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Billet de blog 23 novembre 2023

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Étrange police de Bahia: elle veut clore l'enquête sur l'exécution de Mãe Bernadete

Vitor Souto avait créé une nouvelle société, début 2022, pour prendre le contrôle de la décharge qu'il a construite près du quilombo où Mãe Bernadete a été assassinée le 17/8/23. Lors d'une conf de presse le 16/11/23, la police civile de Bahia a conclu que la cheffe du quilombo avait été tuée car elle luttait contre.. l'exploitation forestière illégale et le trafic de drogue dans sa région.

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Le fils de Mãe Bernadete rejette la piste et l'angle de l'enquête affirmés par la police civile de Bahia sur le meurtre.

Après l'assassinat de "Binho", le fils de Bernadete, en août 2017, Vitor Souto a agi pour échanger le Code d'enregistrement (CNPJ) entre ses propres sociétés afin de garder le contrôle du projet de la décharge. Et cela tout de suite après l'ouverture de l'enquête de la police fédérale (PF) et la citation de Naturalle. Les registres des licences et de leurs échanges respectifs sont disponibles à l'Inema, l'agence environnementale de l'Etat de Bahia, dont la direction est nommée par le gouverneur, en l'occurence du parti PT, depuis 16 années consécutives.

En 2016, Naturalle a reçu une licence de la mairie de Simões Filho pour construire une décharge inerte sur un site de 163 hectares dans une zone de protection environnementale, l'APA Joanes Ipitanga, dans la vallée d'Itamboatá. Le bénéfice estimé de cette décharge est de 20 millions de R$ (4 millions US$) par an. 

Bernadete et son fils se sont battus contre cette  décharge de Vitor Souto.
The Intercept Brasil (TIB)  avait montré que la mère Bernadete et son fils ont tous deux mené la lutte contre l'installation de ce projet de la société  Naturalle.

Grâce à un accès exclusif à l'enquête de la police fédérale (PF), The Intercept Brasil a découvert que l'entreprise Naturalle, détenue par Vitor Souto, est mentionnée plus de dix fois dans l'enquête sur la mort de Binho do Quilombo

Par la suite, Vitor Souto a donc agi pour échanger la licence entre ses propres sociétés, afin de garder le contrôle de l'entreprise, après que l'enquête de la PF ait commencé et que Naturalle a été citée.

Après la mort de Binho, l'Inema a refusé à Naturalle une licence environnementale en avril 2018. L'entreprise a alors  demandé un réexamen et a obtenu une licence environnementale en 2019. En décembre 2020, elle a été autorisée à mettre en place la décharge. 

En août 2021, la société Recycle Waste Energy (RWE) a été créée et, en janvier 2022, elle a hérité de toutes les licences de Naturalle pour la décharge de Simões Filho, y compris celles concernant la suppression de la végétation, la gestion de la faune et l'installation de la décharge.

Dans le document signant le transfert des licences, l'adresse de Recycle est pratiquement la même que celle de Naturalle - le même bâtiment commercial à Pituba, avec seulement le changement de bureau : 106 (Naturalle) et 201 (Recycle). Actuellement, Recycle a une adresse différente dans le registre de l'IRS.

Naturalle et Recycle ont exactement le même objectif dans la classification nationale des activités économiques (CNAE), qui identifie l'activité principale d'une entreprise. Les deux entreprises ont été créées dans l'intention d'opérer dans le "traitement et l'élimination des déchets non dangereux".

Un avocat spécialisé dans le droit des affaires interrogé par The Intercept Brasil a qualifié d'"atypique", mais "pas illicite", cette opération de transfert de licences entre entreprises de même propriété et ayant des objectifs d'exploitation similaires. Étant donné que Vitor Souto apparaît comme l'unique actionnaire de Naturalle, s'il voulait seulement inclure Marcelo Adorno dans la société, il pourrait opter pour une simple modification des statuts, établissant la division des actions pour chacun.

 Nous nous sommes rendus devant l'mmeuble, situé à la limite du quartier chic  de Itaigara. Photos ci-dessous :

Illustration 1
© DR
Illustration 2
© DR

Selon l'avocat, "'est beaucoup plus simple et plus rapide que de fonder une nouvelle société avec un nouveau partenaire - puisque cette activité nécessite des licences municipales pour fonctionner."

L'homme d'affaires Vitor Souto a affirmé au TIB que ce changement est une décision commerciale. Le journaliste André Uzeda a demandé à l'homme d'affaires Vitor Souto de commenter l'échange de licences entre ses entreprises. Par l'intermédiaire du service de presse de Naturalle, Souto a demandé de lui envoyer les questions et a répondu au TIB par écrit que "le changement était une décision commerciale, qui a été soumise à tous les organismes compétents et approuvée par eux". 

Souto a également précisé que les partenaires ont décidé de créer Recycle pour "se consacrer exclusivement à la gestion des décharges, Naturalle et LimpCity restant responsables des contrats liés à la propreté publiq ue". 

Quant à l'homme d'affaires Marcelo Adorno Farias, il a également été contacté par le TIB mais n'a pas répondu à ses questions.

La police fédérale a conservé les conflits entre l'entreprise Naturalle et Binho do Quilombo comme l'une des pistes d'investigation dans l'enquête sur la mort du leader quilombo.

Le TIB a eu accès à ce document de 920 pages, qui contient des informations datant de la prise en charge de l'affaire par la PF - au départ, l'enquête était entre les mains de la police civile de Bahia, qui n'a guère progressé dans l'élucidation du crime.

La commissaire de la police fédérale, Lívia Cunha, chargée de l'enquête sur le meurtre de Binho do Quilombo, a même demandé à la mairie de Simões Filho d'envoyer une copie intégrale de la licence d'installation de Naturalle dans la vallée d'Itamboatá. L'IP a également demandé à l'Inema d'envoyer une copie du processus administratif pour l'installation de la décharge de Naturalle. Les deux demandes ont été satisfaites.

Dans sa justification, la policière a écrit qu'il était intéressant d'obtenir les données "pour mieux vérifier la nature d'un éventuel conflit entre Binho do Quilombo et les personnes qui représentent les intérêts de Naturalle Tratamentos de Resíduos Ltda". 

Toujours selon elle, "il est récurrent, dans les documents d'information de l'enquête, d'indiquer un conflit d'intérêts politiques ou, pour d'autres, un conflit foncier lié à l'établissement de Naturalle dans une zone de quilombo comme motivation principale de l'infraction faisant l'objet de l'enquête".

La police civile et le ministère public de Bahia ont convoqué le 16/11/23 une conférence de presse pour présenter les résultats de l'enquête. Le ministère public de Bahia a inculpé cinq hommes pour le meurtre de la leader quilombola. Les crimes reprochés sont l'homicide aggravé avec un motif cruel, l'utilisation d'une arme à feu et l'absence de possibilité de défense pour la victime.

Arielson da Conceição Santos et Sérgio Ferreira de Jesus sont en état d'arrestation. Deux autres sont en fuite : Josevan Dionísio dos Santos et Marílio dos Santos. Un troisième, Ydney Carlos dos Santos de Jesus, fait l'objet d'une demande ouverte de placement en détention provisoire. Selon la police civile, le crime est motivé par l'exploitation forestière illégale et le trafic de stupéfiants.

L'enquête a également révélé que des trafiquants de drogue avaient installé un stand pour vendre de la drogue dans la région et que Mère Bernadete s'opposait à ce commerce. Parallèlement, elle s'est battue avec Sérgio Ferreira, qui tentait d'extraire du bois dans la zone de protection de l'environnement. Bien que l'enquête sur la mort de la dirigeante quilombola soit considérée comme résolue, la police civile de Bahia a déclaré qu'elle continuait d'enquêter sur les conflits fonciers dans la région.

Après cette conférence de presse du MP et de la PC-BA, du 16/11/23, Jurandir Pacífico, le fils de Mãe Bernadete, n'est pas satisfait des résultats de l'enquête.

(AUDIO sous-titré ci-dessous)

"Je suis déçu de l'attitude de la police civile de Bahia, qui ne veut pas découvrir qui a fait tuer ma mère et pourquoi. Ce qu'ils donnent, c'est un palliatif. Je suis déçu par cette attitude", a-t-il déclaré au TIB.

MÃE BERNADETE: Jurandir Pacífico, filho de Mãe Bernadete, se diz decepcionado com o desfecho do caso © THE INTERCEPT BRASIL

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