En aucune manière, au cours des cinq dernières années, au Brésil, le nombre de gynécologues dans les établissements pénitentiaires n'a suivi l'évolution de la population carcérale.
Au contraire.
Au second semestre 2020, 26 gynécologues s'occupaient de plus de ... 41.000 femmes. Au cours de la même période en 2021, 40 gynécologues étaient en charge de plus de 42.000 femmes. L'effondrement le plus grave s'est produit en 2022, lorsque le nombre de gynécologues a chuté de manière spectaculaire à ... 16 professionnels au premier semestre et à 17 au second semestre pour plus de 45.000 femmes détenues.
Le rapport entre le nombre de gynécologues et le nombre de femmes détenues est abyssal : au cours du deuxième semestre des cinq dernières années (2020/2025), le système pénitentiaire a proposé en moyenne les services d'une seule gynécologue pour ... 1.214 femmes.
Au second semestre 2020, 26 gynécologues ont pris en charge plus de 41 000 femmes. Au cours de la même période en 2021, 40 gynécologues ont pris en charge plus de 42 000 femmes. L'effondrement du nombre de gynécologues le plus important s'est produit en 2022, avec 16 spécialistes au premier semestre et 17 au second semestre, pour plus de 45.000 femmes.
En conséquence, les moyennes établies étaient effarantes : une gynécologue pour soigner 1.080 détenues en 2023 ; une pour 1.190 femmes en 2022 ; une pour 1.057 femmes en 2021 et une pour 1.592 femmes en 2020.
Le journal en ligne Ponte jornalismo cite l'exemple d'Amanda, qui, arrivée à la prison pour femmes de Votorantim (São Paulo), "a reçu un kit contenant un uniforme, une couverture, du savon, du dentifrice, une brosse à dents et un rasoir, mais aucun produit d'hygiène menstruelle. Pendant les quinze premiers jours passés dans la cellule d'intégration, alors qu'elle saignait sans arrêt, elle dépendait des gardes pour obtenir des serviettes hygiéniques. Après avoir été transférée dans sa cellule, sans visites régulières de sa famille, Amanda a dû improviser. Comme elle s'occupait déjà des sourcils avant son incarcération, elle a commencé à offrir ce service en échange de paquets de cigarettes, la monnaie de la prison. « Les paquets de cigarettes sont comme de l'argent », explique-t-elle. C'est ainsi qu'elle a pu acheter des serviettes hygiéniques et d'autres articles d'hygiène."
L'obstétricienne Albertina Duarte Takiuti, cheffe du service ambulatoire de gynécologie de l'adolescence à l'université de Sao Paulo (USP) renforce ce constat dramatique. Lors d'une consultation dans l'un des centres de la Fondation CASA (fondation publique de droit privé à São Paulo et liée au secrétariat d'Etat à la justice), elle a remarqué que divers types d'objets étaient utilisés pour remplacer les serviettes hygiéniques. « Les jeunes femmes utilisaient des bouchons en papier, des bouchons de bouteille normaux, des bouchons en plastique, des petits pots en plastique, du papier journal et des chiffons [pour contenir le saignement] », souligne-t-elle. « C'est une situation de vulnérabilité qui va compromettre la santé des femmes (...) À partir de ce moment, non seulement leur estime de soi (déjà ébranlée) empire, mais leur santé mentale est également affectée par ce traumatisme supplémentaire et devient encore plus fragile ».
Sur les 29.000 femmes incarcérées dans le pays en 2025, plus de 19.000 n'ont pas terminé leurs études secondaires. Plus précisément, 11.246 n'ont pas terminé leurs études primaires et seulement 2.904 ont terminé ce cycle. En outre, 355 femmes sont analphabètes.
La plupart des femmes privées de liberté au Brésil sont également mères, ce qui rend encore plus urgent l'accès à un suivi gynécologique continu et de qualité. Sur les 29.000 enregistrées, seules 6.109 femmes ont déclaré ne pas avoir d'enfants, tandis que plus de 12.000 ont déclaré être mères d'au moins un enfant.
Une grande partie des femmes privées de liberté au Brésil n'ont pas commis de crimes contre la vie — homicide, vol suivi d'homicide, incitation ou aide au suicide, infanticide et avortement. Environ 46,3 % d'entre elles sont accusées de trafic de drogue ou d'association avec ce trafic.
Contactée par Ponte Jornalismo, la Direction de l'administration pénitentiaire (SAP) a déclaré, le 11/9/2025, que « la police pénitentiaire offre l'accueil nécessaire aux femmes détenues dans l'État de São Paulo, grâce à ses propres équipes de santé ». Selon le secrétariat, « dans les situations d'urgence ou lorsqu'il y a besoin de soins spécialisés de moyenne ou haute complexité, les détenus sont transférés vers des établissements externes, dûment escortés et avec autorisation judiciaire ».
Concernant les articles fournis, la SAP a souligné que « les établissements pénitentiaires fournissent des sous-vêtements, qui composent la tenue réglementaire, et distribuent des kits d'hygiène personnelle », précisant que « parmi les articles figurent deux paquets de serviettes hygiéniques, contenant huit unités chacun, et quatre rouleaux de papier toilette ». Le ministère a également assuré que « si la détenue demande davantage d'articles, le matériel est remplacé dans la quantité nécessaire ».
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En France, la situation des soins gynécologiques n'est à peine plus reluisante : selon un rapport (PDF, 41 pages) publié par l 'bservatoire International des Prisons - Section Française (OIP) en juillet 2022 "certaines spécialités connaissent également une démographie déficitaire à l’échelle nationale. C’est le cas des gynécologues, y compris en Île-de-France: «On a des difficultés à pourvoir les postes de gynécologue de façon générale, pas seulement en détention, explique Rose Nguyen, gynécologue à l’US de Fleury-Mérogis. Ne serait-ce qu’à l’hôpital il manque des temps pleins, et on a du mal à faire des listes de garde obstétrique. Dans le réseau de santé périnatale, certains de nos établissements ont recours à l’intérim pour les gardes.»