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Billet de blog 29 octobre 2025

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Amazonie du Brésil: 40 peuples indigènes isolés menacés par des industriels miniers

1.827 demandes d'exploitation minière de cuivre, lithium, étain, terres rares et autres minerais — utilisés pour les puces électroniques, éoliennes, voitures — distantes à moins de 40 km de groupes autochtones isolés ont été déposées par 567 entreprises, coopératives ou personnes physiques.. Une enquête de Repórter Brasil et Rainforest Investigation Network (Pulitzer Center).

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Illustration 1
© Reporter Brasil / Rodrigo Bento

Les journalistes de Repórter Brasil ont croisé les informations fournies par l'OPI (Observatório dos Povos Indígenas Isolados) sur la localisation des peuples isolés avec les demandes d'exploitation de 16 minéraux critiques en Amazonie, extraites de la base de données de l'ANM (Agence nationale des mines). La liste comprend le cobalt, le cuivre, l'étain (cassitérite), le graphite, le lithium, le niobium, le nickel, le platine, le silicium, le thallium, le tantale, les terres rares, le titane, le tungstène, l'uranium et le vanadium. 

La terre indigène (TI) Yanomami est la deuxième plus touchée, derrière la forêt nationale d'Amanã, dans le bassin du Tapajós, dans l'État du Pará. En troisième position se trouve la TI Uru-Eu-Wau-Wau, dans l'État de Rondônia, où vivent cinq peuples isolés. Cette zone est menacée par l'exploitation illégale de l'étain et est entourée de 224 projets miniers essentiels à l'industrie technologique.

Au total, 30 unités de conservation et terres indigènes (TI) où vivent des peuples isolés sont touchées. Certaines d'entre elles figurent déjà parmi les plus déboisées de l'Amazonie, comme les terres indigènes Ituna Itatá et Munduruku, dans l'État du Pará. 

Egalement touchés, les peuples autochtones Tamanduá et Pakyi, dans la réserve indigène Piripkura. Ils sont les derniers représentants du peuple Piripkura, historiquement menacé par les bûcherons dans l'État du Mato Grosso et encerclé par des demandes d'exploitation d'étain, de cuivre et de tantale. 

Des demandes d'exploitation minière de nickel et de tungstène, entre autres substances, entourent également la Terre Indigène Tanaru (Rondônia), lieu de résidence de l'« Indien du Trou ». Survivant de massacres successifs, il a vécu seul jusqu'à son décès en 2022.


Parmi les industriels miniers figurent Anglo American Níquel Ltda, filiale de la société minière britannique Anglo American, arrive en tête du classement avec 83 projets actifs d'exploitation de minerai de cuivre dans les États du Mato Grosso et du Pará, selon les données de l'ANM. Aucun de ces projets n'est encore en phase d'exploitation, c'est-à-dire au stade où l'extraction est effectivement réalisée.
En tête du classement avec 83 projets actifs d'exploitation de minerai de cuivre dans les États de Mato Grosso et du Pará, Anglo American Níquel a annoncé en septembre dernier sa fusion avec le géant minier canadien Teck pour créer le groupe « Anglo Teck », « champion mondial des minéraux critiques et l'un des cinq plus grands producteurs mondiaux de cuivre », selon l'entreprise.
Anglo American fait partie de l'Irma (« Initiative pour une exploitation minière responsable »), qui cherche à mener à bien des projets dans le respect de la responsabilité sociale et environnementale. Dans ce contexte, l'entreprise a annoncé en 2021 l'abandon de toutes les procédures minières sur les terres indigènes (TI) au Brésil. Interrogée à ce sujet, Anglo American a déclaré qu'elle n'avait « aucune licence ni aucun projet d'exploitation sur des terres autochtones ou dans des forêts primaires au Brésil ». Anglo American n'a toutefois pas répondu à la question concernant l'impact potentiel de ses activités sur les peuples isolés. 

D'autres gigantesques sociétés minières figurent également sur la liste: Bemisa et Vale. Cette dernière, la plus grande entreprise minière du pays et dont le bénéfice en 2024 a été de 6,16 milliards de dollars, détient 9 permis actifs pour l'exploitation de l'étain, du platine et du nickel dans des zones des Etats de l'Amazonas, du Pará et de Rondônia, zones situées à moins de 40 kilomètres* de 4 terres indigènes (TI) où la présence de populations isolées est confirmée ou fortement présumée. Sur les neuf demandes, sept sont en phase d'étude et deux autres sont en attente.
Dans une note envoyée à Repórter Brasil, le Brésilien Vale a déclaré « ne pas avoir de projets miniers actifs à proximité » des terres indigènes (TI) mentionnées. L'entreprise a réitéré que les informations figurant sur le site web de l'ANM « peuvent être en cours de mise à jour, ce qui peut donner lieu à des analyses inexactes », et que « des projets miniers déjà abandonnés et n'appartenant plus à Vale peuvent encore apparaître sur le site ».
 
Le groupe Bemisa Holding S.A, qui opère dans la recherche et l'exploitation minière dans différentes régions du Brésil, est impliqué dans 26 procédures ayant un impact sur des peuples autochtones isolés. Bemisa a été l'une des lauréates de l'appel d'offres lancé par la banque publique brésilienne BNDES pour soutenir des plans d'affaires dans le domaine des minéraux stratégiques. Interrogée, Bemisa a déclaré, dans un communiqué, qu'elle « ne mène aucune activité minière sur des terres indigènes ou dans des zones susceptibles d'affecter les peuples indigènes, y compris les communautés isolées ».
 

Outre ces grandes entreprises, les coopératives de mineurs et les particuliers figurent parmi les principaux demandeurs. Les chercheurs craignent que les mines situées à proximité des terres indigènes et des zones de conservation ne servent à blanchir l'extraction illégale effectuée dans les zones protégées. « Il est fort probable qu'une éventuelle exploitation de cassitérite (étain) en dehors du territoire Yanomami puisse servir à blanchir la cassitérite extraite illégalement à l'intérieur du territoire », prévient Estêvão Senra Benfica, de l'ISA (Institut socio-environnemental). L'exploitation illégale de l'étain est dénoncée dans la région depuis, au moins, l'année 1976. 
 
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(*) La distance de 40 km a été définie par l'OPI (Observatório dos Povos Indígenas Isolados) sur la base d'études scientifiques et de normes environnementales. L'arrêté interministériel n° 60 de 2015, par exemple, considère que les projets tels que les autoroutes et les barrages hydroélectriques ont un impact sur les terres autochtones lorsqu'ils sont installés à l'intérieur de cette limite. Pour les projets miniers, la norme mentionne une distance de 10 km. Mais l'OPI tient compte des caractéristiques des populations isolées pour déterminer la zone de sécurité de 40 km. « Les peuples isolés sont dans une situation de vulnérabilité plus grande que celle des peuples déjà contactés. En adoptant le principe de précaution, nous avons institué cette distance comme norme pour la surveillance », explique l'anthropologue Luísa Girardi, assesseure de l'OPI. « C'est une pression permanente sur les populations isolées. Au lieu d'avoir un cordon sanitaire, il y a un cordon de menace. Tous les ingrédients sont réunis pour une nouvelle tragédie humanitaire », ajoute Estêvão Senra Benfica, do ISA (Instituto Socioambiental).

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