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"Le rayonnement spirituel du monde afro, par le carnaval, entre autres rituels, est totalement, et enfin, installé dans la vie contemporaine du Brésil". Le photographe Stéphane Herbert aime aussi à dire que c'est "par la couleur des vêtements, mais surtout par la pellicule couleur," que l'on peut retrouver, dans ses photographies, l'égale énergie qui se manifeste dans sa relation personnelle, passionnelle et spirituelle avec l'identité des orixás, c'est-à-dire les divinités que l'on trouve dans le candomblé de Bahia. Et Stéphane aime insister sur le fait que "la vie est en couleurs, oui, mais, en plus, il y a une énergie qui émane de la couleur, et vice-versa, via ces divinités".
Car le photographe, à se mêler à ces rites, éprouve le sentiment d'une "chute du ciel", également, de la divinité Iansã (photo ci-dessus), surtout. Cette dernière, avec laquelle il ressent une affinité, comme une femme à la forte personnalité, s'est "invitée" dans son boîtier photographique, sur sa pellicule Kodachrome*, en des contrastes forts. Il revendique une sensation émotionnelle, avant tout, qu'il tente, par plus de trente années d'allées et venues entre Salvador et d'autres villes, hors du Brésil, de retranscrire, avec de courtes focales, la plupart du temps, et dans des tonalités au plus proche de leurs symboliques religieuses. Elles ne sont plus, toutes les souffrances passées des pratiquants de la culture afro, comme la capoeira, et ces tensions aujourd'hui totalement apaisées permettent pleinement de transmettre cette culture, liants des rituels synchrétiques présents à Salvador de Bahia que Stéphane a immortalisés.
Photographier, c'est capturer l'éphémère et lui donner une éternité, disait le photographe Bruno Barbey (1941/2020), prince de la couleur et du cadre. Un gros plan sur une nuque, des couleurs saturées et une lumière intense, lors de scènes dynamiques où corps et esprits semblent mus par une ligne d'horizon intime, dans ce "carnet-photographique" de Stéphane Herbert, sont les éléments humains qui apparaissent plein cadre. Il ne coupe jamais les visages en bordure de cadre, pour intégrer pleinement le groupe, ou bien la personne seule sous l'oeil attentif d'un groupe, en couleurs, va alors surgir comme élément narratif central, mais d'une communauté. L'individualisme et la personnalisation n'a pas sa place, dans les rituels, à Bahia. Il n'y a ici, dans ces 54 photographies, que peu de mouvements suspendus, hors du temps, pour certifier combien la communauté afro forme un ensemble, a fortiori dans des espaces fermés propres à des transes ou à des cheminements imposés par des hiérarchies synchrétiques strictes. Réinventer la capoeira visuellement, comme le montre ce livre, c'est aussi, la saisir dans des espaces divers, en des processus d'enseignement ou bien festifs, mais en des moments où la rigueur du ou des pratiquants de l'art martial est ce qui perce l'oeil de Stéphane Herbert. Pas de place pour l'amateurisme, dans les figures de la capoeira ici cadrées au plus près, dans des teintes moirées, en des soirs tombants ou des après-midi d'enseignement répétitif et scrupuleux.
L'artiste n'a également omis, dans son ouvrage, de saisir nombre d'outrances joyeuses, sises, elles, lors du Carnaval de Bahia, autre rituel, celui qui fait "toujours danser les corps et les coeurs". La reine couleur explose alors entre bleus et rouges, jaunes et blancs, dans des photographies en double page, qu'ils soient l'apanage ou l'habit d'une multitude d'un bloco de carnaval ou de "mythiques guerrières" de la forêt brésilienne.
A tourner la dernière page de ce carnet-photographique, où les textes-légendes épurés permettent au lecteur une raisonnée empathie, l'intimation, pour le lecteur, à rejoindre la "boa terra" de Bahia ne pourra alors que s'apparenter à celle, décisive, qui a saisi Stéphane Herbert, en 1993 à Paris, au sortir de la première exposition d'envergure** de photographies de Pierre Verger...
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(*) La captation en photographie argentique, S. Herbert l'a cessée en 2008, après s'être rendu à Chandigarh, au nord de l'Inde, pour photographier la cité utopiste imaginée par l'architecte Le Corbusier dans les années cinquante et soixante.
(**) "Pierre Verger, le messager - 1932-1962", au Musée des Arts d’Afrique et d’Océanie, à la Porte Dorée, à Paris, organisée par Jean-Loup Pivin (1951) et Pascal Martin Saint Léon (1952).
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Rituels du Brésil
Stéphane Herbert
55 photographies
(chacune est légendée pour sa description et donne le contexte lexical des rites afro-brésiliens)

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Maisonneuve&Larose / Hémisphères Éditions
96 pages, format 15x21 cm, couverture rigide
ISBN 978-2-37701-220-6 ■ Prix 25 €
Attachée de presse: Cécile Nguyen 06.14.40.49.16
URGENT à savoir : Le MARDI 1er avril 2025, à Paris, à 19 heures, dans le Bar culturel "Le 61", au 3 rue de l'Oise (métro Crimée) aura lieu une Projection-discussion autour de ce livre-carnet photographique, de Stéphane Herbert - en sa présence.
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Stéphane Herbert est photographe depuis une trentaine d’années. Ses sujets de prédilection portent sur des thèmes liés aux civilisations contemporaines. Travaille sur le Brésil depuis sa longue rencontre avec Pierre Verger (1902/février 1996), chez lui, à Salvador de Bahia, en 1995. Nombreuses publications dans des magazines tels que Géo ou Grands Reportages.
Co-auteur des deux ouvrages MONGUEN de cordillera a mar (Globe Vision, 2012) et villes rêvées, villes habitées – URBAN UTOPIAS – La Grande Motte, Brasília, Chandigarh (Somogy Éditions d’Art, 2015).
Expositions en France, au Japon, en Inde et au Brésil, notamment au Museu Nacional à Brasília. Sa série imaginals a intégré en 2014 les collections du Istanbul Photography Museum.