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Billet de blog 26 septembre 2025

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A São Paulo, en 2025, la police militaire extermine aussi les squatteurs

Depuis le début avril 2025, la PMESP a exécuté, sans témoin, quatre squatteurs dans le même quartier dont trois dans le même squat.

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Illustration 1
© DR

Un squatteur d'une occupation rue Guaporé, dans le quartier de Luz, dans le centre de la ville de São Paulo, a été abattu par la police militaire de São Paulo (PM-SP) mardi 23 septembre 2025 vers 10h30. Une autre personne vivant sur place a déclaré aux jornalistes de Ponte Jornalismo qu'il s'agissait d'une exécution, dans des circonstances similaires à celles de deux autres décès également commis par des policiers militaires au même endroit il y a cinq mois.

Cette victime fatale, du 23/9, a été identifiée comme étant Valter Junior Pereira de Araújo, 26 ans. Il vivait sur place avec sa compagne et leurs deux filles, des jumelles. Le squatteur était seul dans l'une des petites pièces de l'occupation lorsque quatre policiers militaire de la Ronda Ostensiva com Apoio de Motocicletas (Rocam) auraient fait irruption et l'auraient tué, alors qu'il ne représentait aucune menace.
 
Le corps de Valter est resté sur place jusqu'à environ 16 heures, sans que les autres habitants du squat puissent s'en approcher, empêchés par la police militaire de São Paulo. Ils ont pourtant appelé les secours, mais l'ambulance qui s'est rendue sur place aurait été renvoyée par les policiers militaires, alors que la victime était déjà morte.
Des policiers militaires, de la Force tactique et d'un bataillon d'actions spéciales de la police (Baep), se trouvaient également sur place. Les agents auraient jeté de l'eau sur le sol de la pièce où Valter a été tué afin de disperser le sang.
 

En décembre 2023, Valter Junior Pereira de Araújo et deux femmes avaient été arrêtés en flagrant délit avec sept grammes de méthazépam, un opiacé, accusés de trafic de drogue à l'entrée de la station de métro Armênia. Le lieu (squat) où il a été tué au matin du mardi 23 septembre 2025 se trouve à 500 mètres de là, sous un viaduc emprunté par le métro, dans un terrain clos par un mur et accessible par un portail en tôle.

Valter a obtenu une autorisation de libération en janvier 2024. En mars 2025, il a finalement été condamné en première instance pour trafic de drogue dans une autre affaire, datant de 2019, dans laquelle il avait été arrêté en possession de deux grammes de crack, trois grammes de cocaïne et huit grammes de marijuana. La peine qui lui a été infligée a été convertie en restrictions de droits, afin qu'il puisse rendre des services à la communauté et payer une amende.
 
Valter Junior Pereira de Araújo avait également déjà été dénoncé pour un vol dans un magasin, où, avec un autre homme, il avait dérobé un téléphone portable, une enceinte et 1.300 R$ (230 US$) en espèces, somme qui correspond au montant d'un salaire minimum au Brésil. Comme dans les autres cas, le crime dont il était accusé aurait été commis sans recours à la violence ni à une arme à feu.
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Avant Valter Junior Pereira de Araújo, dans le même squat, deux hommes avaient été tués, le 17 avril 2025. À cette occasion, la police militaire de São Paulo (PMESP) avait également déclaré qu'ils avaient été abattus après avoir résisté à une interpellation. À l'époque, les squatteurs avaient organisé une manifestation au cours de laquelle ils avaient réfuté la version de la police militaire et affirmé qu'il s'agissait d'exécutions. Ceux qui vivent là-bas affirment également que, depuis lors, des policiers militaires ont menacé de revenir sur les lieux pour commettre un troisième meurtre.

Une semaine avant cet épisode, également en avril 2025, des agents de la PMESP avait encore tué un habitant d'un autre squat de taille similaire dans le centre de São Paulo, rue Prates, dans le quartier de Bom Retiro – l'endroit se trouve à un peu plus d'un kilomètre du squat de la rue Guaporé.
Dans ce cas, la victime fatale était Amarildo Aparecido da Silva, noir, âgé de 36 ans, connu localement sous le nom de "Kaká". Il a été abattu le 10/4/2025 dans une petite pièce de 8 m2, dans le squat. La police militaire de São Paulo a affirmé avoir réagi à une confrontation imminente, mais les habitants ont aussi déclaré qu'il s'agissait d'une exécution.
À l'époque, les journalistes indépendants de Ponte Jornalismo se trouvaient à cet endroit, également connu sous le nom de "petite favela de Prates ["favelinha da Prates"]. Entourée de murs et accessible par un portail en tôle, elle se trouve au bout de la rue Prates, où la voie devient sans issue, et fait face au Complexe de Prates, un ensemble d'équipements publics destinés à l'aide sociale et à la santé des personnes en situation de vulnérabilité, en particulier les toxicomanes, qui circulent en permanence dans ce quartier. La plupart des personnes qui vivent dans ce squat, environ 70 personnes, vivent dans des conditions précaires : elles sont toxicomanes, ont des problèmes familiaux ou sont exclues du marché du travail formel. Il y a même des enfants qui vivent là, sous la garde de leurs parents. Selon les squatteurs, Amarildo a été traîné par le bras depuis l'entrée de l'occupation jusqu'au lieu de l'exécution. Le récit fait à l'époque indiquait également qu'il aurait été tué en raison de ses antécédents criminels. La victime avait déjà été arrêtée pour avoir tenté de voler un iPhone 6s en 2019, occasion à laquelle elle avait déclaré avoir commis ce crime parce qu'elle était en manque de drogue. Elle avait été libérée en novembre 2024. La police militaire de São Paulo a déclaré à l'époque avoir saisi sur lui un revolver de calibre 32 décapé, que les habitants ont également déclaré avoir été placé sur les lieux par les meurtriers. Selon le secrétariat d'Etat à la sécurité publique de Sao Paulo, 244 doses de crack, 50 de cocaïne et 26 de drogue de synthèse K2 auraient également été saisies, ainsi qu'un sac, deux téléphones portables et 574 R$ (100 US$) en espèces sur Amarildo.

Dans la pièce où il a été tué, il n'y avait aucune trace de balle. Les policiers auraient emporté les douilles et auraient eux-mêmes remis à la police civile un revolver .32 rayé qui, selon eux, appartenait à la victime. Les habitants affirment que la police scientifique s'est montrée complaisante envers la police militaire. Les experts ont laissé derrière eux un gant jetable maculé du sang de la victime. Le rapport d'enquête mentionne qu'aucun témoin ni aucune caméra de surveillance n'ont été identifiés qui auraient enregistré la prétendue confrontation. Le document indique également que "Kaká" serait décédé seulement au poste de santé du district de Santana, dans la zone nord de São Paulo, où il avait été transporté par les secours. Un rapport médical indique cependant que l'homme blessé par balle était déjà mort à son arrivée au poste de santé.

 
  
Au-delà de ces détails macabres personnalisés, il faut rappeler que les agents de la police militaire de São Paulo (PMESP) ont, en 2024, tué ... 813 personnes dans l'Etat qui comprend 44 millions d'habitants..
 
Un chiffre qui ne peut que laisser pantois, effrayé, effaré et apeuré tout citoyen de la planète Terre.
 

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