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Billet de blog 31 octobre 2025

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BRÉSIL■Exécutée, la prof de faculté qui pointait un conseil municipal corrompu

Une prof universitaire a été exécutée chez elle, 3 heures après avoir tenté de témoigner par écrit dans un commissariat sur des détournements de fonds issus d'amendements au conseil municipal de la ville d'Ipojuca (Pernambuco, 100.000 h.). Fonds redistribués en partie à sa faculté, privée, et à des associations fictives situées en d'autres mairies, elles-mêmes liées à une organisation criminelle.

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Illustration 1
© DR

Plusieurs balles d'un revolver de calibre .38 dans le corps, devant la porte de sa demeure, à Ipojuca, dans la grande périphérie de Recife, capitale du Pernambuco, dans l'après-midi du mardi 28 octobre, tel a été le macabre destin de Simone Marques da Silva, 46 ans, professeure universitaire.
 
Le site G1 a confirmé qu'elle a été assassinée quelques heures après s'être rendue au commissariat de Porto de Galinhas pour témoigner dans le cadre d'une enquête sur des détournements de fonds provenant d'amendements dans le conseil municipal de la ville d'Ipojuca (100.000 hab.).

Bien qu'elle se soit présentée au commissariat, Simone Marques da Silva n'a pas été entendue, car une autre procédure était en cours sur place. Elle est rentrée chez elle après avoir reporté sa déposition au mercredi 29 octobre, mais elle a été tuée quelques heures plus tard.

Simone Marques était professeure à la Faculdade Novo Horizonte, dans l'enseignement privé, et cette faculté avait été citée dans l'enquête sur un détournement de fonds publics pouvant atteindre 27 millions de réaux (4,75 millions US$). L'université serait l'une des entreprises utilisées par une organisation  criminelle pour commettre ces détournements.
Une bande criminelle utilisait une organisation philanthropique, une entreprise forestière et une université pour détourner des crédits accordés à la municipalité d'Ipojuca.

Le procès-verbal policier indique que Simone Marques est arrivée au commissariat de Porto de Galinhas vers 12h40, accompagnée d'un avocat, et qu'elle y est restée jusqu'à 13h.  Porto de Galinhas est une plage de la municipalité d'Ipojuca, et un lieu de villégiature connu dans le monde entier. Le maire d'Ipojuca, élu au 1er tour en octobre 2024, est Carlos Santana, du parti Républicanos (extrême droite).
 
Selon l'avocat de Simone, qui a souhaité rester anonyme, après avoir récupéré le procès-verbal, ils sont partis en voiture et sont retournés à son  cabinet et il l'adéposée devant l'établissement et elle est rentrée seule chez elle.
  
À 15 h 55, la police militaire (PM-PE) a été informée de l'assassinat de Simone. Elle vivait là, rue Ana Maria Dourado, dans le centre-ville d'Ipojuca, avec ses parents.
 

Selon les informations du site internet jc.uol.com.br, un véhicule s'est approché de la maison et une ou deux personnes ont appelé la victime par son nom. Elle est sortie de la résidence et a été alors atteinte par plusieurs coups de feu, qui ont entraîné sa mort sur place. Les balles l'ont touchée à la tête, au thorax, aux jambes et à l'aine.
   
Selon le site G1, le stratagème criminel consistait à utiliser des amendements parlementaires fiscaux, un instrument par lequel les conseillers municipaux allouent une partie du budget municipal, généralement environ 2 % des recettes courantes nettes, à des projets et des domaines spécifiques. Dans ce cas, les fonds devaient être investis dans les services de santé de la municipalité d'Ipojuca. Les enquêtes policières indiquent que les fonds publics ont été alloués à des associations fictives situées dans d'autres municipalités, sans structure ni compétence technique pour exécuter les projets contractés.
L'une des entreprises qui a reçu des fonds est justement la Faculdade Novo Horizonte, également connue sous le nom d'Instituto Nacional de Ensino, Sociedade e Pesquisa (Inesp). Selon la plainte, l'institution a reçu des millions de réaux pour des cours de formation, avec des plans de travail jugés incohérents et des budgets gonflés. Les fonds reçus par l'Inesp auraient été transférés par l'"Institut de gestion des politiques du Nordeste" (IGPN), qui était le principal bénéficiaire des amendements du conseil municipal d'Ipojuca, recevant plus de 6 millions de réaux (1,05 million US$) en moins d'un an.
  
Le directeur de l'Inesp, Gilberto Claudino da Silva Júnior, est désigné comme le « coordinateur » des fraudes et a également présidé d'autres institutions faisant l'objet d'enquêtes. Il était sous le coup d'un mandat de détention provisoire, mais n'a pas été retrouvé dans la copropriété de luxe où il vivait, à Praia do Cupe, à Porto de Galinhas : enfui quelques heures avant l'exécution du mandat d'arrêt, il est actuellement en fuite.
 

L'IGPN a été créé dans la ville de Barreiros (40.500 hab.), dans la région de Mata Sul, et son siège avait récemment été transféré dans la ville de Catende (32.500 hab.), dans la même  région. Le maire de Barreiros est Carlinhos da Pedreira, du parti PP (droite dure) tandis que la maire de Catende est du parti PSDB, parti de droite, et avec une coalition de gauche. Cette dernière municipalité se trouve à 142 kilomètres d'Ipojuca...
  
À ce jour, trois personnes, dont deux avocates, ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête :
Maria Netania Vieira Dias, épouse de Gilberto Claudino da Silva Júnior et responsable de l'élaboration des projets des associations ;
les avocates Edjane Silva Monteiro et Eva Lúcia Monteiro, deux sœurs qui travaillaient au sein du réseau Vhida, une autre institution utilisée pour détourner des fonds, selon les enquêtes policières.
 
Outre Gilberto Claudino, trois autres personnes sont en fuite. Toutes sont liées à l'IGPN :
Geraílton Almeida da Silva : il aurait créé l'IGPN et coopté ses propres employés pour qu'ils servent de « prête-noms », puis il aurait licencié ses collaborateurs pour contrôler l'entité par l'intermédiaire de personnes proches ; Júlio César de Almeida Souza, cousin de Geraílton et désigné  comme directeur financier de l'IGPN ; José Gibson Francisco da Silva, président de l'institut.

Dans un communiqué, la mairie d'Ipojuca a réaffirmé que l'opération menée visait exclusivement les modifications fiscales mises en œuvre par l'administration municipale précédente, qui a pris fin en décembre 2024. « Aucune action n'a été dirigée contre l'administration actuelle. Aucun bâtiment public ni aucun organe du pouvoir exécutif municipal n'a été visé par cette opération policière. L'administration actuelle prend des mesures pour renforcer la transparence et garantir la bonne utilisation des ressources, notamment en réglementant, par décret, l'utilisation des amendements fiscaux parlementaires, qui sont au centre de l'enquête en question ».

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