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Billet de blog 28 octobre 2025

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Au Brésil, le nombre de peuples et de langues autochtones est en hausse

Selon un recensement de 2022, le Brésil compte 391 ethnies, soit 86 de plus que les 305 enregistrées en 2010 (sur les 1,7 million d'autochtones, 1,2 million ont déclaré leur appartenance ethnique). Le nombre de langues est passé de 274 à 295, par rapport à 2010. Les données montrent une hausse de la diversité ethnique dans les 27 États, à l'exception de l'Amapá (5 en 2010 et 3 en 2022).

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Les chiffres collectés par l'Institut brésilien de géographie et de statistique (IBGE) ont été publiés le vendredi 24 octobre 2025 : les ethnies des indigènes du Brésil sont en augmentation et le nombre de langues parlées également, entre 2010 et 2022. Selon Fernando Souza Damasco, responsable des territoires traditionnels et des zones protégées à l'IBGE, cette augmentation est en partie due aux efforts des populations autochtones elles-mêmes pour sauver leurs langues, ainsi qu'aux processus migratoires.
  
Sur l'ensemble des personnes autochtones, 73,08 % ont déclaré appartenir à une ethnie et 1,43 % ont déclaré appartenir à deux ethnies. Parmi les autres, 9,85 % n'ont déclaré aucune appartenance ethnique et 13,05 % ont déclaré ne pas savoir. 
 

Sur les 295 langues parlées sur l'ensemble du territoire brésilien, 248 sont parlées dans les réserves indigènes, nommées TI au Brésil (liste des TI). Au total, dans 1.990 municipalités, au moins une personne indigène âgée de deux ans ou plus parle une langue indigène. Les données montrent qu'en 2022, 474.856 personnes, soit 29,19 % de la population autochtone âgée de 2 ans ou plus au Brésil, parlaient ou utilisaient des langues autochtones à domicile. Sur ce total, la majorité, soit 372.001 personnes (78,34 %), se trouvait sur des terres indigènes (TI). Ce chiffre représente 63,35 % de l'ensemble de la population indigène vivant dans les TI.
  
Au sein des terres indigènes (TI), le plus grand nombre d'ethnies identifiées dans le recensement de 2022 se trouve dans l'Etat de l'Amazonas : 95.
 
Si l'on prend en compte les seules capitales, les plus fortes concentrations ethniques se trouvent dans les capitales suivantes : São Paulo (194 ethnies, SP), Manaus (186, Amazonas), Rio de Janeiro (176, RJ), Brasília (167, DF) et Salvador (142, Bahia).
  
En dehors des capitales, les municipalités de Campinas (1,15 million hab., São Paulo), Santarém (332.000 hab., Pará) et Iranduba (62.000 hab., Amazonas) présentent la plus grande diversité de peuples autochtones (avec respectivement 96, 87 et 77 ethnies). 
  
Parmi les langues qui figurent dans les résultats du recensement de 2022, vingt-et-une ont été déclarées pour la première fois par les populations autochtones. 
 
Tandis que le peuple indigène le plus nombreux est celui des Tikúna*, avec 73.564 autochtones. Leur langue, le tikuna, est aussi la plus parlée : 52.000 indigènes la parlent, et les 20.000 autres peuvent ne plus la parler ou l'utilisent comme deuxième langue, après le portugais du Brésil. Les Tikuna vivent dans la région de Alto Solimões, au sud-ouest de l'Etat de l'Amazonas. Cette région est frontalière avec la Colombie, au nord, et avec le Pérou, du nord-ouest à l'ouest.
 
 

Illustration 1
© DR / Folha de Sao Paulo

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(*)  Le tikuna est une langue tonale. Elle est considérée comme génétiquement isolée et présente une grande complexité dans sa phonologie et sa syntaxe.
La première référence aux Ticunas remonte au milieu du XVIIe siècle et se trouve dans le livre "Novo Descobrimento do Rio Amazonas", du missionnaire jésuite espagnol Cristobal de Acuña.
Dans les villages situés du côté brésilien, l'utilisation intensive de la langue tikuna n'est menacée ni par la proximité des villes ni même par la cohabitation avec des locuteurs d'autres langues à l'intérieur de la zone tikuna : dans les villages, ces locuteurs d'autres langues sont minoritaires et finissent par se soumettre à la réalité tikuna, raison pour laquelle ils ne représentent peut-être pas une menace d'un point de vue linguistique. Cette situation peut être illustrée par les Kaixana (ou Caixana), les Kokama (ou Cocama) et les Kanamari ; les deux premiers sont présents dans plusieurs villages tikuna et les derniers sont présents en petit nombre dans ces villages. Les Kaixana sont lusophones. Les Kokama, qui vivent parmi les Tikuna du côté brésilien, n'ont pas le kokama comme langue maternelle, ce rôle étant principalement joué par le portugais. Certains Kokama, bien que peu nombreux, se souviennent de mots, de séquences ou de phrases en langue kokama, et dans ce sens, la plupart ont pour objectif de la réacquérir d'une manière ou d'une autre, ce qui est actuellement tenté dans le cadre de l'éducation scolaire indigène. En ce qui concerne les Kanamari qui vivent parmi les Tikuna au Brésil, rien n'indique qu'ils aient cessé de parler leur propre langue – le kanamari appartient à la famille katukina – ni que cette langue se superpose à la réalité linguistique tikuna au sein même du village tikuna.
Dans les villes des municipalités de l'État d'Amazonas où se trouvent les villages tikuna, on peut entendre cette langue lorsque ses locuteurs, de passage dans ces villes, s'adressent à d'autres Ticunas également de passage ou qui y résident. En ce qui concerne l'utilisation de la langue par les enfants des locuteurs ticuna qui se sont installés dans les villes, on peut observer que son utilisation présente, parmi ses variables les plus dominantes, l'attitude des parents à l'égard de leur propre langue : lorsque l'attitude est orientée vers une valorisation de la langue ticuna et de ce qui est propre à l'univers ticuna, la langue est utilisée dans la relation des parents avec leurs enfants ; lorsque ce n'est pas le cas, la langue utilisée est le portugais, bien que les cas soient rares.
Quant aux tikunas qui, pour diverses raisons, se sont déplacés vers la capitale de l'État d'Amazonas, Manaus, ils vivent de manière plus dramatique l'imposition de la langue dominante (le portugais du Brésil) et de ses vecteurs, raison pour laquelle ils se réunissent autour de projets qui ont pour objectif, entre autres, de maintenir leur langue vivante.

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