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Billet de blog 2 août 2013

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"LE CHAMP POLITIQUE A ETE MODIFE PAR LE PEN...!!!"

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Pierre BOURDIEU montre comment LE PEN a transformé le champ politique :"personne ne peut contester que tout le champ politique français, y compris le PS, le PC, etc. a été transformé par l'existence de LE PEN. Il n'y a pas de politique qui n'ait pas accepté, reconnu en fait, l'existence de LE PEN, en réagissant aux propositions de LE PEN, par exemple, en substituant-chose très grave, mais qui est passée inaperçue, à l'opposition riche/pauvre, qui était fondamentale dans la politique, l'opposition national/étranger. Or, il n'y a pas de partis qui n'aient opéré ce glissement, de manière plus ou moins visible, évidente, criante" ("Propos sur le champ politique", Presses universitaires de Lyon, 2000). En clair, la "vieille" vision classiste du champ politique Bourgeoisie/Classe ouvrière a été reléguée dans les poubelles de l'histoire par une opposition "secondaire" français/étranger, qui modifie totalement la donne et le discours politique.

Au propos de Pierre BOURDIEU, on pourrait aussi ajouter que le PS (prolophobie oblige !) et l'UMP ( qui a également enlevé tout contenu "populaire" dans son programme) ont aussi participé à la mise au rebus de ce vieux champ politique traditionnel dominé par la Bourgeoisie et la Classe ouvrière. Je n'en veux pour preuve que les écrits de TERRA NOVA, "expliquant" que le PS doit laisser tomber la défense des ouvriers, au profit de nouvelles catégories "modernes" ( femme, jeunes, immigrés, diplômés) dites "post-68 ardes". On voit bien comment l'accord implicite existant entre l'UMPSFN, permet de ne surtout pas parler, dans le champ politique, des dominants et des dominés, des riches et des pauvres, de la bourgeoisie et du prolétariat.

Le propos de Pierre BOURDIEU, qui remonte à 1999, doit être actualisé, au vu de l'arrivée aux manettes du FN de Marine LE PEN. MLP a substitué au vieux discours raciste de son père, un pseudo "populisme", qui ne repose sur aucune analyse raisonnée, argumentée, d'une société de classe, et une critique du capitalisme financier. Et sur un programme cohérent de rupture avec ce même capitalisme financier, comparable au programme économique du Front de gauche. Puisque, on ne le dira jamais assez, le FN mange à tous les râteliers idéologiques, empruntant l'augmentation des salaires au FDG, la formation tout au long de la vie au PS, la défense des petits commerçants contre les grandes surfaces aux indépendants, le primat de la nationalité pour obtenir un emploi à la droite extrême. Donc, un premier travail à faire, la prochaine fois qu'un journaleux mettra sur le même plan le "populisme" du FN et l'authentique populisme du FDG, c'est de dénier catégoriquement au FN le droit de se revendiquer du "populisme", en rappelant les éléments ci dessus !!!

Le second travail consiste à revenir encore plus clairement qu'avant à la vieille opposition riche/pauvre, Bourgeoisie/Classe ouvrière du champ politique traditionnel. En prenant appui sur tout le ( très beau) travail d'identification ("eux" et "nous") mené par le PCF et la CGT, pendant l'entre- deux- guerres et au cours des années 50. Tout un travail de différenciation entre "eux"( la Bourgeoisie) et "nous" (la Classe ouvrière), qui faisait qu'on était fier d'être ouvrier. Les chansons populaires de l' époque ( "A la Varenne", "Avoir un bon copain", "Le chemin de ma blonde", chantées en particulier par BRASSENS) ont capté l'air du temps, nous restituant la profonde dichotomie existant dans les têtes ouvrières face aux dominants :
"Les bourgeois rupins
"Ceux qu'ont les moyens
"S'en vont l'été s'faire bronzer à Deauville,
"Quand on n'a pas l'sou,
"On va n'importe où
"Où ça coute pas des prix fous !
"Car à mon avis
"C'est pas pour bibi
"Les endroits où on fait des chichis..."( A la Varenne)

Dichotomie qui existait aussi au gouvernement. La réussite des Accords MATIGNON de 1936 ( +15% de hausse généralisée des salaires) doit beaucoup au travail de Léon BLUM, qui a expliqué à DUCHEMIN (le Président de la CGPF) qui annonçait déjà la "ruine"(sic) du pays, qu'une augmentation généralisée des salaires permettrait de relancer l'économie, et donc la production et les rentrées fiscales : un raisonnement keynésien impeccable. Avec aussi un homme comme Ambroise CROIZAT, Ministre communiste du Travail en 1945, à qui on doit la création des comités d'entreprise, un véritable service public de l'emploi, dont on ressortait avec une vraie fiche de poste, la sécurité sociale, la retraite par répartition, une augmentation substantielle des bas salaires et un revenu maximal ( cf l'ouvrage de mon ami Michel ETIEVENT, "Ambroise CROIZAT ou l'invention sociale", que je vous recommande chaudement !).

Aujourd'hui, il faut se battre de toutes ses forces contre le chômage de 8 millions de personnes privées d'emploi et la pauvreté de 14 millions de familles vivant avec beaucoup moins que 965 euros par mois ! Il faut se battre contre le manque d'argent du plus grand nombre, 80% des français ayant du mal à joindre les deux bouts ! Histoire aussi de réinventer un champ politique avec des riches et des pauvres, avec des dominants et des dominés !!! Au risque de ne pas me faire que des amis, je trouve que, autant le programme du FDG contient des propositions pour tirer véritablement les pauvres par le haut, sous réserve de le booster que les questions chômage et pauvreté. Autant certaines interventions récentes de JLM ne répercutent pas assez nos propositions. Nathanaël UHL a rédigé, le 8 juillet 2013, un très beau texte ("Le FDG à la croisée des chemins", il se trouve sur son mur : je vais essayer de le remettre sur le mien) dénonçant un discours brouillé actuel du FDG ; et demandant de revenir aux fondamentaux de la campagne de 2012, beaucoup plus axé sur notre programme, texte auquel j'adhère 5 sur 5, en demandant en plus de nouvelles propositions contre le chômage et la pauvreté. Ce faisant, il ouvre un excellent débat : nous n'allons pas finir d'en parler sur FACEBOOK...!!!

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