisif dans la réduction de la déforestation en Amazonie. La superficie plantée en soja en 2007 était de 1,64 million d'hectares. En 2022, le soja planté dans le biome amazonien couvrait 7,28 millions d'hectares, dont seulement 250.000 hectares avaient été plantés dans des zones déboisées après 2008, en violation du Moratoire. »