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Alors qu’ils font paître leur troupeau dans la montagne, deux adolescents sont attaqués par des terroristes, dans la zone aride de moyenne montagne d'un pays du Maghreb. Nizar, 16 ans, est décapité tandis qu’Achraf, 14 ans, doit rapporter la ... tête de son ami à sa famille, exigence des terroristes. A partir de ce pitch d'un scénario à plusieurs mains, tissé à partir d'une histoire vraie datée de 2015, le cinéaste Lotfi Achour, venu de la mise en scène de théâtre, explore par l'image l'aphasie initiale des personnages mêlée à leur perte de repères, suivie d'une lente hardiesse adoptée par le jeune personnage principal.
Le cinéaste a choisi le seul téléobjectif et le cadrage sur le seul faciès, sans la moindre profondeur de champ, pour capter les attitudes d'ébahissement, suivi d'une résolue résilience, de l'ensemble des personnages, qu'ils soient dans leur longue marche - pour récupérer le corps - ou en leurs moments de regroupements dubitatifs, et ne permet pas l'altérité du regard du spectateur. Dans d'autres moments, les courses apeurées ou la fuite rapide du personnage principal sont de très habiles travellings, filmés à mi-jambes, mais cent mille fois vus et revus dans tout block-buster international. Ce choix technique, unilatéral et répétitif, ne vient différer que lorsque le cinéaste choisit de montre l'immensité des paysages, sans secours et sans réconfort, secs. Alors, là, avec un objectif grand angle, l'unité du groupe familial, dans des paysages d'immensités silencieuses et austères, ne paraît, bien sûr, pour le spectateur, que plus encore vouée à la réussite, mais teintée d'absolue solitude.
L'absence de dialogues un tant soit peu élaborés du groupe familial renforce, avec la caméra discrète au loin, le caractère taiseux de ces personnages qui composent ces peuplades de bergers isolés dans les montagnes, mais sans contre-champ, sans basculement technique, sans plans de dos, de contre-plongée ou autres mouvements élaborés de la caméra, cela ne permet pas au spectateur de maintenir son attention de manière satisfaisante. Quelquefois, la mièvrerie guette.
On ne peut que le regretter, malgré l'expressivité émouvante et l'absence de déstabilisation du comédien principal, assez magistral, tout le film durant, dans sa tentative effrénée de dépassement de la tragédie dont il a été témoin.
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Les Enfants rouges est un film (1h38) réalisé par Lotfi Achour avec Ali Helali, Wided Dadeb. Il sortira en France le 7 mai 2025. Il a été tourné en Tunisie durant l'été 2022.